40 - Cantonales des 18 et 25 mars 1979
C'est la seconde Žlection dans le
nouveau canton depuis 1973, mais ˆ la diffŽrence de la premire fois, le sige
de conseiller gŽnŽral est disputŽ par les maires de Cerbre Jean MARTI) et de
Port-Vendres (Jean-Jacques VILA). La campagne moins politique que personnalisŽe
devient agressive.
J-J. VILA est soutenu par le dŽputŽ-maire (UDF) Paul ALDUY
qui lance un appel en sa faveur
Le PCF prŽsente une fois de plus un
nouveau candidat: Georges MALƒ.
Le RPR: Jean RéDE, tte de l'une des
listes aux municipales de Banyuls, patron de l'h™tel "Le Catalan". La
rŽunion ˆ la salle Novelty rŽvŽlera un candidat sŽrieux et bien prŽparŽ.
Personne ne s'attend ˆ une surprise
quant au rŽsultat final, tout le canton connaissant parfaitement les uns et les
autres.
RŽsultats (1 er tour) :
|
Banyuls |
Port-Vendres |
Collioure |
Cerbre |
Inscrits: |
3198 |
3743 |
2090 |
1381 |
Abst.: |
944 (29,52%) |
1094 (29,23%) |
801
(38,33%) |
351 (25,42%) |
Votants: |
2254 (70,48%) |
2649 (70,77%) |
1289 (61,67%) |
1030 (74,58%) |
Blancs: |
55 ( 2,44%) |
82 ( 3,09%) |
68 ( 3,25%) |
23 ( 2,23%) |
S. Expr.: |
2199 (68,76%) |
2567 (68,58%) |
1221 (58,42%) |
1007 (72,92%) |
|
|
|
|
|
MARTI: |
673 (30,00%) |
563 (21,93%) |
500 (40,95%) |
617 (61,27%) |
VILA: |
263 (11,70%) |
1514 (58,98%) |
383 (31,37%) |
152 (15,09%) |
RéDE: |
882 (39,00%) |
98 (8,32%) |
151 (12,37%) |
54 (5,36%) |
MALƒ: |
381 (16,90%) |
392 (15,27%) |
187 (15,32%) |
184 (18,27%) |
Au total: MARTI: 2353 (33,64 % S.E), VILA: 2312
(33,06 % S.E), RéDE: 1185 (16,94 % S.E), MALƒ:1144 (16,36 %).
Remarques :
Les abstentions sont toujours trs
ŽlevŽes pour ce type d'Žlection. Les raisons sont multiples: on conna”t
gŽnŽralement les candidats, le plus souvent dŽjˆ maires, il s'agit surtout de
la gestion dŽpartementale dont l'importance ne devrait pourtant Žchapper ˆ
personne. Le pourcentage des votants est tout de mme supŽrieur ˆ celui de
1973: 69,37 contre 48,08%.
Chaque candidat fait son meilleur score
dans sa commune, mais ne mobilise qu'imparfaitement l'Žlectorat non politisŽ.
Pour le second tour, deux candidats
restent en compŽtition, Jean MARTI (avec l'Žtiquette PS) et Jean-Jacques VILA
(supplŽant de Paul ALDUY) pour l'URDS.
Afin de faire barrage au candidat de la
droite, la section locale du PCF appelle ˆ voter pour Jean MARTI.
Les deux candidats restant en lice
disposent exactement des mmes potentiels de voix (3497 voix). Dans ces
conditions, la campagne du second tour entre les deux hommes est plus agressive
que "sportive" au-dessous de la mlŽe (1): L'homme de "la
tramontane en bo”te" pour tout programme Žconomique, contre l'homme qui
"change de veste dans le vestiaire de M. ALDUY"
On attendra tardivement l'appel de J.
RéDE, par discipline des accords nationaux, en faveur de VILA.
RŽsultats
(2 me tour):
|
Banyuls |
Port-Vendres |
Collioure |
Cerbre |
Inscrits: |
3198 |
3743 |
2090 |
1381 |
Abst.: |
920 (28,77%) |
828 (22,12%) |
634 (30,33%) |
282 (20,42%) |
Votants: |
2278 (71,23%) |
2915 (77,88%) |
1456 (69,67%) |
1099 (79,58%) |
Blancs: |
84 (3,69%) |
68 (2,33%) |
63 (4,33%) |
35 (3,18%) |
S. Expr.: |
2194 (68,61%) |
2847 (76,06%) |
1393 (66,65%) |
1064 (77,05%) |
|
|
|
|
|
MARTI: |
1487 (67,78%) |
1135 (39,87%) |
830 (59,58 %) |
823 (77,35%) |
VILA: |
707 (31,00%) |
1711 (60,13%) |
563 (40,42%) |
241 (22,65%) |
Au total dans le canton MARTI : 4275 (61,15 % S.E),
VILA : 3222 (38,85 % S.E).
Remarques :
MARTI retrouve son sige ˆ l'assemblŽe
dŽpartementale, mais un second tour a ŽtŽ cette fois nŽcessaire, et il perd des
voix dans les communes autres que la sienne. Les renforts provenant d'une
moindre abstention qu'au premier tour (-5,22%), et certainement d'une partie non
nŽgligeable des voix de J. RéDE. Mais qui a jamais prŽtendu que J. MARTI Žtait
un socialiste "orthodoxe"?
Au total le Conseil gŽnŽral est dans le
mme cas de figure qu'en 1976 (2), soit 12 contre 12. LŽon-Jean GRƒGORY
retrouvera nŽanmoins la prŽsidence par un artifice diffŽrent, ˆ savoir le
maintien de deux candidats ˆ gauche. Mais le PrŽsident n'est-il pas au-dessus
des Partis.
Note annexe:
(1) Cf. Louis MONICH: Le coup d'Žtat
manquŽ ˆ la mairie de Perpignan. Edit. Llibres del Trabucaire (1999).
(2) A propos de l'Žlection ˆ la
prŽsidence du Conseil gŽnŽral le 17 mars,
ˆ laquelle j'ai assistŽ, on se rŽfrera ˆ l'ouvrage limpide et trs
exact de Louis MONICH: Histoires rocambolesques de l'Žlection cantonale 1976 en
Roussillon. Edit. Llibres del Trabucaire (1996).
41 -
Election des ReprŽsentants ˆ l'AssemblŽe des CommunautŽs EuropŽennes du 10 juin
1979
Ce type d'Žlection, prŽvu par l'article
138 du traitŽ de Rome (mars 1957), n'enthousiasme pas les Franais, plus
prŽoccupŽs par l'accroissement du ch™mage et les consŽquences de la concurrence
au sein de la CommunautŽ europŽenne.
