Comparaison avec les Žlections lŽgislatives de
1932 ˆ 1938 :
La premire diffŽrence porte
naturellement sur le nombre des inscrits puisque les femmes ne votaient pas
avant 1945. Ainsi ce nombre s'accro”t-il de 960 (en 1938) ˆ 2O23 (en 1945) soit
de +1063.
Les abstentions en 1932 , 1936 , et 1945
correspondent ˆ une valeur moyenne, alors que celles de 1938 sont plus ŽlevŽes
en raison de son caractre particulier d'Žlection partielle. Joseph PARAYRE,
Žlu dŽputŽ en 1932 et 1936, est devenu sŽnateur. Le candidat qui lui succdera
sera Louis NOGUéRES, maire de Thuir, conseiller gŽnŽral, avocat ˆ la Cour de
Paris (Socialiste indŽpendant en 1932, puis SFIO en 1938).
Remarquons que l'introduction du vote
des femmes en 1945 n'a pas modifiŽ le taux d'abstention; les femmes ont
accompli leur devoir civique comme les hommes.
Les votes blancs ou nuls sont trs
faibles, en lŽgre augmentation en 1945, sans doute du fait de l'absence de
candidats MRP et conservateurs.
Les candidats tte de liste qui
reprŽsentent les partis sont dŽjˆ
bien connus.
RŽsultats comparŽs pour Banyuls aux lŽgislatives
entre 1932 et 1945:
1932 1936
1938
1945
Inscrits : 968
990 960
2023
tour : 1 2 1 2 1 2
1
% Votants : 78,1 79,2 76,3 76,1
74,3
66,7 80,9
% Abstention : 21,9 20,8
23,7 23,9
25,7
33,3 19,1
% Nuls / Inscr. :
0,93 0,41 0,9 0,3 0,83 5,42
1,78
%
Nuls / Vot. : 1,19 0,52 1,19
0,4 1,12 8,1
2,2
% S.Expr. : 77,2 78,8 75,4 76,0
73,4
61,3 79,1
%
PCF : 3,2 1,4 12,1
15,6 43,0
% SFIO : 44,6 51,1 52,3 63,3
53,8
85,9 42,9
% Soc.ind. : 4, 8
%
Rad-soc. : 22,1 47,4 23,9 36,7
21,6 14,1
% Radic. 23,6 0,5
% Republ.G :
11,3
% PSF :
9,0 14,1
Remarques :
On observe une perte de 9,4 % et 10,9 %
de l'Žlectorat socialiste par rapport ˆ 1936 et 1938 .
Le parti Radical subit une Žrosion
continue depuis 1932 ˆ Banyuls comme au plan national.
Le
PCF conna”t, a contrario, une
progression spectaculaire. La nature de son Žlectorat est difficile ˆ dŽfinir.
Est-ce le seul vote des femmes qui a renforcŽ le pourcentage du PCF ? (la femme
d'un mari qui votait communiste en 1936, plus un glissement d'anciens votants
socialistes).
Les rŽsultats Žlectoraux de
l'avant-guerre des communistes ˆ Banyuls comme pour le dŽpartement sont
mŽdiocres, mais facilement explicables. En premier lieu la crŽation d'un Parti
communiste est relativement rŽcente (Congrs de Tours en dŽcembre 1920 suite ˆ
la scission des deux grandes tendances au sein du socialisme franais), en
second lieu sa rŽfŽrence essentielle ˆ la classe ouvrire, enfin sa tactique de refus de
dŽsistement pour le candidat de "gauche" le mieux placŽ (notion de
classe contre classe). Dans le dŽpartement, cette discipline pure et dure ne
sera pas intŽgralement respectŽe.
Le nombre des voix communistes ˆ Banyuls
en 1945 est une surprise si on le compare avec ceux qui ont ŽtŽ obtenus en 1936
et 1938. Entre ces deux dernires Žlections il avait peu progressŽ (+20 voix),
et mme en doublant le score de 1938 (vote supposŽ des femmes) on n'aurait
gure dž dŽpasser 220 ˆ 250 voix. Or l'accroissement est de plus 439 ˆ 469
(environ +450). L'action hŽro•que des FTP durant l'Occupation comme le fait
d'avoir ŽtŽ l'une des cibles privilŽgiŽe des nazis, les sacrifices
considŽrables de l'ArmŽe Rouge et du peuple russe, ont effacŽ pour un temps des
esprits le Pacte germano-soviŽtique et les raisons du dŽcret DALADIER de dissolution
du Parti communiste (27 septembre 1939).
Une seconde constatation, a
posteriori , est que le score de la
liste AZƒMA (Union SFIO+PCF) aux Municipales ne recueille pas le total rŽalisŽ
par les deux partis aux lŽgislatives (1376). Celle-ci avait une moyenne de 712
voix (soit 49,33 %, alors que thŽoriquement l'on aurait du avoir prs de 85 %).
Une telle diffŽrence de score entre
lŽgislative et municipale (et cela dans la mme annŽe) est plus que troublant
et semble indiquer que 10 % seulement des socialistes ont votŽ pour la liste
AZƒMA contre 33 % pour la liste BRUGUƒ.
S'agit-il d'un rŽflexe anti-communiste,
la lutte Žtant dŽsormais rude dans le dŽpartement entre les deux partis (comme
sur le plan national). En tout cas la leon en sera tirŽe pour les futures
municipales. Toutefois les dissensions au sein de la principale cave
coopŽrative compliquent une interprŽtation par trop arithmŽtique, traduisant
davantage l'existence de clans.
Notes annexes :
(1) Cf. Georges LEFRANC: Histoire du
Front populaire (1934-1938). Edit. Payot (1965). Daniel GUERIN: Front populaire
rŽvolution manquŽe. Edit. Julliard (1963). Louis BODIN et jean TOUCHARD: Front
populaire 1936. Edit. Armand Colin (1961).
(2) Elu par l'AssemblŽe nationale
prŽsident de la Haute Cour de Justice, il sera l'auteur de l'ouvrage: "Le
vŽritable Procs du MarŽchal PŽtain. Edit. A. Fayard (1955).
