1 -
Municipales des 29 avril et 13 mai 1945
Le 10 octobre 1944 une Commission
municipale, prŽsidŽ par HonorŽ PRATS, est crŽŽe par arrtŽ prŽfectoral en
remplacement du Conseil Municipal nommŽ d'autoritŽ le 18 mars 1941 (loi du 16
novembre 1940 du gouvernement de l'ƒtat Franais prŽsidŽ par le MarŽchal
PƒTAIN) (1).
L'arrtŽ prŽfectoral du 13 dŽcembre
1944, consŽcutif ˆ la LibŽration, rŽinstalle dans les fonctions de membres du
Conseil municipal les hommes Žlus en 1935.
Les anciens partis politiques se sont
reconstituŽ, aurŽolŽ par l'action rŽsistante (2) et la dŽportation de nombre de
leurs membres, ˆ l'exception du parti Radical (mis ˆ part quelques
individualitŽs). Les nouveaux partis issus de la RŽsistance sont inconnus ˆ
Banyuls.
Le village reste encore isolŽ
(communications difficiles, train ne passant qu'une fois ou deux par jour),
avec ses soucis d'alimentation (on ne cultive que la vigne et il est donc
nŽcessaire d'aller acheter les lŽgumes ˆ Elne), son vignoble malade car mal
entretenu (3) .
On attend toujours l'arrivŽe des hommes
prisonniers en Allemagne ou dŽmobilisŽs.
Dans ce contexte, les premires
Žlections dŽmocratiques depuis 1936 se prŽparent, avec une nouveautŽ qui est
pour la premire fois le vote des femmes (Ordonnance du CNR ˆ Alger du 21 avril
1944 ).
Le scrutin municipal :
Deux
listes sont en prŽsence :
1-
La liste de Vincent AZƒMA, maire sortant, socialiste, comprend 13 socialistes
(SFIO), 5 communistes, Mlle AndrŽe QUINTA (UFF apparentŽe au PCF, qui deviendra
Mme BOGORAZE) et LŽopold RéDE (sans Žtiquette).
2 - La liste du Rassemblement des Forces de
Gauche, antifasciste, conduite par Jean BRUGUƒ, PrŽsident de la coopŽrative
" La Banyulencque".
Les membres de cette liste, sans Žtiquette politique
nettement affirmŽe, sont surtout des opposants au maire sortant (Jean BRUGUƒ
n'Žtait-il pas en 1935 sur la liste AZƒMA?).
Certains reprochent au maire sa nŽgligence (lors de sa prŽsidence de la cave coopŽrative) concernant la gestion de la coopŽrative par son directeur. Cette affaire nŽcessitera des vŽrifications comptables qui n'aboutiront que quelques annŽes plus tard.
Une troisime liste prŽparŽe par de
jeunes dŽmobilisŽs, ayant militŽ parmi les "Jeunesses socialistes"
(SFIO) et d'autres de sensibilitŽ socialiste, ont tentŽ de constituer une liste,
mais ont dž y renoncer sous les pressions de leurs a”nŽs. Cette affaire
laissera nŽanmoins quelques traces. UltŽrieurement, certains de ces jeunes
seront aisŽment "rŽcupŽrŽs" par des responsables communistes, et
seront candidats lors d'autres
Žlections.
RŽsultats (1er tour) :
Inscrits :
1993
Abstentions : 519 (25,84%)
Votants :
1474 (74,16%)
Blancs ou nuls : 31 ( 1, 55 % des Inscrits; 2,10% des
Votants)*
ExprimŽs :
1443 (72,40%)
MajoritŽ absolue : 722
* : Seuls les
pourcentages de blancs et nuls, par rapport aux votants, seront indiquŽs
lors des rŽsultats ultŽrieurs pour chaque Žlection et dans les calculs.
La liste AZƒMA recueille une moyenne de
712 voix, avec des Žcarts allant de 793 ˆ 637. Au total 9 socialistes sont Žlus.
La tte de liste recueille le plus fort suffrage, soit 39,79 % des inscrits et
54,95 % des suffrages exprimŽs, le second Žtant Franois MESTRES avec 777 voix.
La liste BRUGUƒ obtient une moyenne de
680 voix, avec des Žcarts allant de 772 ˆ 553. Le score le plus ŽlevŽ est celui
de Paul RAMIO, suivi par Franois ROCARIES. Au total la liste compte 4 Žlus.
8 siges restent ˆ pourvoir.