Le Premier ministre Raymond BARRE
demeure toujours aussi
"monolithique et professoral, intervenant peu dans le dŽbat qui se
situera "au raz des p‰querettes", chacun dŽnonant la politique
intŽrieure . . . des autres.
Le PCF et le RPR sont, pour le premier
contre l'entrŽe de l'Espagne dans la CEE, et pour le second contre une perte de
souverainetŽ par le biais d'une assemblŽe Žlue (la prŽsence de Michel DEBRƒ
comme second de liste derrire CHIRAC est symbolique ˆ cet Žgard).
Le Programme commun de la gauche a ŽtŽ
enterrŽ ds le soir mme de l'Žlection lŽgislative de 1978 (dŽclaration de
Michel ROCARD sur Antenne 2, et de Robert FABRE le 20 mars). Les divers partis
de gauche n'ont manifestement pas la mme
politique europŽenne bien qu'ils aient signŽ le mme texte ! (1)
Aucun homme politique ne dresse un bilan
clair des avantages et des consŽquences de l'intŽgration europŽenne. Quel fut
le r™le des assemblŽes prŽcŽdentes dont les membres Žtaient dŽsignŽs par les
parlements nationaux ? Qu'en est-il des dŽbats qui opposent les
"fŽdŽralistes" aux partisans de la "confŽdŽration
d'ƒtats-nations" (2). La tŽlŽvision ne favorise aucune expression
critique, et l'Žlecteur de base n'est pas un lecteur du "Monde".
Dix listes sont en prŽsence, mais deux
d'entre elles ne dŽposeront pas de bulletins de vote dans la plupart des
bureaux. L'Žlection des 81 dŽputŽs se fera ˆ la proportionnelle des voix
recueillies par les listes nationales (3).
1- La liste du PCF, conduite par Georges
MARCHAIS, avec des personnalitŽs extŽrieures comme par exemple le leader des
vignerons du Languedoc-Roussillon.
2- La liste pour les Etats-Unis
socialistes d'Europe est constituŽe par une "union" des trotskistes
de L.O (A. LAGUILLER) et de la L.C.R (A. KRIVINE).
3- Le PSU constitue une liste conduite
par Mme Huguette BOUCHARDEAU.
4- La liste du Parti Socialiste alliŽ au
MRG conduite par F. MITTERRAND.
5- Liste Europe Ecologie, conduite par
Solange FERNEX qui regroupe des militants Žcologistes et d'associations
diverses.
6- La liste Emploi, ƒgalitŽ, Europe,
conduite par J.-J. SERVAN-SCHREIBER (Mouvement des rŽformateurs) qui se
rŽclame du plein emploi et de la
supranationalitŽ.
7- Liste "Union pour la France en
Europe" conduite par Simone VEIL (qui dispose d'un bon indice de
popularitŽ). On trouve dans cette liste UDF: Jean LECANUET, Edgar FAURE (4), Jean-Franois DENIAU, Pierre MEHAIGNERIE,
Pierre BAUDIS (maire de Toulouse) et Pierre PFLIMLIN.
8- Une Liste rŽgionaliste "RŽgion
Europe" conduite par l'inŽnarrable Jean HEDERN-HALLIER (Žcrivain disposant
d'une certaine notoriŽtŽ).
9- Une liste du centre droit avec
Philippe MALAUD, Jacques MƒQECIN (indŽboulonnable maire de Nice) É et le
cŽlbre (en son temps. . .1956) Pierre POUJADE.
10- L'Euro-droite conduite par Ma”tre Jean-Louis
TIXIER-VIGNANCOUR (du Parti des forces nouvelles) (5).
RŽsultats :
Banyuls DŽpartement MŽtropole
Inscrits:
3198 214.780 35.094.163
Abst.:
1140 (45,03%) (43,28%) (39,14%)
Votants:
1758 (54,97%) (56,72%) (60,88%)
Blancs: 102 ( 5,80%) (4,83%) (5,32%)
S.Expr.:
1656 (51,78%) (53,98%) (57,93%)
MARCHAIS: 442 (26,69% S.E) (29,98%
S.E) (20,57
% S.E)
MITTERRAND:
391 (23,61% - -) (20,70% - -) (23,57
% - -)
VEIL: 385 (23,25% - -) (26,37%
- -) (27,55
% - -)
CHIRAC: 258 (15,58% -
-) (13,14%
- -) (16,25
% - -)
FERNEX: 54 ( 3,26% -
-) ( 2,95% - -) ( 4,45% - -)
L.O & L.C.R: 46 ( 2,78% -
-) ( 2,70% - -) ( 3,12% - -)
TIXIER-VIGN.: 30 ( 1,81% - -) ( 1,63% - -) ( 1,33% - -)
SERVAN-SCHR.: 26 ( 1,57%
- -) ( 1,23% -
-) ( 1,84% - -)
MALAUD: 24 ( 1,44% -
-) ( 1,31% - -) ( 1,39% - -)
REGION-EUR.: 0 ( 0,01% - -) ( 0,02% - -)
PSU: 0 ( 0,02% - -)
Remarques :
Les abstentions sont parmi les plus
fortes avec celles du prŽcŽdent rŽfŽrendum sur . . . l'Europe (1969). Dans ce
domaine, le progrs, si l'on peut dire, est de 5% d'abstention en moins, mais
un appel ˆ voter blanc (pris gŽnŽralement trs localement) aboutit au nombre
non nŽgligeable de 5,80% des votants (3,19% des inscrits). Au total, c'est
presque un Franais sur deux qui
se dŽsintŽresse des appels des partis pour ou contre l'intŽgration europŽenne.
On observe une percŽe trs relative des
Žcologistes, ce mouvement ayant du mal ˆ prendre racine en France au contraire
des " Verts " allemands. Leur score non nŽgligeable (proche du
million de voix) montre qu'il existe bien une sensibilitŽ du public pour les
problmes environnementaux et leur faible prise en compte par les partis
traditionnels.
La liste UDF arrive en tte au plan
national et obtient 26 Žlus (en rŽalitŽ 25 du fait de l'invalidation de
certains bulletins mal rŽdigŽs), le PS + MRG: 21 (+1 rŽcupŽrŽ par suite de
l'erreur de la liste prŽcŽdente), le PCF: 19, et le RPR: 15.