Notes complŽmentaires :
Les donnŽes ci-aprs sont, en trs grande partie, extraites de l'ouvrage de Raoul HUSSON: ƒlections et rŽfŽrendums des 21 octobre 1945, 5 mai et 2 juin 1946; rŽsultats par dŽpartement et par canton (France MŽtropolitaine et France d'Outre Mer). Edit. "Le Monde" (1946).
Remarque
sur le nombre des inscrits :
Les
nombres indiquŽs dans les tableaux de chiffres montrent de lŽgres diffŽrences
selon les documents consultŽs (journaux, livres), tant au niveau dŽpartemental
que national Ce fait est d'ailleurs valable pour toutes les Žlections
suivantes, les rŽsultats dŽfinitifs Žtant fournis plus tardivement par le
ministre de l'IntŽrieur et publiŽs au Journal Officiel. Ces lŽgers Žcarts
n'ont gure d'influence sur le traitement des donnŽes et les interprŽtations.
Il n'a pas ŽtŽ toujours possible de sŽparer le vote mŽtropolitain de celui des
DOM-TOM.
Remarque
sur les abstentions :
Les abstentions sont trs importantes en matire de statistique Žlectorale pusqu'un grand nombre de celles-ci diminue la valeur reprŽsentative des suffrages exprimŽs et, par consŽquent, la validitŽ d'une consultation populaire ( c'est la raison pour laquelle le vote est obligatoire en Belgique).
Il convient cependant de noter qu'un certain nombre d'abstentions rŽsultent de cas de force majeure: maladies, voyages, changements de rŽsidence sans avoir au prŽalable demandŽ la radiation, dŽcŽdŽs non rayŽs, etc. L'ensemble de ces abstentions involontaires para”t ne pas tre nationalement infŽrieur ˆ 8-10 % du nombre des inscrits. C'est donc la diffŽrence entre l'ensemble des abstentions enregistrŽes et la proportion ci-dessus indiquŽe qui mesure le phŽnomne rŽel de l'abstention volontaire. Il est Žvident que la proportion notŽe ci-dessus est d'aurtant plus faible que la commune est moins importante, la liste des Žlecteurs Žtant pratiquement plus aisŽe ˆ vŽrifier.
On observe que depuis la LibŽration les abstentions atteignent une proportion sensiblement plus ŽlevŽe qu'avant la guerre, la diffŽrence Žtant de l'ordre de 4 % (mise ˆ jour imparfaite des listes Žlectorales, consŽcutivement aux cinq annŽes de guerre; inscription des femmes pour la premire fois).
La table suivante compare, pour la mŽtropole seulement, les abstentions lors des Žlections gŽnŽrales depuis la premire guerre mondiale (R: rŽfŽrendum, C: Constituante):
AnnŽes Inscrits Abstentions pourcentages
Nov. 1919 11 049 000 3 247 000 29,3 %
Mai 1924 11 070 000 1 879 000 17,2 %
Avr. 1928 11 396 000 1 848 000 16,3 %
Mai 1932 11 562 000 1 910 000 16,5 %
Mai 1936 11 768 000 1 830 000 15,6 %
Oct. 1945: R 24 623 000 4 969 000 20,2 %
Oct. 1945: C id 4 965 000 20,2 %
Mai 1946: R 24 657 000 4 762 000 19,3 %
Juin 1946: C 24 697 000 4 482 000 18,2 %
Les abstentions suivant les dŽpartements montrent qu'ils sont les plus ŽlevŽs dans les dŽpartements ruraux (21,7 % en 1945 et 22 % en 1946 pour les PyrŽnŽes-Orientales) et les plus faibles dans les dŽpartements ˆ grandes agglomŽrations urbaines (12,5 % en 1945 et 12,85 en 1946 pour la Seine).
Remarques sur le droit de vote et de l'ŽligibilitŽ des femmes:
Du fait de l'octroi de ces droits un certain nombre de femmes ont ŽtŽ Žlues en mŽtropole. Mais surtout le nombre des inscrits a lŽgrement plus que doublŽ.
Au scrutin d'octobre 1945, 30 candidates (sur 281) sont Žlues sur un total de 522 siges ˆ pourvoir, soit un pourcentage de 5,75.. Soit selon la tendance politique: 16 communistes, 6 socialistes SFIO, 7 MRP, 1 de droite.
Il convient de prŽciser que l'Žlection d'un candidat dŽpend uniquement de son rang dans la liste prŽsentŽe par son parti dans sa circonscription, rang qui lui est attribuŽ en dehors du collge Žlectoral.
Parmi celles-ci, aucune d'elles ne laisseront un souvenir marquant exception faite pour Marie-Claude Vaillant-Couturier (communiste) dans la banlieue parisienne et Jeannette Vermeersch (communiste) ˆ Paris.
Remarque sur les candidats et les Žtiquettes politiques:
Ces Žlections ont donnŽ naissance ˆ un foisonnement d'Žtiquettes politiques trs diverses puisqu'on n'en compte pas moins de 119! La plupart de ces Žtiquettes ne sont apparues que dans une seule circonscription, certaines sont apparues dans plusieurs et quelquefois sous des Žtiquettes variables.
Les listes prŽsentŽes dans la mŽtropole contenaient 2912 candidat(e)s.
Afin de comparer les rŽsultats Žlectoraux de 1945 et des Žlections ultŽrieures il est nŽcessaire de grouper les Žtiquettes politiques dŽfinissant des groupes (G1 ˆ G11)
L'apparition de la RŽsistance sur le plan politique explique la diversitŽ des Žtiquettes et complique les apparentements en introduisant au sein de nombreuses listes des panachages politiques inusitŽs dans le passŽ, rendant le classement de telles listes fort difficile. Certaines listes ont dž tre placŽes dans une rubrique de "listes non classŽes".
Groupe 1: Listes prŽsentŽes par le Parti communiste franais ainsi que quelques listes panachŽes de gauche ˆ prŽdominance communiste (URR: Union rŽpublicaine et rŽsistante, etc.). Groupe relativement bien homogne.