La liste AZƒMA prŽsente 5 socialistes
SFIO (dont LŽopold RéDE sans Žtiquette au 1er tour) et 3 communistes. La liste
BRUGUƒ reprŽsente 8 candidats dont les rŽsultats au 1er tour ont ŽtŽ les
meilleurs.
RŽsultats (2 me tour) :
Inscrits :
1996
Abst. : 606 (30,36%)
Votants :
1390 (69,64%)
Blancs ou nuls : 10 ( 0,72%)
ExprimŽs :
1380 (69,14%)
La liste AZƒMA recueille une moyenne de
725 voix, Žcarts : 769 ˆ 681 et obtient 8 Žlus supplŽmentaires.
La liste BRUGUƒ : moyenne 610, Žcarts :
657 ˆ 574. Aucun Žlu.
Remarques :
1- Les abstentions ont augmentŽ assez
fortement (+87) au dŽtriment de la liste BRUGUƒ comme si les jeux Žtaient
considŽrŽs jouŽs au 1er tour.
2- Les Žlecteurs de la liste AZƒMA ont
ŽtŽ bien mobilisŽs au second tour puisque le score moyen progresse de +13. Or
la majoritŽ n'Žtait pas encore assurŽe. A l'exception de Jules CANAL (qui
n'Žtait pas candidat au 1er tour) les trois communistes devanaient les quatre
socialistes.
3- L'opposition ne comprend que quatre
RŽpublicains de Gauche.
Au total c'est autant une victoire
personnelle pour Vincent AZƒMA (4) qu'une victoire politique et moins une victoire
socialiste (voir les remarques lors de la Constituante du 21 octobre 1945). Il
est vrai que l'opposition se dŽclarait tre aussi un rassemblement de la gauche
non communiste.
Le
18 mai a lieu l'Žlection du maire et des adjoints, sous la prŽsidence du doyen
d'‰ge FerrŽol TARRE. Le nombre des conseillers Žtant de 21 le rŽsultat du vote
donne:
Pour la fonction de maire : Vincent AZƒMA = 16 voix
(S.E = 21, blancs ou nuls = 5, la majoritŽ absolue est de 9 voix.); 1er
adjoint : Franois MESTRES = 16 voix; 2 me adjoint : Jean LACLARE = 14 voix
(S.E = 21; blancs ou nuls = 7).
Le
premier conseil municipal dŽmocratiquement Žlu de l'aprs-guerre avait Žmis le
vÏu suivant:
" Le Conseil municipal de Banyuls-sur-mer,
rŽuni le 17 mai 1945, lors de son installation, adresse au gŽnŽral DE GAULLE,
chef du gouvernement provisoire de la RŽpublique Franaise, les remerciements
et l'expression de toute sa gratitude de ses administrŽs".
"L'assure qu'il peut compter sur le concours de
nos populations laborieuses pour mener ˆ bien les t‰ches immenses qui attendent
son gouvernement, et lui fait entire confiance pour faire aboutir au plus t™t
le programme du CNR".
Le 25 mai 1945 est crŽŽ un poste supplŽmentaire
d'adjoint;
ƒlection du 3 me adjoint: Paul RAMIO
=18 voix (S.E = 19, blanc ou nul = 1)
Aucune force politique de droite
n'Žmerge ˆ Banyuls au lendemain de l'Occupation. On observe tout au plus un
certain clivage entre un centre gauche associant des socialistes plus
sociaux-dŽmocrates que "marxistes" ˆ des "conservateurs".
On observera que si Banyuls est une
commune rurale et maritime (avec encore de nombreux pcheurs correspondant aux
"petits mŽtiers"), il existe environ 150 ouvriers employŽs ˆ l'usine
Nobel d'explosifs de Paulilles, une centaine de salariŽs au Sanatorium (qui
deviendra le Centre HŽliomarin), et ultŽrieurement la gare de transit des
marchandises de Cerbre qui sera une source importante d'emplois.
Notes annexes
:
Il est ˆ noter que si les listes ont
une dŽnomination politique claire, cela n'implique pas que tous leurs membres
soient adhŽrents ˆ un parti. Si certains sont des militants bien connus,
d'autres ne sont tout au plus que des sympathisants. La liste des candidats ˆ
une Žlection, enregistrŽe ˆ la PrŽfecture porte, pour chacun d'eux, une mention
politique qui peut ne pas tre exacte dans certains cas. C'est la raison pour
laquelle il n'en sera pas fait Žtat aprs les noms, sauf lorsque l'appartenance
ˆ un parti est sans ambigu•tŽ.