Comparaison :
Si l'on compare les rŽsultats obtenus
dans le PyrŽnŽes-Orientales avec ceux d'un autre dŽpartement rural du sud-ouest
comme les Landes, dont le nombre des Žlecteurs est proche et la gauche bien
implantŽe (mais Žconomiquement bien diffŽrent) on observe :
Inscrits: 213 138; Abstentions: 32,07%;
Votants: 67,93%; Blancs et nuls:3,4%/ Inscrits, 5,01% / Votants ; S.E.: 64,53%.
PS: 32,91% S.E.; UDF: 24,01% S.E.; PCF:
18,48% S.E.; RPR: 15,73% S.E.;
Ecol: 2,70% S.E.; L.O + LCR: 2,58% S.E.;
DIFE: 1,09% S.E.; Extrme Droite: 1,27% S.E.
Les diffŽrences entre les deux
dŽpartements sont loin d'tre nŽgligeables, tant en ce qui concerne le nombre
des suffrages exprimŽs (10,55% en plus pour les Landes), que dans les rŽsultats
des listes, o PS et UDF arrivent en tte dans ce dŽpartement plus favorable ˆ
la CEE que les P.-O. La concurrence Žconomique de l'Espagne y est aussi moins
importante.
Conclusion :
Mme Simone VEIL (ancien ministre de la
SantŽ) sera Žlue, devenant ainsi la premire femme a prŽsider l'AssemblŽe
europŽenne de Strasbourg.
L'ŽvŽnement marquant que traduit cette
Žlection est la faiblesse relative du RPR, et l'Žchec de CHIRAC qui avait tentŽ
de rassembler l'ancien Žlectorat gaulliste (ˆ la suite de "l'appel de
Cochin" du 6/12/1978), et dŽnonait le "Parti de l'ƒtranger",
visant ainsi GISCARD D'ESTAING et . . . Simone VEIL. Cet incident rŽvle la
dŽsunion de la majoritŽ parlementaire et l'opposition larvŽe du RPR ˆ la
politique de BARRE, tandis que se profilent ˆ l'horizon de 1981 les futures
prŽsidentielles.
MalgrŽ ce succs (relatif) de l'UDF, la
politique extŽrieure de GISCARD est critiquŽe (suite ˆ sa rencontre de Varsovie
avec LŽonid BREJNEV, malgrŽ l'invasion de l'Afghanistan par les troupes soviŽtiques).
La politique intŽrieure Žconomique menŽe
par R. BARRE, d'abord stabilisŽe par une rŽduction de l'inflation, se dŽgradait
ˆ la suite du second choc pŽtrolier (triplement du prix du pŽtrole entre
1979-1980), la restructuration (ou plus exactement dŽstructuration) de la
sidŽrurgie, les problmes de l'emploi en gŽnŽral. Enfin l'affaire des diamants
offerts par BOKASSA au prŽsident de la RŽpublique (rŽvŽlŽe par "Le Canard
encha”nŽ" en octobre) crŽe un malaise qui sera mal dissipŽ par l'intŽressŽ.
Tandis que Georges MARCHAIS sera accusŽ d'avoir travaillŽ durant l'Occupation
pour l'aviation allemande. AtmosphreÉatmosphre!
D'autres affaires criminelles plus
graves ne sont pas sans semer des doutes dans l'Žlectorat sur la morale en
politique: assassinat d'anciens ministres: DE BROGLIE, Joseph FONTANET
inexpliquŽ (crime sans doute crapuleux?), enfin le "suicide" de
Robert BOULIN contestŽ par certains (affaire qui sera ŽvoquŽ en avril 2002 sur
France-Inter avec de nombreux arguments qui contredisent la thse du suicide).
Notes annexes:
(1) L'auteur organise une rŽunion
salle Jean JAURéS afin d'expliciter un appel ˆ voter blanc comme contestation ˆ
ce semblant d'assemblŽe, inutile et cožteuse, et dont les Žlus auront "le
cul entre deux chaises" ( J.-P. CHEVéNEMET ne dira pas autre chose en juin
2004 ! (mais comme l'Žcrira A. CHANDERNAGOR dans ses mŽmoires, il est inutile
d'avoir raison trop t™t) (7). S'ajoute
une hostilitŽ chronique (depuis 1958) et une absence totale de confiance
vis-ˆ-vis de F. MITTERRAND depuis son "hold-up" sur le Parti (au
dŽtriment de l'honnte homme qu'est Alain SAVARY. MITTERRAND et son entourage
(sa garde rapprochŽe) n'ont jamais ŽtŽ et ne sont pas socialistes (ce qui est
leur droit), mais le dŽtournement du sens d'un mot constitue une malhonntetŽ
intellectuelle envers les Žlecteurs. Il est aussi trop fin politique pour ne
pas savoir que le Programme commun est un leurre, puisque inapplicable dans le
contexte Žconomique europŽen et mondial tel qu'il est, et que le Parti
communiste risque de ne pas sortir indemne du pige (peru un peu tard par
Georges MARCHAIS). Notons que le Programme commun spŽcifiait l'abandon de tout
dŽveloppement de la force de frappe nuclŽaire, comme de toute vente d'armes ˆ
l'Žtranger. Le virage sur l'aile, amorcŽ par Charles HERNU (spŽcialiste de
l'arme nuclŽaire au PS), annoncŽ dans "Le Monde" en a surpris plus
d'un. Quant ˆ la livraison d'armes jusqu'ˆ la livraison d'une centrale
nuclŽaire ˆ l'Irak c'est tout un dŽbat (6). Je ne peux m'empcher de signaler que
les militants socialistes Žtaient invitŽs dans les annŽes 1962-63 ˆ dŽnoncer
sur les "estrades" la constitution de la force de frappe voulue par
de GAULLE. Ce n'est pas ici le lieu de discuter du bien ou mal fondŽ de ce
problme (qui pose la question grave de la prolifŽration), qui n'a jamais ŽtŽ
rŽellement discutŽ au fond devant la nation (et encore moins d'un
rŽfŽrendum puisque ce genre de
questionnement n'est pas prŽvu dans la Constitution). [Que le lecteur veuille
bien m'excuser pour cette digression qui n'engage que l'auteur].
Il va sans dire que ces remarques
concernant les dirigeants du Parti Socialiste qui se cooptent entre eux selon
une mŽcanique subtile (comme d'ailleurs dans les autres partis) ne s'appliquent
pas aux "militants de base", ni aux sympathisants, dont la fidŽlitŽ
peut avoir quelque chose d'irrŽel et de touchant pour un esprit scientifique.
Il est vrai que les choix de l'Žlecteur procdent plus par ŽliminationÉ que par
rŽel enthousiasme.