Groupe 2: Listes prŽsentŽes par le Parti socialiste SFIO ainsi que quelques listes panachŽes de gauche ou de la RŽsistance ˆ dominance socialisante. Ce groupe est aussi relativement bien homogne.
Groupe 3: listes prŽsentŽes par l'UDSR, par la Jeune RŽpublique et, d'une faon gŽnŽrale, celles se rŽclamant de la RŽsistance tout en conservant un caractre de gauche. Ce groupe, qui contient une dizaine de listes de dŽnominations diffŽrentes, est moins homogne que les prŽcŽdents. Il para”t recueillir un grand nombre de suffrages rŽsultant de l'Žmiettement de l'ancien Parti radical et radical-socialiste, ainsi que la clientle assez fluctuante qui alimentait avant la guerre les petits partis rŽsultant des scissions de la SFIO sur son aile droite. Ces listes ce sont gŽnŽralement ralliŽes au RGR.
Groupe 4: Listes socialistes ayant marquŽ leur dissidence avec la SFIO (socialistes indŽpendants, socialistes dŽmocratiques, etc.). Ce groupe, peu nombreux, est relativement homogne, se rapprochant du goupe prŽcŽdent mais avec une nuance socialisante plus marquŽe. La plupart des ŽlŽments de ses listes se rallieront au RGR en 1946.
Groupe 5: Listes ayant conservŽ l'Žtiquette radicale et radicale-socialiste. Ce groupe est relativement bien homogne.
Groupe 6: Ce groupe comprend une dizaine d'Žtiquettes correspondant ˆ des listes panachŽes de rŽpublicains de gauche, d'indŽpendants de gauche et de radicaux. Le caractre radical de cet Žlectorat est indŽniable, quoique plus modŽrŽ que celui du groupe prŽcŽdent. En 1946 les listes de ce groupe se sont, en gŽnŽral, fondues dans le RGR. Certaines pourraient tre rattachŽes aussi au groupe 8.
Groupe 7: Listes prŽsentŽes par le MRP, ainsi que quelques listes (peu nombreuses) qui y sont apparentŽes. Groupe relativement bien homogne.
Groupe 8: Il contient les listes correspondant ˆ une quinzaine d'Žtiquettes diffŽrentes, toutes fortement panachŽes, mais o l'ŽlŽment dominant Žtait donnŽ, soit par l'ancienne Alliance dŽmocratique, soit par une Žtiquette d'avant-guerre relevant de la droite modŽrŽe. Ce groupe est le moins homogne de ceux prŽcŽdemment citŽs du fait de la prŽsence de radicaux indŽpendants et de la droite conservatrice.
Groupe 9: Listes se rŽclamant du Parti paysan dont l'Žtiquette et la composition marquent une prŽdominance nette. Groupe peu nombreux mais homogne.
Groupe 10: Il contient prs d'une trentaine d'Žtiquettes diffŽrentes, gŽnŽralement fortement panachŽes, mais o les ŽlŽments dominants proviennent , soit de l'URD, soit de la droite conservatrice, soit d'ŽlŽments groupŽs sous la dŽnomination d'Entente rŽpublicaine. Ce groupe est relativement bien homogne reprŽsentant la vieille droite franaise, conservatrice et libŽrale. Il est ˆ noter que sous l'Žtiquette de l'Entente rŽpublicaine, dans certaines circonscriptions certains ŽlŽments peuvent tre considŽrŽs comme appartenant au centre gauche (qui seront ˆ rattacher ultŽrieurement aux groupes 8 et 6).
Groupe 11: Il contient toutes les Žtiquettes qui ne
peuvent tre classŽes dans l'un des groupes prŽcŽdents. Il s'agit soit de
partis politiques bien dŽfinis mais peu importants numŽriquement (Parti
communiste internationaliste, Union monarchique, Action civique des
prisonniers, etc.), soit d'Žtiquettes originales et inclassables politiquement.
5 - RŽfŽrendum du 5 mai 1946
L'AssemblŽe constituante qui a en charge
la rŽdaction d'une nouvelle constitution est divisŽe en trois courants
politiques : PCF (159 dŽputŽs), SFIO (146), MRP (152).
Les affrontements entre le MRP et le PCF
dominent les dŽbats et conduisent le premier ˆ s'opposer aux communistes et aux
socialistes qui refusent d'inscrire dans la constitution le principe de la
libertŽ de l'enseignement et la garantie du droit de propriŽtŽ.
Par ailleurs le texte constitutionnel
votŽ par 309 voix (PCF + SFIO) contre 249 (MRP + ModŽrŽs) prŽvoit une AssemblŽe
souveraine assistŽe de deux assemblŽes consultatives (Conseil Žconomique et
social, Conseil de l'Union franaise). De ce fait l'exŽcutif est sous la
dŽpendance directe d'une assemblŽe unique sans contrepoids.
Le gŽnŽral de GAULLE a dŽmissionnŽ de la
prŽsidence du gouvernement le 20 janvier 1946 en dŽsaccord avec la
"dictature des partis" sur l'exŽcutif et la rŽduction des crŽdits
militaires.
La question sur laquelle porte le
rŽfŽrendum est simple : "Approuvez-vous la constitution adoptŽe par
l'AssemblŽe nationale constituante ?".
Si OUI, la Constitution entre en
vigueur, sinon une autre AssemblŽe constituante doit tre Žlue.
Le PCF, la SFIO, la CGT font campagne
pour le OUI.
Les Radicaux, l'UDSR, le MRP et les
ModŽrŽs (IndŽpendants et paysans) font campagne pour le NON, dŽnonant la
dictature de la majoritŽ sinon .... du prolŽtariat.
Curieusement, alors que l'issue du
scrutin est incertaine, de GAULLE se tait, escomptant sans doute que
l'instabilitŽ qui suivrait l'adoption de ce texte ferait de lui un recours.