(1) Le fait d'avoir ŽtŽ nommŽ par la loi du 16 novembre 1940
par l'ƒtat Franais ne signifie pas de la part de ceux-ci une adhŽsion
inconditionnelle au rŽgime de Vichy
du marŽchal PŽtain. Certains membres de ce conseil municipal Žtaient
prisonniers, d'autres ont dŽmissionnŽ en 1942. Mlle M. DURAND, quant ˆ elle, a
refusŽ de siŽger. Le Docteur PANIS avait ŽtŽ recrutŽ par les services de
renseignements britanniques (trs implantŽs dans le sud de la France ds le
dŽbut de la guerre); dŽcŽdŽ le 12
octobre 1943 ses actions secrtes nŽcessiteraient des recherches en
Grande-Bretagne qui n'ont pu tre effectuŽes (tŽmoignage personnel de Jean
MESTRES ˆ l'auteur). De tels cas
ont existŽ comme celui de mon parrain Raoul MICHEL appartenant ˆ la police de
Vichy (condisciple de R. BATALLER) dont le r™le consistait ˆ faire passer vers
le Portugal les aviateurs anglo-amŽricains abattus au-dessus de la France.
ArrtŽ par la Gestapo, torturŽ ˆ Toulouse, ŽvadŽ d'un convoi de dŽportŽ vers
l'Allemagne, ses actions n'ont naturellement pu tre connues qu'aprs la
guerre. Ce ne fut pas le cas de certains hŽros qui demeureront anonymes.
Les ordonnances des 21
avril et 9 aožt 1944 relatives au rŽtablissement de la lŽgalitŽ rŽpublicaine
rŽinstallent dans leurs fonctions de membres du Conseil Municipal vingt-trois
membres issus des Žlections de 1935.
(2) Plusieurs noms de passeurs sont
citŽs pour Banyuls dans l'ouvrage d'Emilienne EYCHENNE: Les Portes de la
LibertŽ. Edit. Privat (1985). Concerne l'aide aux clandestins qui cherchaient ˆ
franchir la frontire : AUGUSTIN, pre et fils; BAILLE; G. BARRE; M. BILLOUET;
CABOT; E. CHATTON; Mme DETITER; Mme UBREUIL; A et M FELIPO; L. MASSE; PAGES; J.
SOLA; E. VILLALONGUE.
De
nombreux Banyulencs sont restŽs anonymes mais non moins efficaces pour autant.
Une Žtude plus complte est ˆ faire dans ce domaine, notamment quant au r™le
jouŽ par l'h™tel CANAL. L'ouvrage rŽcent et remarquable de Jean LACLARE: Les
sentiers de l'espoir. Edit. Les Presses LittŽraires (1994), fournit une liste
trs prŽcise des Banyulencs ŽvadŽs de France, et dont beaucoup passrent par
les camps de l'Espagne franquiste, avant d'atteindre l'Afrique du Nord.
On
note que le service secret de la douane allemande a jouŽ un r™le trs important
dans le renseignement (en utilisant des Espagnols franquistes jouant les
passeurs) et serait responsable de 60 % des arrestations dans le dŽpartement.
(3): Sur les conditions de vie durant
cette pŽriode on pourra consulter les ouvrages de Raymond RUFFIN (op. cit.) et Henri AMOUROUX: Les rglements
de comptes. Edit. Robert Laffont. (1991)
(4)
Lisa FITTKO raconte l'aide qu'elle a reu de la part de V. AZƒMA dans son
ouvrage: Le chemin des PyrŽnŽes, souvenirs 1940-41. Edit.Maren Sell et Cie
(1987). Une stle sera inaugurŽe le 13 janvier 2001 au Puig-del-Mas en souvenir
de son r™le comme passeur des ŽmigrŽs antifascistes.
Notes
complŽmentaires :
1 - Le
gouvernement provisoire de la RŽpublique franaise, prŽsidŽ par le
gŽnŽral de GAULLE, adopte une
ordonnance "relative au rŽtablissement de la lŽgalitŽ rŽpublicaine sur le territoire
continental". Pour bien montrer que les actes du rŽgime de Vichy ne
peuvent se rattacher ˆ la lŽgalitŽ rŽpublicaine, l'ordonnance stipule ˆ son
article 2: "Sont nuls et de nul effet, tous les actes constitutionnels,
lŽgislatifs ou rŽglementaires, ainsi que les arrtŽs pris pour leur exŽcution,
sous quelque dŽnomination que ce soit, promulguŽs sur le territoire
continental, postŽrieurement au 16 juin 1940 et jusqu'ˆ l'Žtablissement du
gouvernement provisoire de la RŽpublique franaise". Ainsi le rŽgime de
Vichy Žtait dŽclarŽ illŽgitime, et par consŽquence la signature de l'armistice.