(2) Les premiers pour des
organisations supranationales (Commission de Bruxelles comme exŽcutif,
AssemblŽe europŽenne comme lŽgislateur), dont les dŽcisions ˆ la majoritŽ
s'imposent aux nations, les seconds voulant conserver au Conseil des ministres
inter- gouvernementaux l'essentiel des prŽrogatives.
(3) Ce seront les seuls Žtats-majors
des partis qui dŽtermineront les candidats et fixeront l'ordre de prŽsŽance (le
centralisme dŽmocratique n'est pas l'apanage du seul PCF !)
(4) Personnage trs attachant, nŽ ˆ
BŽziers (et qui conservera un style mŽridional avenant) mais dŽputŽ du Jura en
1946. L'un des leaders du Parti radical sous la IVe RŽpublique de nombreuses
fois ministres et prŽsident du Conseil, avant d'appartenir ˆ des gouvernements de la Ve RŽpublique.
RalliŽ ˆ l'UDF qui est constituŽe d'une fŽdŽration de groupuscules allant de la
gauche modŽrŽe (P. ALDUY en sera l'un des vice-prŽsidents) ˆ la droite libŽrale
(M. PONIATOWSKI) et qui affirmait que ce n'Žtait pas la girouette qui tourne
mais le vent qui change (8)
(5) Cf. Jean-Louis TIXIER-VIGNANCOUR:
Le contre-mal franais. Edit. Albin Michel (1977).
(6) Ce qui fera l'objet d'une
rŽtrospective lors d'une Žmission de tŽlŽvision sur France 3 (Pices ˆ
conviction) le jeudi 30 dŽcembre É 2003.
(7) Cf. in "LibŽration" du 25 juin
2004. Cf. AndrŽ CHANDERNAGOR: La LibertŽ en hŽritage. Edit. Pygmalion (2004).
(8) Cf. Sophie COIGNARD & Michel
RICHARD: Le nouveau dictionnaire des girouettes. Edit. R. Laffont (1993).
42 - PrŽsidentielles des 26 avril
et 10 mai 1981
Si GISCARD D'ESTAING avait commencŽ son
septennat dans un enthousiasme, non partagŽ par tous les Franais, mais avec
une certaine bienveillance (sinon de la curiositŽ, en raison d'un style plus
jeune et plus libŽral), celui-ci s'achve aprs une sŽrie de pŽripŽties et dans
la dŽsunion la plus complte entre les deux principales composantes de la
majoritŽ prŽsidentielle (UDF et RPR). Le PrŽsident rend compte de son mandat
(1).
La majoritŽ parlementaire n'a dž son
salut aux lŽgislatives de 1978 qu'ˆ la rupture de l'union de la gauche, et par la suite au fait que le RPR
n'a pas osŽ voter de motion de censure (malgrŽ son envie) qui, il est vrai,
aurait ŽtŽ plus bŽnŽfique ˆ
l'opposition qu'ˆ lui-mme.
Le PCF supporte, ˆ tort ou ˆ raison, la
responsabilitŽ de l'Žchec d'une union fortement ressentie ˆ la base et jugŽe
indispensable, alors que le PS fait preuve "d'angŽlisme et
d'ÏcumŽnisme".
Le ch™mage ne cesse pas de cro”tre et
atteint plus de 1 500 000 (Source INSEE), or les Franais y sont profondŽment
allergiques et ont connu une pŽriode de plein emploi depuis la LibŽration (2).
Le ton professoral du Premier ministre Raymond BARRE indispose (mais un
professeur, auteur de deux traitŽs fondamentaux d'Žconomie politique, peut-il
tre contestŽ?). Ses rŽfŽrences aux chocs pŽtroliers ne convainquent gure bien
qu'ils furent rŽels (3).
C'est dans ce contexte que va s'ouvrir
une campagne dont l'issue se prŽsente au mieux pour Franois MITTERRAND. Ds
mars, diverses indications prŽcises laissent supposer sa victoire. L'argument
d'un PS otage du PCF est naturellement tombŽ depuis la rupture du Programme
commun.
La campagne Žlectorale est
particulirement vive, et du style "tous contre un" (GISCARD), mais
aussi chacun pour soi, ˆ l'exception d'un article de la . . .
"Pravda" (du 13 mars) qui fait sensation, et diversement interprŽtŽe
mais plut™t favorable au sortant.
Dix candidats sont retenus par le
Conseil constitutionnel sur soixante-quatre prŽtendants (dont l'un se dit
"l'inventeur du moteur ˆ air"). LE PEN qui n'a pas obtenu les
signatures nŽcessaires. COLUCHE a ŽtŽ dissuadŽ de poursuivre sa campagne
Žlectorale commencŽe sur la scne du Gymnase en 1980 (4).
Tous les candidats sont connus, mais leur
appartenance politique (souvent de la mme "mouvance") crŽe un
certain malaise qui tend ˆ banaliser une des Žlections cardinales de la
RŽpublique. Si certaines de ces candidatures sont logiques, d'autres ne
s'expliquent gure que par le dŽsir de "para”tre" ou plus
mesquinement afin de monnayer les voix obtenues auprs des deux candidats
restŽs seuls en lice pour le second tour.
1- Lutte Ouvrire sera une fois de plus
reprŽsentŽe par Arlette LAGUILLER.
2- Le Parti communiste sera une fois de
plus reprŽsentŽ par son secrŽtaire gŽnŽral Georges MARCHAIS.
3- Le PSU (moribond, mais qui bouge
encore!) par la sympathique Huguette BOUCHARDEAU.
4- Franois MITTERRAND pour le PS en est
ˆ sa troisime tentative.
5- Michel CRƒPEAU (maire de La Rochelle)
reprŽsente les Radicaux de gauche (MRG)
6- Brice LALONDE pour les Žcologistes.
7- Valery GISCARD D'ESTAING (UDF)
8- Jacques CHIRAC qui bŽnŽficie du
soutien du PPR, sinon de tous les gaullistes (ceux qui n'ont pas apprŽciŽ
l'abandon de CHABAN-DELMAS en 1974)
9- Michel DEBRƒ, sans l'appui d'aucun
parti, estime que la situation en France est tellement dŽtŽriorŽe que seules
des mesures de salut public sont indispensables. Pas de dŽmagogie mais une
action vigoureuse et dirigiste. En somme une sorte "d'appel" trs
gaullien. Malheureusement pour lui, cet appel ne peut tre compris que par les
rares initiŽs qui ont suivi sa carrire (5).