RŽsultats :
Banyuls
DŽpartement MŽtropole
Inscrits : 2058
(+35/ oct 45) 137.877
24.657.128
Abst. : 628 (30,56%)
(25,61%) (19,3%)
Votants : 1430
(69,48%)
(74,39%) (80,6%)
Blancs : 18 ( 1,26%)
( 2,18%) ( 2,58%)
S.Expr. : 1412
(68,61%)
(72,77%) (78,6%)
Oui :
996 (70,53% S.E)
(66,1% S.E) (47%
S.E)
NON :
416 (20,21% --)
(33,9% --) (53%
--)
Remarques :
Alors que le pays rejette le projet de
constitution, les Banyulencs l'approuvent ˆ une faible majoritŽ, comme le
canton, et plus que le dŽpartement.
RŽsultat attendu puisque la somme PCF +
SFIO donnait 1376 voix lors de la Constituante prŽcŽdente, mais ici 380 voix
sont manquantes, dont une partie gagne le camp des Non (+155) et une autre
celui des abstentionnistes (+225), alors que 18 voix des votes nuls de
l'Žlection prŽcŽdente se sont aussi abstenues (total alors "correct"=
243). Mais o situer les 35 nouveaux inscrits ?.
Le problme du chassŽ-croisŽ des
Žlecteurs d'une Žlection ˆ l'autre, ou d'un tour sur l'autre, est difficile ˆ
rŽsoudre et sera analysŽ ultŽrieurement; il est pourtant capital si l'on veut
interprŽter valablement les reports de voix. La solution rŽside (en partie)
dans l'examen des listes d'Žmargement.
Tout laisse supposer ici que ces nouveaux inscrits
ont tous votŽ Non (155 + 35 =190). Total correct, mais hypothse improbable !,
qui suppose que les "225 radicaux" d'octobre 1945 ont tous votŽ NON
(hypothse logique et vraisemblable). Pourtant : 416 - 225 = 191 voix de plus
pour le Non !
Remarque complŽmentaire:
On
observe que ce rŽfŽrendum est le seul dans toute l'histoire de France ˆ donner
un rŽsultat nŽgatif, et ne correspond pas ˆ un plŽbiscite puisque le gŽnŽral de
GAULLE ni aucun autre leader n'est en cause. Les mŽrites et les dangers du
texte ont ŽtŽ discutŽs ˆ l'AssemblŽe et devant le pays. De tous les partis, le
MRP a jouŽ le r™le essentiel.
6 - Constituante du 2 juin 1946
Le premier projet de constitution rejetŽ, une
nouvelle AssemblŽe constituante doit tre Žlue.
Quatre
listes sont en prŽsence :
1- Le PCF avec Leo FIGUéRES (dŽputŽ
sortant), AndrŽ TOURNƒ, Mlle Gilette ANGLES.
2- Les socialistes SFIO avec Louis
NOGUéRES (d.s), LŽon-Jean GRƒGORY, Arthur CONTE.
3- Les Radicaux avec Franois DELCOS
(dŽputŽ sortant), Joseph GASPARD, le Docteur RenŽ ARGELLIéS.
4- Le MRP fait son apparition dans le
dŽpartement avec Pierre LAFONT, Jacques DELMAS, Henri DESARNAUD.
La campagne est
dominŽe par la rupture de l'alliance tacite socialo-communiste liŽe ˆ l'aide
Žconomique amŽricaine (mission LŽon BLUM aux USA) et surtout ˆ la tension des
rapports Est-Ouest.
Aux critiques du PCF, les dirigeants de la SFIO rŽpondent par
une campagne violemment anticommuniste. Les postes clŽs du gouvernement
provisoire sont dŽtenus par la SFIO. Or les problmes internes (ravitaillement,
reconstruction, inflation, colonies) et externes ne cessent de s'accumuler.
Les
trois partis associŽs dans la formule du "tripartisme" ne sont en
rŽalitŽ d'accord sur aucun programme.
Depuis
la victoire du NON, le MRP se targue d'tre le meilleur rempart contre le
communisme et d'avoir ŽvitŽ ˆ la France un " coup de Prague", tandis
que les communistes, bien organisŽs notamment par le biais de la CGT, jouent la
carte de la lŽgalitŽ rŽpublicaine et de la dŽfense des intŽrts des
consommateurs, contre la politique du ministre des finances et de l'Žconomie
nationale (le socialiste AndrŽ PHILIP).
RŽsultats :
Banyuls DŽpartement MŽtropole
Inscrits :
2074 (+16 / mai 46) 138.570 24.696.949
Abst. : 462 (22,27%) (21,98%)
(18,10%)
Votants : 1612
(77,73%) (78,02%)
(81,90%)
Blancs : 22 ( 1,36%) (
1,28%)
( 2,03%)
S.Expr. : 1590
(76,66%) (77,01%)
(80,30%)
PCF : 625 (39,30% S.E) (38,20%S.E)
(26,20% S.E)
SFIO : 507 (31,88% --) (26,49%--)
(21,10%--)
Radic : 255 (16,03% --) (22,77%--)
(11,50%--)a
MRP : 203 (12,76% --) (12,57%--)
(28,10%--)
:
(12,80%--)b
a: Radicaux
+ UDSR (formation ˆ laquelle appartient F. MITTERRAND)
b:
ModŽrŽs + Divers Droites
Remarques :
Les abstentions sont moins
importantes que pour le rŽfŽrendum et se rapprochent de celles de la premire
assemblŽe constituante.
Le
PCF reste largement en tte ˆ Banyuls (comme dans le dŽpartement) mais amorce
un lŽger recul (voir le 21/10/1945), surtout par rapport aux municipales de
l'annŽe prŽcŽdente, alors que les inscrits sont en augmentation (+78). Ce fait
confirme le rŽsultat national o il est dŽpassŽ par le MRP qui lui ravit le
titre de premier parti de France.
Le
Parti Socialiste rŽgresse (-183 voix) sans doute au profit du Parti Radical.
A
Banyuls dont la tradition la•que est bien implantŽe, le score du MRP qui
dispose d'un Žlectorat modeste reste faible .