Sont
alors rŽtablis les conseils municipaux Žlus en 1935 et dissous par la loi du 16
novembre 1940.
Le PrŽfet des PyrŽnŽes-Orientales J. Latscha:
Vu l'ordonnance du 21 avril 1944 portant
organisation des pouvoirs publics en France aprs la libŽration;
Vu l'ordonnance du 9 a™ut 1944 relative au
rŽtablissement de la LŽgalitŽ RŽpublicaine
Vu l'arrtŽ du 10 octobre 1944 instituant une
commission municipale dans la commune de Banyuls-sur-Mer.
Vu l'avis du ComitŽ DŽpartemental de LibŽration;
Arretons:
Article Ier: sont rŽinstallŽs dans leurs fonctions
de membres du Conseil Municipal de Banyuls-sur- Mer, issu des Žlections
gŽnŽrales de 1935 M.M.:
AZEMA, Vincent en qualitŽ de Maire.
MESTRES, Franois en qualitŽ de 1er
adjoint.
LACLARE, Jean en qualitŽ de 2me adjoint.
VILAREM, Pierre en qualitŽ de 3me
adjoint.
CIBIAL, LŽon en qualitŽ de Conseiller Municipal.
MOUNIE, FŽlix id.
VIAL, Jean id.
BRUGUE, Jean id.
MATHEU, Franois id.
HOLLET, Michel id.
COMEMALE, Michel id.
FIGUERES, Justin id.
AROLES, Pierre
id.
TARRE, FerrŽol
id.
REIG, Philippe
id.
MATHEU, Joseph id.
ESCOUBEYROU, Edmond id.
GIROU, Rapha‘l
id.
Article 2: sont nommŽs conseillers pour complŽter le
Conseil Municipal de la dite commune MM.:
PRATS, HonorŽ
SALVY, Rapha‘l
REDE, LŽopold
HAUT, Adolphe
ROUSSEIL, Maximin
Perpignan, le 13 dŽcembre
1944
2 - Les
municipales prŽcŽdentes dataient de mai 1935. Deux listes Žtaient en prŽsence
comportant 23 noms chacune.
La
liste de Vincent AZƒMA obtenait une moyenne de 446 voix (S = 88,777) et celle
de Eugne NARCIS avec une moyenne de 328 voix (S = 14,483) dont le score lŽgrement
infŽrieur au prŽcŽdent Žtait par contre plus homogne. Rapport entre les deux
listes: 1,364.
En
1945, on observe naturellement un accroissement des voix pour les deux listes
en prŽsence du fait du premier vote des femmes. Le rapport entre les deux listes
est de 1,04, les Žcarts-type Žtant Žquivalents. La liste AZƒMA, qui se
reprŽsente ˆ cette Žlection, comprend seulement cinq anciens (Pierre VILAREM,
Justin FIGUERES, Michel HOLLET, Jean LACLARE, FŽrrŽol TARRE)
La
tte de liste a changŽ avec Pierre AROLES. Elle comprend trois candidats qui
Žtaient en 1935 sur la liste AZƒMA (Augustin FREIXE, Pierre GIROU (inscrit sous
le prŽnom de Rapha‘l sur la liste de 1935), FŽlix MOUNIƒ). On observe donc un
renouvellement des candidats, dont la prŽsence de trois femmes : Mademoiselle
AndrŽe QUINTA, Madame Albertine MESTRES (sur la liste AZƒMA) et Madame
Henriette MASSOT-PAGéS (sur la liste AROLES) dont aucunes ne seront Žlues.
Compte-tenu
du r™le de V. AZƒMA (1) pour son aide aux rŽfugiŽs lors de la guerre d'Espagne
(la retirade), puis ˆ ceux qui cherchaient ˆ fuir la France lors de
l'Occupation (2) (du moins avant sa rŽvocation de Maire et la nomination
d'autoritŽ par le PrŽfet De BELOT le 18 mars 1941 d'un nouveau Conseil
municipal), on est surpris par son score rŽalisŽ ˆ ce scrutin de 1945 (793 voix
pour 517 voix en 1935), bien qu'il fasse le meilleur rŽsultat dans les deux
cas. Il n'obtient en effet que 39,79 % des inscrits. Ce fait, comme celui de la
part de certains d'un changement de liste, semblent indiquer que les problmes
internes ˆ Banyuls, notamment liŽs aux milieu viticole, ont jouŽ un r™le non
nŽgligeable lors de ces Žlections. Elles montrent aussi un Žlectorat de
tendance plus modŽrŽe qu'il n'appara”t au premier abord.