RŽsultats (1er tour) :
Banyuls DŽpartement MŽtropole
Inscrits:
3256 (+ 52 / 1978) 225.029 36.398.859
Abst.: 713 (21,90%) (22,27%) (18,90%
)
Votants:
2543 (78,10%) (77,73%) (81,09%
)
Blancs: 30 ( 1,98%) ( 1,81%) ( 1,62% )
S.Expr.:
2513 (77,18%) (76,32%) (79,78%
)
MITTERRAND:
747 (29,73% S.E) 25,49% S.E 25,84%
S.E
MARCHAIS:
407 (16,20% --) 20,87% -- 15,34%
--
CRƒPEAU: 74 ( 2,94% --) 2,22% -- 2,21% --
BOUCHARDEAU: 31 (
1,23% --) 0,89% -- 1,10% --
LAGUILLER: 58 ( 2,31% --) 2,18% -- 2,30% --
LALONDE: 98 ( 3,90% --) 3,72% -- 3,87% --
GISCARD D'E.:
617 (24,55% --) 26,53% -- 28,31%
--
CHIRAC:
425 (16,91% --) 15,38% -- 17,99%
--
GARAUD: 30 ( 1,19% --) 1,27% -- 1,33% --
DEBRƒ:
26 ( 1,03% --)
1,35% -- 1,65%
--
Remarques :
Les abstentions sont trs lŽgrement supŽrieures ˆ
celles de 1974 (1%) et de 1978 (1,58%). Les votes blancs sont difficiles ˆ interprŽter,
ils ont doublŽ par rapport ˆ 1974, l'on observe l'absence de candidats
royalistes et d'extrme droite (LE PEN).
F. MITTERRAND, qui n'est plus le
candidat unique de la gauche, retrouve une partie des voix du PS en 1978
(presque toutes celles de JOMAIN, -28). Son pourcentage est plus ŽlevŽ qu'au
plan national (+4%), mais si on le crŽdite des voix du MRG il ferait 821 (soit
+ 46 voix par rapport ˆ JOMAIN).
G. MARCHAIS subit un grave Žchec et
perd, en voix et pourcentage, aussi bien ˆ Banyuls (-142) qu'au plan national
(-5,91%) par rapport ˆ 1978. Des sympathisants communistes ont votŽ
"utile", donc directement pour MITTERRAND, du moins ce sera la
version fournie par la direction du PCF (ce qui lui Žvitera une analyse plus
approfondie de son recul) (6). Ce n'est pas Žvident pour Banyuls, sauf si l'on
admet qu'une partie des voix de JOMAIN lui Žtait plus personnelle que
rŽellement de gauche lors du second tour.
Le Mouvement des Radicaux de Gauche ne
fait pas recette ˆ Banyuls (pour les mmes raisons d'efficacitŽ), tandis
qu'Arlette LAGUILLER fait les voix de son reprŽsentant local plus celles
de la LCR en 1978.
Le PSU, dans lequel Huguette BOUCHARDEAU
a remplacŽ Michel ROCARD (qui a rejoint le PS), se marginalise totalement dans
le pays. Mais la prŽsence de l'Žcologiste Brice LALONDE lui a sans doute pris
des voix. Avec plus d'un million de voix, les Žcologistes confirment leur score
des europŽennes de 1979, et peuvent ainsi prŽtendre ˆ la crŽation d'un nouveau
parti dans le paysage politique franais.
GISCARD D'ESTAING accro”t ses voix par
rapport ˆ sa premire Žlection (+85), mais depuis 1974 le nombre des inscrits
s'est accru (+314). Son "avancŽe" ne correspond qu'ˆ 27% de ceux-ci.
Il n'est malheureusement pas possible
d'Žtablir la mme comparaison avec F. MITTERRAND, sinon de dŽduire
artificiellement les voix du PCF ˆ cette Žpoque: soustrayons par hypothse les
"non" (PCF) du rŽfŽrendum de 1972 (1291 - 508 = 783), donc : 821 -
783 = + 38, soit 12,10% des nouveaux inscrits.
Une autre observation peut tre faite
sur l'Žvolution des pourcentages: GISCARD a rŽgressŽ de 33 ˆ 28% (-5%) au plan
national, et a progressŽ ˆ Banyuls seulement de 23 ˆ 24,5%.
Rien n'indique ˆ partir des chiffres un
progrs significatif de MITTERRAND par rapport ˆ 1974 (+46 voix au mieux). La
somme des voix cumulŽes ˆ gauche est de 50,66%, la barre Žchappe des mains de
GISCARD qui ne peut faire mieux que 49,28%, sauf un afflux d'abstentionnistes
en sa faveur au second tour.
La prŽparation du second tour rŽvle les
conditions mises par le PCF pour son soutien ˆ MITTERRAND: des ministres
communistes dans un futur gouvernement, ou rien.
Quant ˆ CHIRAC, s'il fait remarquer
qu'il n'y a pas lieu ˆ dŽsistement (puisque seuls les deux premiers sont
retenus pour le second tour), il conseille ˆ chacun de voter . . . selon sa
conscience. Certains responsables du RPR sont plus explicites dans des lettres
circulaires en appelant carrŽment ˆ voter pour F. MITTERRAND (7). Il Indique
qu'ˆ titre personnel il votera pour GISCARD du fait des dangers que font courir
au pays le programme Žconomique de F. MITTERRAND (les nationalisations) et de
la prŽsence des communistes au pouvoir.
S'il est admis qu'en cas de victoire du
candidat de gauche il y aura "Žventuellement" quelques ministres
communistes (sans nŽgociation prŽalable avec le PCF, du moins officiellement),
des Žlections lŽgislatives devront avoir lieu aprs les prŽsidentielles. La
virulence de la campagne de G. MARCHAIS contre MITTERRAND (les propos d'AndrŽ
TOURNƒ lors de la venue du leader du PCF sous un chapiteau ˆ Perpignan
rappelaient ceux des annŽes 49-50) rŽvle qu'aucun accord au fond n'est
intervenu avec le PS. Cette situation conflictuelle, la rupture du Programme
commun, la position Žlectorale du PCF affaiblie au sein de la gauche, dŽsamorce
l'argumentation de la droite d'un MITTERRAND otage du PCF.
Pour MITTERRAND, la rŽfŽrence n'est plus
le Programme commun, mais 110 propositions centrŽes sur les nationalisations
des grands groupes bancaires et de grandes sociŽtŽs.