Pour
la premire fois depuis la LibŽration, communistes et socialistes n'ont plus la
majoritŽ absolue dans la nouvelle assemblŽe constituante (avec respectivement :
153 et 139 siges contre 302 dans l'assemblŽe prŽcŽdente), tandis que le MRP
obtient 169 siges et supplante le PCF comme premier parti de France.
Le
MRP voit son leader Georges BIDAULT devenir prŽsident du gouvernement
provisoire. Le tripartisme est reconduit par la force des choses (9 ministres
MRP, 5 SFIO et 7 PCF, plus un radical et un sans-parti (Yves FARGE) qui se voit
confier le . . . ravitaillement !, poste peu enviable ˆ cette Žpoque)
Naturellement,
cette assemblŽe n'a pas ŽtŽ Žlue seulement pour gouverner, mais surtout pour
Žlaborer, enfin, un nouveau texte constitutionnel, et ceci dans les plus
grandes difficultŽs Žconomiques intŽrieures, les problmes d'une indispensable
Žvolution en Indochine, ainsi qu'en pleine tension internationale (Žchec des
conversations soviŽto-amŽricaines pour une paix durable).
Le
dŽbat sur le deuxime projet de Constitution s'oriente, par la force des
choses, vers des compromis entre
les trois composantes de la majoritŽ. Compromis renforcŽ par une certaine
lassitude du pays, le dŽsir de sortir du provisoire et les inquiŽtudes liŽes ˆ
la dŽgradation de la situation Žconomique et les Žvnements en Indochine.
Note complŽmentaire :
Lors de ce scrutin 26 candidates (sur 331) ont ŽtŽ Žlues: 15 communistes, 4 socialistes SFIO et 7 MRP, soit pour un total de 522 siges: 4,98 %.
Au total 370 dŽputŽs sortant ont ŽtŽ rŽŽlus.
Groupement des Žtiquettes politiques:
Les Žtiquettes politiques sont moins nombreuses qu'en 1945 avec seulement 59 Žtiquettes diffŽrentes et seulement 2762 candidat(e)s, consŽquence de la loi Žlectorale et des rŽsultats de 1945 qui ont favorisŽ les formations politiques homognes. Il est possible de se limiter aux groupes suivants:
Groupe 1: Listes du Parti communiste franais et apparentŽs.
Groupe 2: Listes du Parti socialiste SFIO et apparentŽs.
Groupe 3: Il contient une dizaine d'Žtiquettes diffŽrentes correspondant aux formations politiques qui se sont ralliŽes au RGR ou, sinon, reprŽsentant des Žlecteurs de mme nature politique.
On peut estimer que ce groupe contient la grande majoritŽ des ŽlŽments qui s'Žtaient dispersŽs en 1945 sur les listes groupŽes dans les groupes 3, 4, 5 et 6.
Groupe 4: Listes du MRP ou qui lui sont directement apparentŽes.
Groupe 5: Listes se rŽclamant du PRL ou du parti paysan, plus celles de droite non apparentŽes au MRP (environ une trentaine provenant de l'URD, de la vieille droite conservatrice. Les Žlecteurs de ce groupe en 1946 para”t provenir de ceux classŽs en 1945 dans les groupes 9 et 10, mais aussi une forte proportion du groupe 8.
Groupe 6: Comme en 1945, il renferme le Žtiquettes impossibles ˆ classer dans les ensembles prŽcŽdents. Elles sont aussi moins nombreuses qu'en 1945, soit parce qu' elles Žtaient fantaisistes, soit parce que le r™le politique de la RŽsistance tend ˆ s'estomper avec le temps, soit sous la pression d'une loi Žlectorale qui pŽnalise considŽrablement les formations politiques moins bien implantŽes.
Comparaisons du collge Žlectoral et de sa reprŽsentation entre octobre 1945 et juin 1946:
En raison des imperfections plus ou moins grandes des lois Žlectorales des Žcarts existent entre le collge Žlectoral (les Žlecteurs) et sa reprŽsentation.
Ces Žcarts peuvent avoir deux origines
1/ La loi Žlectorale:
Elle dŽtermine le mode de dŽsignation des Žlus ( ou reprŽsentants).
Les qualitŽs d'une loi Žlectorale reposent sur trois caractŽristiques: l'uniformitŽ, la non- sŽlectivitŽ, la fidŽlitŽ par rapport aux nuances politiques.
- une loi Žlectorale est dite uniforme dans une rŽgion donnŽe lorsque, dans cette rŽgion, chaque Žlu reprŽsente le mme nombre d'Žlecteurs.
- une loi Žlectorale est dite non sŽlective lorsqu'elle donne lieu ˆ la reprŽsentation de toutes les nuances politiques existant au sein du collge Žlectoral. Elle est dite sŽlective dans le cas contraire
- une loi Žlectorale est dite fidle par rapport aux nuances politiques lorsque les Žlus reprŽsentent le mme nombre d'Žlecteurs, quels que soient les politiques auxquels ils appartiennent.
Quelles que soient la bonne volontŽ du lŽgislateur, toute loi Žlectorale s'Žcarte toujours des qualitŽs idŽales dŽfinies ci-dessus; Elle sera considŽrŽe comme correcte si les Žcarts auxquels elle donne lieu ne sont pas trop grands et surtout n'ont pas de caractre systŽmatique.
La loi Žlectorale dŽfinie par des majoritŽs parlementaires sera souvent modifiŽe selon les circonstances politiques et les alliances entre partis (ne serait-ce que pour en rŽduire, voire en Žliminer d'autres). Elle variera entre le scrutin d'arrondissement et la proportionnelle intŽgrale. Chaque systme prŽsentant des avantages et des inconvŽnients, c'est dire qu'aucune loi Žlectorale n'est idŽale. Le problme du dŽcoupage des circonscriptions, du seuil de voix nŽcessaire pour un candidat pour se maintenir ˆ un second tour, d'apparentements possibles ou non entre listes ˆ un second tour, autant de questions qui ont leur importance.