3 - Les
noms de passeurs citŽs par Emilienne EYCHENNE, dans l'ouvrage de rŽfŽrence: Les
portes de la LibertŽ (Edit. Privat,1985), ne sont pas tous corroborŽs par des
tŽmoins de cette Žpoque qui ont bien voulu m'informer en 2004. De plus certains
noms sont omis comme Joseph MAILLOL (3) et Franois MAILLOL (dit japounette) du
mas Atxer. Jusqu'ˆ preuve du contraire il convient de supprimer les noms suivants: Augustin , pre et
fils (sans prŽcision de nom) , BAILLE (sans prŽcision de prŽnom), G. BARRE,
CABOT (sans prŽcision de prŽnom), A. et M. FELIPO (4); avec doutes mais
possibles pour certains non banyulencqs rŽfugiŽs dans la commune: Mmes DETITER
et UBREUIL, L. MASSƒ. Les autres noms citŽs peuvent tre maintenus.
Le
Docteur PANIS, mŽdecin des cheminots de Cerbre Žtait en contact avec le rŽseau
de Franois MARTI, chargŽ des passages clandestins vers Barcelonne.
Dans
le domaine du renseignement citons le cas d'Albert SAGOLS qui transmettait ˆ
son cousin HonorŽ PRATS (rŽseau Cotre en relation avec les anglais) les emplacements
des batteries allemandes. Et ne dut une fois son salut qu'ˆ la bienveillance
d'un simple soldat allemand.
Le
Service du Travail Obligatoire (STO)
imposera un choix drastique ˆ de nombreux jeunes banyulencqs qui fuiront
en Espagne pour tenter de rejoindre l'Afrique du Nord (5). La liste de ceux-ci
est mentionnŽe dans le hall de la mairie.
Notes annexes:
(1) dŽclarŽ "indŽsirable"
(mesure administrative analogue ˆ la notion d'interdit de sŽjour dans sa commune)
il devra s'exiler en Savoie, avec Franois MESTRES. Seront Žgalement frappŽ par
la mme mesure Justin FIGUéRES et Mme Denise MAILLOL. Curieusement je n'ai pas
trouvŽ trace de ces mesures administratives dans les nombreux ouvrages
consultŽs.
(2) Cf. Lisa TITKO (op. cit.)
(3) Une centaine de rŽfugiŽ sera
passŽe en Espagne par ses soins depuis 1940, d'abord par le Col de Banyuls,
puis ˆ partir de l'occupation allemande en 1942 et la surveillance permanente
du col par le Pic Estelle. DŽnoncŽ ˆ la Gestapo le 1er juin 1943 par
une voisine (6), maltraitŽ mais rel‰chŽ faute d'une preuve convaincante, il
fuira en Espagne le 10 juin. Notons qu'il fut aidŽ dans son entreprise par
Joseph TUBERT, berger au Mas des Abeilles, qui avait en charge la surveillance
des mouvements de relve des sentinelles allemandes au col.
(4) Qui seront dŽportŽs par les
allemands, mais non pour faits de rŽsistance (du moins comme on l'entend
gŽnŽralement).
(5) Cette mesure dŽjˆ prŽconisŽe par "la Relve" en juin 1942, puis ordonnŽe par les allemands du fait de leur manque de main-d'Ïuvre pour leur effort de guerre, fut imposŽe par le gouvernement LAVAL (dŽcret du 16 fŽvrier 1943). Elle sera la cause d'un renforcement considŽrable des maquis ds fin 1942 en mŽtropole et de la fuite de jeunes vers l'Afrique du nord, via l'Espagne (avec le plus souvent internement).
(6) Marie-Ange Py (comm. pers.) s'est retrouvŽe aprs la guerre en possession d'un certain nombre de lettres de dŽnonciation, comme ce fut souvent le cas ailleurs.
2 - Cantonales des 23 et 30
septembre 1945
Le Conseil gŽnŽral en fonction au 1er
septembre 1939 comprenait Joseph PARAYRE (sŽnateur SFIO, conseiller du canton
d'Argels-sur-mer de 1928 ˆ 1940).
Du fait de sa disparition c'est Marceau
BANYULS, maire SFIO de Collioure, qui reprŽsentera le Parti socialiste, face au
radical et jeune Gaston PAMS (petit-neveu de Jules PAMS qui fut candidat contre
Raymond POINCARƒ ˆ la PrŽsidence de la RŽpublique en 1913). Un candidat
communiste, LŽon BOURRAT, sera Žgalement prŽsentŽ.