RŽsultats (2 me tour) :
Banyuls DŽpartement MŽtropole
Inscrits: 3256 (+314 / 1974)
224.873 36.392.678
Abst.: 475 (14,59% ) (15,43%) (14,13%)
Votants: 2781 (85,41% ) (84,57%) (85,86%)
Blancs:
71 ( 2,55% ) ( 2,91%) ( 2,84%)
S.Expr.: 2710 (83,23% ) (82,11%) (83,43%)
MITTERRAND:
1572 (58,00% S.E)
(56,30% S.E) (51,75%
S.E)
GISCARD: 1138 (42,00%
--) ( 43,70%
--) (48,24%
--)
Remarques :
Au total 1 066 811 voix sŽparent les deux
candidats, soit un accroissement de 1 491 410 voix en plus pour MITTERRAND par
rapport aux prŽsidentielles de 1974. Or l'accroissement des inscrits a ŽtŽ trs ŽlevŽ: 6 614 128 (soit
+22,21%/ 1974).
Ë Banyuls, le nombre des inscrits s'est
accru de +314, soit +10,67% par rapport ˆ 1974. Les abstentions ont rŽgressŽ
par rapport au 1er tour (-7,31%) comme ˆ l'Žchelle nationale (-4,77%), par
contre les blancs et nuls ont lŽgrement augmentŽ (Banyuls : +0,57%, MŽtropole:
+1,22%)
MITTERRAND n'a gagnŽ que 70 voix depuis
1974, soit 22,29% des nouveaux inscrits, alors que GISCARD en a gagnŽ 199, soit 63,38% .
Le report de toutes les voix de gauche
et d'extrme gauche sur MITTERRAND au second tour donne 1415 (soit un accroissement de +157 voix)
alors que pour GISCARD le gain est
de +481 voix (soit 40 voix de plus que la somme thŽorique du 1er tour (total
VGE + CHIRAC + DEBRƒ + GARAUD = 1098 ) .
Il y a eu 238 votants en plus au second
tour, mais 41 bulletins blancs en plus (soit 197 exprimŽs). MITTERRAND aurait donc
rŽcupŽrŽ 66,2% des nouveaux Žlecteurs du second tour, contre 16,8% pour GISCARD
(sans prŽjuger des chassŽs-croisŽs possibles) (8). La discipline ˆ gauche comme
ˆ droite para”t avoir ŽtŽ parfaitement respectŽe ˆ Banyuls.
Sur le plan national, il n'en aurait pas
ŽtŽ de mme puisque l'on estime que l'accroissement des votes blancs ou nuls
est imputable ˆ des Žlecteurs de GISCARD, et que prs de 1 million de voix
recueillies par CHIRAC, DEBRƒ et GARAUD au 1er tour se seraient reportŽes sur
MITTERRAND au second. Ce dernier tire ainsi les marrons du feu du conflit qui a
opposŽ durant tout le septennat les "gaullo-chiraquiens" ˆ GISCARD.
"France-soir" titre le 12: Vote
Historique, pour la premire fois un
socialiste est Žlu prŽsident de la RŽpublique au suffrage universel.
Si les jeunes se font quelques
illusions, les plus anciens ne s'en font gure sur la nature du socialisme de
Franois MITTERRAND, et pour certains ne sableront pas le champagne pour
autant. Les candidats ont passŽ sous silence durant la campagne les contraintes
imposŽes par l'intŽgration de la France dans la CEE et les rglements
communautaires, sans parler de dŽmagogie concernant le ch™mage (affiche
Žlectorale sur fond d'Žglise rurale, alors que de nombreux agriculteurs et
Žleveurs seront conduits ˆ quitter leur terre) (9). Si l'on estime ne pas
devoir maintenir des archa•smes Žconomiques du passŽ, que sont les projets
concrets de reconversion pour les grands bassins d'emploi ?. Le dŽveloppement
du tertiaire et les technologies de pointes ne seront sans doute pas
suffisantes. "That is the question". . . dont on attend toujours la
rŽponse ! [N. de l'a.]. Ces
questions avaient dŽjˆ ŽtŽ posŽes lors du remplacement des poinonneurs du
mŽtro parisien (rendus cŽlbres par une chanson de Serge GAINSBOURG "Des
petits trous") par d'affreux tourniquets automatiques. LibŽration de
l'homme par la machine (10). Comment concilier les demandes de dŽlocalisations
rŽclamŽes par les pays en voie de dŽveloppement et nos industries nationales.
Sans compter sur une immigration permanente. Quadrature du cercle que seuls des
magiciens de cirque ont su rŽsoudre (11).
Notes annexes :
(1) ValŽry GISCARD D'ESTAING: l'Žtat
de la France. Edit. Fayard (1981).
Cf. du mme auteur: Le pouvoir et la vie 2- L'affrontement. Edit. Cie12
(1991).
(2): De 1974 ˆ fin 1980 le nombre des demandeurs d'emplois a quadruplŽ passant de 389 300 ˆ 1 680 300. Le taux de ch™meurs (7,3%) est Žquivalent de celui de l'Italie et ˆ peine moins de celui de la Grande-Bretagne (8,6%), contre seulement 4,3% en RFA. ("Le Monde", Dossiers & Documents, Supplt. Mai 1981)
(3) AndrŽ MARCHAL et Raymond BARRE:
ƒconomie politique I & II. PUF (1956). Cf. l'article de Jacques-Marie
VASLIN in
"Le Monde" du18/11/2003.
(4) : Les rgles de parrainage ont
ŽtŽ modifiŽes depuis l'Žlection prŽsidentielle prŽcŽdente afin de limiter le
nombre des candidats : obtention des signatures de 500 Žlus (maire, conseiller
gŽnŽral ou parlementaire) rŽpartis dans 30 dŽpartements, dont les signataires
seront dŽclarŽs publiquement. Pour J-J. BECKER (1988) cette nouvelle rgle
aurait empchŽ J-M. LE PEN, comme A. KRIVINE, de se prŽsenter. A. PEYREFITTE
Žvoque les discussions ˆ ce sujet dans son ouvrage "C'Žtait DE
GAULLE". (op. cit.,1994).
(5) Michel DEBRƒ: Lettre ouverte aux
Franais sur la reconqute de la France. Edit. Albin Michel (1980). Je dois ˆ
son pre Robert DEBRƒ, cŽlbre mŽdecin des H™pitaux de Paris, d'tre peut-tre
encore en vie suite ˆ l'Occupation. Double dette ˆ l'Žgard de deux hommes qui
ont fait beaucoup pour la Science. Cf. R. DEBRƒ: L'honneur de vivre;
TŽmoignage. Edit. Hermann & Stock (1974).