La loi Žlectorale du 17 aožt 1945 et les ordonnances qui suivent fixent les conditions des Žlections de 1945, puis de 1946, pour la mŽtropole et les territoires d'outre-mer relevant du ministre des Colonies
- En ce qui concerne la mŽtropole, l'unitŽ administrative de base est, en principe, le dŽpartement, mais celui-ci est fractionnŽ en plusieurs circonscriptions. Chaque dŽpartement a deux reprŽsentants au moins. S'il compte plus de 100 000 habitants de nationalitŽ franaise au recensement de 1936, il a droit, en outre, a autant de reprŽsentants que sa population comprend de fois 100 000 habitants au delˆ de la premire tranche; la fraction dernire donne droit a un dernier sige si elle excde 25 000.
Par exemple les PyrŽnŽes-Orientales avec 138 528 inscrits ont droit ˆ trois reprŽsentants.
- Tout candidat doit nŽcessairement faire partie d'une liste, et toute liste comporter un nombre de noms de candidats Žgal ˆ celui des siges ˆ pourvoir dans la circonscription. Nul ne peut tre candidat dans plus d'une circonscription (il n'en a pas toujours ŽtŽ le cas dans le passŽ) ni sur plus d'une liste. Chaque liste doit verser avant le scrutin un cautionnement non remboursŽ dans le cas ou la liste n'obtient pas 5 % des suffrages exprimŽs.
- Le mode de scrutin est dit scrutin de liste dŽpartemental ˆ un tour, avec liste bloquŽe, sans vote prŽfŽrentiel ni panachage, et avec utilisation des restes dans le cadre dŽpartemental par la mŽthode de la plus forte moyenne. Il est attribuŽ ˆ chaque liste, dans une circonscription donnŽe, autant de siges que le nombre de voix recueillies par elle contient de fois le quotient Žlectoral. Ce dernier est Žgal au nombre total des suffrages exprimŽs dans la circonscription divisŽ par le nombre de siges ˆ pourvoir.
D'autres rgles permettent, dans des cas plus complexes, l'attribution du sige non pourvu.
Ce mode de scrutin prŽsente certaines caractŽristiques. L'impossibilitŽ du vote prŽfŽrentiel et du panachage des listes, comme la proclamation des Žlus d'une liste dans leur ordre de prŽsentation, privent l'Žlecteur de la possibilitŽ de choisir son reprŽsentant. Ainsi le collge Žlectoral ne peut que choisir entre les diffŽrentes listes, c'est-ˆ-dire entre des programmes, et in fine, entre les diffŽrents partis politiques. L'Žlecteur n'est consultŽ que sur le choix de partis et non sur le choix de la personnalitŽ de ses reprŽsentants. Cela limite les possibilitŽs de renouvellement de la reprŽsentation nationale, mais surtout professionnalise et infŽode l'Žlu ˆ son parti puisque sa dŽsignation dŽpend des instances dirigeantes. En consŽquence, les opŽrations statistiques dŽfinies par la loi Žlectorale ne sont pas ˆ proprement parler des Žlections, mais se rapprochent plut™t d'opŽrations statistiques du type des rŽfŽrendums.
2/- La tactique Žlectorale des partis politiques:
Certains partis, dans diverses circonscriptions, peuvent se dŽsister avant le scrutin pour ne pas gner l'obtention d'un sige par tel parti plus proche de lui. Ses Žlecteurs accroissent ainsi anormalement les scores attribuŽs au seul parti voisin. Un phŽnomne semblable peut rŽsulter de la constitution de fŽdŽrations politiques ou de cartels ˆ l'occasion de certains scrutins; ces regroupements occasionnels ont pour effet de diriger sur certaines listes les suffrages de citoyens appartenant ˆ des formations politiques plus ou moins diffŽrentes. Ainsi pourra na”tre d'une circonscription ˆ l'autre et d'un scrutin ˆ l'autre des mouvements d'Žlecteurs qui peuvent ne pas tre de mme sens. Comme lors d'Žlections ˆ deux tours les reports des voix au second seront difficiles ˆ analyser.
En raison de l'existence de ces Žcarts, il s'ensuit que la comparaison des rŽsultats de deux Žlections gŽnŽrales successives ne peut se faire avec le maximum de correction que sur le nombre des suffrages exprimŽs obtenus par les diffŽrents groupes politiques.
Mais ici apparaissent de nouvelles difficultŽs:
- D'une part, le nombre des abstentions varie ˆ chaque scrutin, et l'apport de voix nouvelles selon les partis est rarement proportionnel aux rŽsultats prŽcŽdemment enregistrŽs.
- D'autre part, les Žtiquettes Žlectorales peuvent varier d'un scrutin ˆ l'autre, comme par exemple en 1945 et 1946. ces modifications peuvent dŽrouter bon nombre d'Žlecteurs, surtout lorsque les personnalitŽs qui figurent sur les listes sont peu ou mal connues localement.
- Enfin, d'une Žlection ˆ l'autre, les alliances Žlectorales peuvent elles-mmes se modifier comme en 1945 et 1946, par exemple en ce qui concerne certaines listes de la RŽsistance ˆ caractre socialisant, ralliŽes ˆ la SFIO en certaines circonscriptions en 1945 et au RGR en 1946.
Pour toutes ces raisons, la comparaison des rŽsultats de deux scrutins successifs selon les groupes politiques est une opŽration prŽsentant une certaine variabilitŽ. Cette comparaison permet toutefois, avec les rŽserves mentionnŽes, de mesurer l'impact des partis sur l'Žlectorat, leur fidŽlisation ou non, leur sanction ou non ˆ l'issue de chaque lŽgislature.
- Les abstentions:
Pour l'ensemble de la mŽtropole le pourcentage des abstentionnistes le 21 octobre 1945 est de 20,2 % contre 18,2 % le 2 juin 1946, diminution qui n'est pas en relation avec le nombre des inscrits qui se sont peu accrus en 8 mois, mais ˆ un retour plus normal de la vie dŽmocratique et peut-tre une meilleure mobilisation fŽminine (?).