RŽsultats (1er tour) :
Banyuls
Port-Vendres Collioure Cerbre
Inscrits: 2013
1675
1671
1332
Abst.: 915
(45,5%) 679 (40,5%)
464 (27, 8%) 585
(43,9%)
Votants:
1098 (54,5%) 996 (59, 5%)
1207 (72,2%) 747 (56,1%)
Blancs:
6 ( 0,55%)
22 ( 2,2%)
17 ( 1,4 %) 11 ( 1,47%)
S. Expr.:
1092
(54,24%)
974 (58,1%)
1190 (71,2%) 736 (52,26%)
BANYULS: 508
(46,5%) 453 (46,5%) 810
(68,07%)
409 (55,57%)
PAMS:
172 (15,75%) 232 (23,82%) 130
(10,9%) 65 ( 8,83%)
BOURRAT: 418 (38,28%) 287
(29,47%)
244 (20,50%) 202 (27,45%)
Canton
:
Inscrits :
12118
Abst. : 4494 (37,09%)
Votants : 7624 (62,91%)
Blancs : 120 ( 1,57%)
S.Expr. : 7504 (61,92%)
Banyuls : 3521 (46,92%)
Bourrat : 2278 (30,35%)
Pams : 1705 (22,72%)
RŽsultats
(2 me tour) :
Banyuls Port-Vendres Collioure Cerbre
Inscrits: 2013 1675 1671 1332
Abst.: 1128
(56%)
824 (49) 496 (29,7)
704 (52,9)
Votants: 885 (44%)
851 (51) 1175 (70,3)
628 (47,1)
Blancs: 53 ( 5,99%)
62 ( 7,24) 42 ( 7,29)
7 ( 1,1)
S.Expr.: 832 (41,33%)
789 (47,1) 1133 (67,8)
621 (46,6)
Banyuls: 832
789 1133
621
Canton
:
Inscrits :
12157
Abst. : 5893 (48,47%)
Votants : 6264 (51,53%)
Blancs : 364 ( 5,81%)
S.Expr. : 5900 (48,53%)
Banyuls : 5851 (99,12%)
Seul candidat au second tour, Marceau
BANYULS est Žlu . . . triomphalement.
Ce Conseil gŽnŽral d'aprs-guerre
comprend : 8 PCF ( A. GENDRE, Vina; F. VIDAL, Olette;
A. MIQUEL, Millas; M. MONTEIL, Prades; A. TOURNE, Perpignan-Est; M. BARRERE,
Latour-de-France; P. BERNOLE, Prats-de-Mollo; G. CARDONNE, CŽret ); 9 SFIO ( L. NOGUéRES, Thuir; B. LLEDOS, Saillagouse; J.
JACQUET, Rivesaltes; B. PAMS, Arles-sur-Tech; L.-J. GRƒGORY,
Saint-Paul-de-Fenouillet; J. PAYRA, Saint-Laurent-de-la-Salanque; C. BOURRAT,
Mont-Louis; M. BANYULS, Argels; L. PIECHON, Sournia ); 1 RAD-SOC (F. DELCOS, Perpignan-Ouest).
En 1937 la composition Žtait de 10 SFIO,
3 Rad-soc., 2 Rad-soc.(tendance Camille PELLETAN), 1 Union rŽpublicaine, 1
indŽpendant de gauche, 1 USR.
3 - RŽfŽrendum du 21 octobre 1945
Le ComitŽ de LibŽration avait dŽclarŽ
(ordonnance du 22 avril 1944) que "le peuple franais dŽcidera
souverainement de ses futures institutions". Ë cet effet, une AssemblŽe
constituante sera convoquŽe ds que les circonstances permettront de procŽder ˆ
des Žlections rŽgulires.
Le gŽnŽral de GAULLE, prŽsident du
gouvernement provisoire, confie ˆ cette assemblŽe le soin d'Žlaborer
Žventuellement une nouvelle constitution.
Deux questions sont au prŽalable
soumises aux Žlecteurs par rŽfŽrendum :
1- "Voulez-vous que l'AssemblŽe Žlue ce jour soit constituante ?
2- Si OUI :
"Approuvez-vous que les pouvoirs publics soient, jusqu'ˆ la mise en place
en vigueur de la nouvelle constitution, organisŽs conformŽment aux dispositions
du projet de loi dont le texte figure au verso de ce bulletin".