Au cours du mois de
fŽvrier 2004, a lieu une vaste protestation des chercheurs scientifiques de
divers organismes (CNRS, INSERM) concernant la non attribution de crŽdits
attribuŽs aux laboratoires. La prŽcaritŽ des postes et la faiblesse des
recrutements mettent en danger l'avenir de la recherche fondamentale et
appliquŽe (dont la mŽdecine, ce qui est de nature ˆ sensibiliser nos
concitoyens). ƒvolution malheureusement prŽvisible depuis de nombreuses annŽes.
L'article de Jean DANIEL (in "Le Nouvel Observateur" du 26/2-3/3/2004, page
49) confirme mon propos concernant le r™le trs actif et positif de Michel
DEBRƒ dans tous les domaines de la Recherche. Grand dŽfenseur des services
publics et sans doute le dernier des Éjacobins. L'un de ses fils Jean-Louis
DEBRƒ, qui deviendra dŽputŽ RPR et prŽsident de l'AssemblŽe nationale, groupie
de CHIRAC, reprendra plus timidement la flamme paternelle sous le gouvernement
RAFFARIN en 2003.
(6) Cf. Tony JUDT: Le marxisme et la
gauche franaise. 1830-1981. Edit. Hachette (1987).
(7) Cf. l'ouvrage sous le pseudonyme
de CATON: De la reconqute. Edit. Fayard (1983).
(8): Une analyse des registres
d'Žmargements montre que 284 inscrits ne se sont dŽplacŽs pour aucun des deux
tours des Žlections prŽsidentielles et lŽgislatives suivantes (soit 8,72%). Ils
constituent bien des abstentionnistes chroniques. On dŽnombre de 153 ˆ 131
abstentionnistes aux 2 tours de cette seule Žlection prŽsidentielle, l'incertitude
est de 22 inscrits ˆ mettre au compte d'erreurs de relevŽ.
Parmi les abstentionnistes 60
votants du 1er tour ne viennent pas au second et 276 qui n'Žtaient pas venus au
1er se dŽplacent pour le second tour (notons qu'il n'y a pas de diffŽrence
entre les bureaux de vote). Le calcul des reports possibles doivent donc tenir
compte de ces donnŽes. Ce n'est plus 238 mais 276 votants qui sont ˆ rŽpartir
au second tour et 60 ˆ retrancher.
Dans l'hypothse d'un report
disciplinŽ, on aurait: MITTERRAND = 1572 -1317 = + 255 voix ˆ trouver, et
seulement +157 voix si les Žcologistes se sont reportŽs sur le candidat de
gauche; GISCARD = 1138 - 1098 = + 40 voix ˆ trouver; et pour l'accroissement
des votes blancs = + 41. Soit un total de 298 voix (ˆ 22 prs) puisque 60
Žlecteurs ne sont pas revenus.
(9): Les ch™meurs dans le
dŽpartement sont passŽs de 5395 en 1975 ˆ 14528 en 1982 (dont 5552 de moins de
25 ans, et 8064 des femmes) alors
que la population totale n'a progressŽ au cours de la mme pŽriode que de 300
000 ˆ 335 000. (Source INSEE).
Quelles sont les limites du ch™mage
supportable . . . pour les contribuables !, indŽpendamment de l'aspect moral
qu'il pose et de l'insŽcuritŽ qu'il occasionne. Si la France est historiquement
terre d'immigration, les Franais ne souhaitent gure quitter leur rŽgion et
encore moins leur pays. On observe une corrŽlation entre les courbes
d'accroissement du ch™mage et de l'extrme droite.
(10) Cf. RenŽ LECLéRE: LibŽrer la
France de sa "Nomenklatura". Edit. CPE (1986)
(11) Vu lors d'une Žmission de
tŽlŽvision: Le plus grand grand cabaret du monde de Patrick SƒBASTIEN.
43 -
LŽgislatives des 14 et 21 juin 1981
Dans la foulŽe de l'Žlection
prŽsidentielle les Franais sont toujours mobilisŽs, peut-tre plus ˆ gauche
qu'ˆ droite o les rancunes entre leaders ne sont pas effacŽes.
Pierre MAUROY est le nouveau Premier
ministre. Tous les ministres appartiennent au PS et au MRG chargŽ de prŽparer
les Žlections lŽgislatives. Une curiositŽ
dans cette Žquipe: la prŽsence de Michel JOBERT (ancien conseiller de
Georges POMPIDOU).
La campagne se dŽroule dans le calme et
sur le thme du soutien au nouveau prŽsident de la RŽpublique dans le cadre de
ses 110 propositions.
Le PCF insiste sur le r™le qu'il a jouŽ
dans l'Žlection de MITTERRAND au second tour, et la nŽcessitŽ de sa prŽsence au
gouvernement
Dans le dŽpartement, malgrŽ la
dŽsignation ˆ une Žcrasante majoritŽ de Michel JOMAIN comme candidat du PS par
la fŽdŽration dŽpartementale, c'est finalement Mme RenŽe SOUM qui sera imposŽe
par la direction nationale (sous le prŽtexte d'un nŽcessaire quota de femmes)
dans la 1 re circonscription, ce qui ne sera pas sans crŽer des remous. Un
socialiste dissident (ex-SFIO et ex-PS) sera mme contactŽ par d'anciens
camarades pour se prŽsenter contre elle (mais les Kamikazes sont une spŽcialitŽ
japonaise comme chacun sait et non franaise) (1).
Quelques changements de candidats depuis
les prŽcŽdentes lŽgislatives de 1978 : Si SOUM (mitterrandiste)
"prend" la place de JOMAIN (rocardien) pour le PS, Patrice BERTRAND
(RPR) ne sera pas prŽsentŽ puisque Paul ALDUY (dŽputŽ sortant, maire de
Perpignan, Vice-PrŽsident de l'UDF) reprŽsentera la majoritŽ sortante avec Jean
VILA (maire de Port-Vendres) comme supplŽant. Ces derniers seront discrets dans
leurs rŽfŽrences ˆ l'Union pour la nouvelle majoritŽ (U.N.M) Pour les catalanistes MAYOL remplace
PALAGOS.
Henri
COSTA pour le PCF et Georgette LOPEZ pour le PSU Žtaient candidats en 1978.