Dans le dŽpartement, avec 21,7 % en 1945 l'on est trs proche de la moyenne nationale, alors qu'en 1946 l'Žcart se creuse avec 22 %, soit + 3,8 d'Žcart.
D'une manire gŽnŽrale l'abstentionnisme est un phŽnomne rural et dans les circonscriptions o l'influence des partis communiste et socialiste est la moins forte. Les taux d'abstentions ont assez peu variŽ dans chaque circonscription d'une Žlection ˆ l'autre, ou sinon dans le mme sens, les rŽfŽrendums donnant d'ailleurs des rŽsultats identiques. Il dŽpasse 25 % en Corse (39 % et 38,7 %), la Creuse (31,4 % et 28,9 %), le Gers (33,6 % et27,1 %), l'Isre (25,4 % et 25,6 %). A contrario les dŽpartements o les taux sont les plus faibles, infŽrieurs ˆ 15 %, sont: le Nord (2me c: 10,9 % et 10 %; 3me c: 12,6 % et 12,1 %), le Pas-de-Calais (2me c: 12,5 % et 11,1 %), la Seine, la Seine-et-Oise, la Somme (14,9 % et 13,3 %)
- RŽsultats en fonction des groupes politiques:
1/ Communistes et apparentŽs.
Ce groupe Žtant homogne, les comparaisons des deux scrutins successifs peuvent tre considŽrŽes comme correctes.
Ce groupe a obtenu en mŽtropole 26,02 % des S.E en 1945 et 26,19 % en 1946, bien que sa reprŽsentation parlementaire passait de 148 ˆ 146 Žlus. Il constitue le premier parti de France. "Victime" du pacte germano-soviŽtique et de son soutien inconditionnel ˆ l'URSS avant-guerre. Le parti dissous et ses dirigeants poursuivis, voire internŽs, sont rŽtablissement clandestin interviendra lors de l'invasion de l'URSS par l'Allemagne nazie. La rŽsistance hŽro•que du peuple russe et la reprise de Stalingrad, puis la reconqute du terrain perdu, redonne une certaine virginitŽ au parti. Son action dans la RŽsistance franaise et son rapprochement du gŽnŽral de Gaulle contribueront ˆ sa rŽintŽgration dans la RŽpublique reconstituŽe lors de la crŽation du gouvernement provisoire.
Si dans notre dŽpartement les scores de 1945 et 1946 sont sensiblement Žquivalents (39,96 % et 38,20 %), LŽopold FIGUéRES Žtant rŽŽlu, ils progressent dans de nombreuses circonscriptions rurales tendis qu'ils marquent un recul sensible dans des circonscriptions de grandes agglomŽrations urbaines et de centres industriels.
2/ Socialistes SFIO et apparentŽs:
Ce groupe est Žgalement relativement homogne. Il subit un recul non nŽgligeable de 1945 ˆ 1946 (23,77 % ˆ 21,06 %). Sa reprŽsentation, subissant la pŽnalisation rŽsultant de la loi Žlectorale qui frappe les petites formations apparentŽes, chute de 134 ˆ 115 Žlus.
On remarque que le recul enregistrŽ par chaque liste socialiste en diminution profite assez rarement ˆ la liste communiste qui lui Žtait opposŽe, mais para”t le plus souvent avoir profitŽ ˆ la liste RGR de la mme circonscription. On peut prŽsumer qu'une partie des voix radicales disparues aprs la LibŽration s'Žtait portŽe sur des listes socialistes en 1945. Cette situation traduit l'Žtroite parentŽ de cette fraction des Žlecteurs socialistes et radicaux, entre lesquels ont pu s'effectuer d'un scrutin ˆ l'autre des transferts de voix non nŽgligeables.
Notre dŽpartement enregistre pour ce parti un recul considŽrable (de 38,24 % ˆ 26,49 %), recul qui ne profite pratiquement pas ni au PCF ni au radicaux. Comme la seule diffŽrence notable entre les scrutins de 1945 et 1946 est l'apparition du MRP, tout laisse supposer que cet Žlectorat avait votŽ pour la SFIO en 1945, ˆ moins d'un glissement de gauche ˆ droite. Comme en 1945 Louis NOGUéRES est Žlu.
3/ Parti radical et radical-socialiste et apparentŽs (dominante RGR):
Ce groupe fort hŽtŽrogne comprend les groupes 3, 4, 5 et 6 de 1945 dont les totaux sont comparŽs ˆ ceux obtenus en 1946 par le RGR et les listes qui lui sont apparentŽes. Si ce groupement est diversifiŽ en raison des Žtiquettes nombreuses que l'on y rencontre, les limites en sont ˆ gauche la SFIO et ˆ droite le MRP.
Dans l'ensemble ce groupe est passŽ de 11,12 % en 1945 ˆ 11,54 % des S.E. en 1946, alors que ses Žlus passent de 35 ˆ 39.
Ce groupe progresse dans de nombreux dŽpartements ruraux, mais Žgalement ˆ Paris (1Žre, 2me et 3 me circonscription), en Seine-et-Oise (1re c.). Dans notre dŽpartement le parti radical montre une grande stabilitŽ, renforcŽe par le fait que les candidats sont les mmes ˆ une unitŽ prs (le Dr. R. ARGELLIéS remplace G. PAMS). Comme en 1945 Franois DELCOS est Žlu.
On note que ce groupe possde de nombreux suffrages exprimŽs non reprŽsentŽs dans 73 dŽpartements, dont le total atteint 56,6 % de ses propres suffrages en 1945 et 46,7 % en 1946. De ce fait un Žlu reprŽsente 58 849 voix, contre35610 au PCF et 36 415 ˆ la SFIO.
4/ MRP et apparentŽs:
Ce groupe est relativement homogne permettant une comparaison convenable entre les deux scrutins.
Dans l'ensemble ce groupe voit ses suffrages s'accro”tre de 24,91 % des S.E. en 1945 ˆ 28,09 % en 1946.