Une rŽponse positive ˆ la premire
question rejette tout retour ˆ la Constitution de la IIIe RŽpublique (1875-1940), et l'AssemblŽe doit en
rŽdiger une nouvelle. Elle devient alors Constituante.
En cas de rŽponse nŽgative, elle devient
Chambre des dŽputŽs selon la Constitution de 1875.
Une rŽponse positive ˆ la deuxime
question limite l'Žtendue des pouvoirs de l'AssemblŽe constituante, alors que
le NON la rend souveraine.
Le gŽnŽral de GAULLE, le Parti
Socialiste SFIO, l'UDSR, le MRP, les ModŽrŽs, le syndicat CFTC recommandent le
OUI aux deux questions.
Le PCF et la CGT proposent de rŽpondre
OUI ˆ la 1re question, et NON ˆ
la 2me.
Les Radicaux (partisans de la IIIe RŽpublique) demandent de rŽpondre NON aux deux
questions.
RŽsultats :
Banyuls DŽpartement MŽtropole
Inscrits :
2023
138.688
24.626.383
Abstentions : 393 (19,43%) (22,53%)
(20,18%)
Votants :
1630 (80,57%) (77,47%)
(79,82%)
1re
Question :
Nuls : 41 ( 2,52%)
( 3,40%) ( 5,23%)
S.Expr. : 1589 (78,55 %)
(74,83%) (75,60%)
OUI : 1536 (96,66 % S.E)
(94,76% S.E) (96,40%
S.E)
NON : 53 ( 3,33 % --)
( 5,24% -- ) ( 3,60% -- )
2me
Question :
Nuls : 41 ( 2,52 %) ( 3,17%) ( 5,30%)
S.Expr. :
1589 (78,55%) (75,01%) (75,49%)
OUI : 840 (52,86% S.E) (56,4%
S.E) (66,30%
S.E)
NON : 749 (47,14% --) (43,6%
-- ) (33,70%
--)
Remarques :
Le pourcentage des abstentions est plus
faible que pour les Žlections municipales de cette mme annŽe, manifestant
l'intŽrt pour les questions posŽes qui engagent la restauration de la
dŽmocratie. Il est trs comparable ˆ celui du pays. Si on le compare ˆ celui
d'Žlections ultŽrieures du mme type (rŽfŽrendum ou prŽsidentielles), on
constate qu'il est faible, mais supŽrieur ˆ celui de 1958 qui traite aussi du
thme constitutionnel (+5,57 %).
Les votes blancs et nuls sont trs faibles,
infŽrieurs en pourcentage ˆ ceux de la mŽtropole. L'impossibilitŽ de distinguer
entre les bulletins nuls et blancs, expression d'une volontŽ ou erreur, pose le
problme de leur interprŽtation. Cependant, pour avoir participŽ ˆ de nombreux
dŽpouillements, et en me fondant sur les Žlections municipales de 1971 (1er
tour), les erreurs dans les bulletins apparaissent trs faibles (sans doute
gure plus de 0,50 % des votants).
Cette question des bulletins blancs,
gŽnŽralement passŽe sous silence par les commentateurs (et non pris en compte
dans les rŽsultats officiels), sera ŽvoquŽe surtout lors des rŽfŽrendums de
1972 et 1988.
Le pourcentage des OUI ˆ la premire
question est Žcrasant (96,66%) et identique ˆ celui du pays (96,40%),
montrant que les Banyulencs ont un comportement politique tout ˆ fait
"national".
Le Parti Radical n'est pas suivi
puisqu'il ne reprŽsente que 53 voix. Mais la distinction entre socialistes et
radicaux ˆ Banyuls (comme dans le dŽpartement) nŽcessiterait une Žtude plus
approfondie de la structure socio-Žconomique.
La consŽquence la plus claire est le
rejet de la Constitution de la IIIe
RŽpublique. La dynamique des partis alliŽs dans la RŽsistance (PCF, PS, et MRP)
et l'espoir dans une constitution nouvelle ont jouŽ.
La rŽponse ˆ la seconde question
est plus intŽressante.
Le pourcentage des OUI (52,86%) contre 47,14% de NON
est moins en accord avec les rŽsultats nationaux (mais plus conforme ˆ ceux du
dŽpartement), soit une diffŽrence de 13,44% de plus pour le Non ˆ Banyuls. Ceci
peut tre interprŽtŽ comme une mesure de l'influence du PCF et de la CGT. La
moyenne des voix des candidats du PCF aux Žlections municipales prŽcŽdentes
Žtait de 684 (Žcarts: 654 ˆ 721)
au 1er tour et de 752 au second.