Il enregistre une avance supŽrieure ˆ 5 % dans de nombreux dŽpartements ruraux en raison de la disparition de 1946 de listes de petites listes d'origine politique variŽe issues de la RŽsistance, de gauche comme de droite. Il comprend des voix aussi bien ˆ droite (Entente rŽpublicaine) que plus au centre-gauche (UDSR) ou de rŽsistants. On observe que les gains les plus forts embrassent des circonscriptions trs diverses. Fait plus inattendu, l'apport de voix qui s'Žtaient dirigŽes en 1945 sur des listes socialistes (ou socialisantes) dans d'assez nombreuses circonscriptions.
Par contre, ce groupe enregistre des reculs dans des circonscriptions au bŽnŽfice du PRL pour la plupart, parfois du RGR. Les pertes sont donc enregistrŽes au bŽnŽfice de listes de droite, souvent nouvellement apparues en 1946
Dans notre dŽpartement, avec 12,57 % des S.E., il est loin de correspondre ˆ la moyenne mŽtropolitaine. Non reprŽsentŽ en 1945, l'apparition de ces voix demeure quasi "miraculeuse" lorsque l'on compare les deux scrutins de 1945 et 1946; sensiblement mme nombre d'inscrits, mme abstention, mme vote blanc et nul, mme nombre de suffrages exprimŽs. Curieusement les voix du MRP ne peuvent provenir que de la SFIO, il est vrai partis associŽs au gouvernement. La soustraction entre les voix obtenues par la SFIO en 1945 (40 771) et en 1946 (28 273) Žgale 12 498, nombre qui correspond presque exactement ˆ celui du MRP en 1946 (13 413).
5/ Groupe des listes de droite:
Sont rangŽes dans ce groupe toutes les listes distinctes de celles du MRP. Des rŽserves sont ˆ apporter quant ˆ l'homogŽnŽitŽ de ce groupe et par consŽquent les rapprochements d'ordre numŽrique qui peuvent tre faits entre les deux scrutins de 1945 et 1946. Ses avances ou ses reculs dans un nombre relativement limitŽ de dŽpartements proviennent le plus souvent de tactique Žlectorale ayant conditionnŽ la prŽsentation ou le retrait de certaines listes de droite, d'o un report des voix correspondantes sur d'autres listes; les Žchanges se sont, en gŽnŽral, opŽrŽs avec le MRP, sans que cette rgle ait ŽtŽ absolue.
Ce groupe a vu ses suffrages s'abaisser de 13,27 % en 1945 ˆ 12,77 % en 1946, le nombre de ses Žlus demeurant de 62. On peut d'avantage y voir une certaine stabilitŽ, d'autant plus que ce groupe a eu une trs forte proportion de suffrages non reprŽsentŽs, atteignant 19,7 % en 1945 et 19,3 % en 1946, soit dans ce dernier cas prs de 500 000 voix; un Žlu reprŽsentant ainsi 40 965 voix, alors que pour les partis communistes ou SFIO il reprŽsente 36 500 voix.
Conclusion:
A l'aube de la IV me RŽpublique, il est particulirement intŽressant d'analyser les premiers scrutins de 1945 et 1946 qui dŽfinissent la base Žlectorale sur laquelle repose les formations politiques et qui permettent ˆ de nombreuses personnalitŽs d'Žmerger et qui s'illustreront dans les annŽes futures. L'analyse permet Žgalement d'observer les changements ou non par rapport aux annŽes qui ont prŽcŽdŽ la cŽsure occasionnŽe par le rŽgime de Vichy.
On peut dŽjˆ observer une certaine stabilitŽ du personnel politique, qu'il soit d'Žchelon local ou national. La fonction politique tend ˆ devenir une sorte de "catŽgorie professionnelle" dont les personnalitŽs ne peuvent qu'tre issues des principaux partis selon des critres internes, ceci renforcŽ par la loi Žlectorale elle-mme, Žtablie par consensus entre les grandes formations, et qui laisse peu d'espoir ˆ de petites listes nouvelles comme celles issues de la RŽsistance par exemple.
L'Žlectorat communiste manifeste une grande stabilitŽ avec une extension aux milieux ruraux non nŽgligeable.
L'Žlectorat socialiste marque une rŽgression certaine, quoique amplifiŽe par la loi Žlectorale. Si une fraction des suffrages qu'il a perdus s'est portŽe sur les listes communistes dans certaines circonscriptions, c'est surtout au profit du RGR et parfois du MRP. L'importance des transferts qu'il a eus avec le RGR montre la proximitŽ des Žlectorats de ces deux partis, d'o le risque d'une dŽrive moins "marxiste" du Parti socialiste dans l'avenir.
L'Žlectorat radical, pŽnalisŽ par la loi Žlectorale (plus d'un million de voix non reprŽsentŽes, soit 1 Žlu pour plus de 58 000 voix) , para”t en voie de regroupement. Son poids Žlectoral devrait tre plus dŽterminant lors des rŽfŽrendums.
L'Žlectorat du MRP a vu sa clientle s'accro”tre avec une grande rapiditŽ par la disparition des Žtiquettes traditionnellement nombreuses et variŽes de l'ancien centre droit et de l'ancienne droite (discrŽditŽe par l'Žpoque vichyssoise). Actuellement majoritaire, il bŽnŽficie des modalitŽs statistiques de la loi Žlectorale. Aux deux scrutins on a observŽ de nombreux transferts de suffrages avec les autres partis de droite, et il est impossible de prŽvoir si ces transferts prendront fin, se poursuivront dans les deux sens ou finiront par s'Žtablir ˆ sens unique.
L'Žlectorat du PRL et des autres partis de droite paraissent se redresser avec difficultŽ (souvent marŽchalistes durant l'Occupation) et, au surplus, pŽnalisŽs par la loi Žlectorale (prs de 500 000 voix non reprŽsentŽes).
L'ensemble des partis politiques para”t donc tendre, sous la pression de la loi Žlectorale du 17 aožt 1945, vers un regroupement qui devrait faire dispara”tre de nombreuses nuances politiques constituant avant-guerre la spŽcificitŽ franaise (vÏu pieux vraisemblablement).