4 - Constituante du 21 octobre
1945
En mme temps que le rŽfŽrendum, les
Franais Žlisent les reprŽsentants ˆ l'AssemblŽe constituante.
C'est la premire Žlection lŽgislative
nationale depuis celle de 1936 qui avait donnŽ une majoritŽ de Front populaire
(1).
Deux nouveautŽs toutefois : le vote des
femmes (ordonnance du CNR ˆ Alger du 21 avril 1944) et le scrutin proportionnel
de liste, dŽpartemental, et ˆ un seul tour (avec liste bloquŽe et rŽpartition
des siges restants ˆ la plus forte moyenne).
Il est Žvident que ce mode de scrutin
favorise les partis politiques dŽjˆ bien implantŽs.
Dans le dŽpartement, trois listes sont
en prŽsence :
1 - Le Parti Radical et
radical-socialiste avec Franois DELCOS, Joseph GASPARD, et le jeune Gaston
PAMS
2 - Le Parti Socialiste SFIO avec Louis NOGUéRES,
Charles BOURRAT et LŽon-Jean
GRƒGORY.
3 - Le Parti Communiste avec LŽo FIGUéRES, AndrŽ
TOURNƒ et Gaston CARDONNE.
RŽsultats :
Banyuls DŽpartement
MŽtropole
Inscrits : 2023 138.528 24.622.862
Abst. : 386 (19,08%) (21,69%) (20,10%)
Votants : 1637 (80,92%) (78,31%) (79,90%)
Blancs : 36
( 2,20%) ( 1,71%) ( 2,57%)
S.Expr. : 1601 (79,14%) (76,97%) (77,85%)
PCF : 689 (43,04%
S.E) (39,96% S.E) (26,1%
S.E)
SFIO : 687 (42,91% --) (38,24% --) (23,8%
--)
Radic : 225 (14,05%
--) (21,78% --) (10,5%
--)
Remarques :
Ces Žlections confirment et expliquent
les rŽsultats du rŽfŽrendum caractŽrisŽ par l'effondrement du parti Radical ˆ Banyuls
(mme s'il rŽsiste mieux dans le dŽpartement) o son score se rapproche du vote
"national".
Le PCF sort vainqueur de justesse devant
le PS (SFIO). Les scores des deux partis sont trs proches de ceux qu'avaient
obtenus les candidats qui s'en rŽclamaient lors des Žlections municipales (752
voix pour le PC et 709 voix pour le PS au 2 me tour).
La mesure rŽelle du PS est comprise
vraisemblablement entre 680 et 700 voix si l'on se base sur les scores de
Maximin ROUSSEIL, FŽrrŽol TARRE et Jean LACLARE.
Les rŽsultats obtenus par le PCF ˆ
Banyuls sont supŽrieurs ˆ ceux du canton (+ 5,08 % S.E.), du dŽpartement (+3,08
% SE) et du pays (+17,03 % SE), dus ˆ la forte activitŽ de la cellule locale.
On note la quasi-absence du MRP
(dŽmocrates chrŽtiens populaires) et des gaullistes, qui n'ont pas encore
constituŽ une formation politique autonome.
Dans le dŽpartement LŽo FIGUéRES arrive
largement en tte, et le PCF obtient ainsi son premier dŽputŽ comme cela Žtait
prŽvisible avec l'instauration du mode de scrutin ˆ la proportionnelle
(ralliant sans doute aussi quelques voix socialistes, voire radicales, gr‰ce ˆ
une campagne dynamique). Les deux autres dŽputŽs sont Louis NOGUéRES (2) qui
retrouve son sige (Žlu dans la circonscription de CŽret lors d'une partielle en
1938) et Franois DELCOS (Žlu de Perpignan en 1936), mais ce dernier plus
difficilement du fait d'une certaine passivitŽ et de la tactique ambigu‘ de son
parti lors du rŽfŽrendum. Il est probable Žgalement que les subtilitŽs peu
radicales des radicaux lui ont attirŽ moins de voix . . . fŽminines.
Au
plan national la rŽpartition des dŽputŽs pour les 586 siges (dont 64 pour les
territoires d'Outre-mer) donne: 159 PCF et apparentŽs, 146 PS (SFIO), 29
Radicaux, 31 UDSR (petit parti issu de la RŽsistance auquel appartiennent F.
MITTERRAND, J. CHABAN-DELMAS, R. PLEVEN), 150 MRP, 64 ModŽrŽs, 7 non inscrits.