Le
mouvement catalaniste prŽsente l'avocat Miquel MAYOL (Esquera Catalana del Traballadors)
RŽsultats (1 er tour) :
Banyuls Circonscription MŽtropole
Inscrits:
3256 (+ 52 /1978) 130.314 35.536.041
Abst.: 978 (30,04%) (34,46%) (29,13%)
Votants:
2278 (69,96%) (65,54%) (70,86%)
Blancs: 52 (
2,28%) ( 2,07%) ( 1,43%)
S.Expr.:
2226 (68,37%) (64,18%) (69,85%)
SOUM: 883 (39,67% S.E) (33,68%
S.E)
COSTA: 418 (18,78% -
-) (23,05%
- -)
ALDUY: 836 (37,56% -
-) (40,68%
- -)
LOPEZ: 53 ( 2,38% -
-) ( 1,24% - -)
MAYOL: 36 ( 1,62% -
-) ( 1,35% - -)
CONDET: 0
MŽtropole: PCF:
16,12% S.E; PSU: 1,25% S.E; PS + MRG: 38,02% S.E; Ecologistes: 1,09% S.E (mais
3,11 % S.E. dans les circonscriptions o ils sont prŽsents); RPR: 20,91% S.E;
UDF: 19,16% S.E; Divers Dte: 2,66% S.E; Extr-Dte: 0,36% S.E .
Remarques :
Les abstentions sont ŽlevŽes pour ce
premier tour, bien supŽrieures ˆ celles de 1978 (+9,72%), et du mois prŽcŽdent (+8,14%).
RenŽe SOUM (malgrŽ les critiques sur sa
candidature au sein de sa fŽdŽration dŽpartementale) bŽnŽficie du choc
psychologique de l'Žlection de Mitterrand (+108 voix par rapport ˆ JOMAIN en
1978), et mme plus que la somme MITTERRAND + CRƒPEAU (+62). Elle para”t
bŽnŽficier des voix des Žcologistes (Alain BOMBARD n'est-il pas secrŽtaire
d'ƒtat ˆ l'Environnement).
Le candidat du PCF perd des voix par
rapport ˆ 1978 (-131), mais fait un peu mieux que G. MARCHAIS aux
prŽsidentielles (+11 voix). Son noyau de fidles se condense un peu plus. Son
score ˆ Banyuls tend ˆ se confondre avec le pourcentage national
Paul ALDUY, dŽjˆ en perte de vitesse en
1978, ne retrouve pas la somme des voix de l'ancienne majoritŽ plus les siennes
propres (-174). Son exclusion du PS en 1976 (bien que son cas n'apparaisse pas
trs diffŽrent de celui de Gaston DEFFERRE ˆ Marseille lors des municipales),
puis son ralliement ˆ l'UDF (dans la composante social-dŽmocrate) le prive
d'une partie de son Žlectorat socialiste modŽrŽ (environ 6 ˆ 10%) (2).
Le PSU progresse de . . . 12 voix par
rapport ˆ 1978, et de 22 par rapport ˆ son leader aux prŽsidentielles. Les
autonomistes catalans (Esguerra Catalana) gagnent . . . 7 voix.
Pour le second tour restent seuls en
prŽsence RenŽe SOUM et Paul ALDUY.
RŽsultats (2 me
tour) :
Banyuls Circonscription
Inscrits:
3256
Abst.: 744 (22,85%) (26,06%)
Votants:
2512 (77,15%) (73,94%)
Blancs: 55 (
2,19%) ( 2,38%)
S.Expr.: 2457 (75,46%) (72,18%)
SOUM: 1517 (61,74% S.E) (58,33%
S.E)
ALDUY: 940 (38,26% --) (41,67%
--)
Remarques :
Les abstentions ont nettement rŽgressŽ
(-234) ˆ Banyuls comme dans la circonscription.
Comme cela Žtait prŽvisible les
abstentionnistes du 1er tour qui sont venus voter au second se sont ˆ peu prs
Žgalement partagŽs entre les deux candidats : +104 pour ALDUY et +127 pour SOUM
(total: 231, donc 3 votants ont votŽ blanc. 52 + 3 = 55 nuls). Le compte est
mathŽmatiquement bon et suppose que ceux qui avaient votŽ nul au 1er tour ont
recommencŽ au second, et que SOUM a cumulŽ toutes les voix du PCF + PSU +
Catalanistes + toutes les siennes du 1er tour.
Une telle probabilitŽ ˆ 100% est peu
vraisemblable, mais dans cette Žlection le chassŽ-croisŽ des Žlecteurs a dž
tre extrmement faible . (3)
ALDUY est loin de faire le score de
l'UDR + RPR du 1er tour des prŽsidentielles (1042 - 940 = -102), et plus encore
par rapport au 2 me tour des lŽgislatives de 1978 (1168 - 940 = -228).
Conclusion :
RenŽe SOUM est la premire femme des
PyrŽnŽes-Orientales ˆ devenir dŽputŽ, n'ayant jamais eu aucun mandat Žlectif
quelconque et inscrite au Parti socialiste depuis 1973, mais soutenue par la
FEN dŽpartementale.
Pour la premire fois dans l'histoire,
le Parti socialiste obtient la majoritŽ absolue avec 269 dŽputŽs, et 283 avec
le MRG sur 491 siges, gr‰ce au scrutin majoritaire. Le PCF a 44 Žlus, et les divers gauche 6.
A droite le RPR a 83 Žlus et l'UDF 61,
les divers droite 11.
Le second gouvernement MAUROY est connu
le 23 juin (4). Il comprend ˆ la suite d'un accord de gouvernement entre le PS
et le PCF, quatre ministres communistes (Anicet LE PORS : Fonction publique,
Charles FITERMAN : Transports, Jack RALITE : SantŽ, Marcel RIGOUT : Formation
professionnelle).
Parmi les nombreuses rŽformes qui seront
mises en Ïuvre, deux intŽressent les futures Žlections.
La premire modifie le mode de scrutin
municipal o dŽsormais dans les petites communes de 3500 habitants et plus, le
panachage ne sera plus possible. Un systme mi-majoritaire, mi-proportionnel
s'appliquera. Ce mŽcanisme mis au point par le ministre de l'intŽrieur Gaston
DEFFERRE est discutable. S'il a l'avantage d'introduire des membres d'une
opposition ˆ l'intŽrieur d'un conseil municipal, il a l'inconvŽnient pour les
petites communes de "politiser" les listes, et impose de trouver 27
noms par liste.
La seconde supprime le scrutin majoritaire d'arrondissement
pour les lŽgislatives, et revient
ˆ l'ancien mode de scrutin dŽpartemental ˆ la proportionnelle (ce qui
provoquera le dŽpart de Michel ROCARD du gouvernement en dŽsaccord sur cette
rŽforme, du moins ce sera le motif invoquŽ).
Notes annexes :
(1) Au cours d'un vote interne de la
fŽdŽration du PS dont elle est SecrŽtaire dŽpartementale, R. SOUM elle ne
recueillera que 106 voix, contre 186 ˆ M. JOMAIN et 106 ˆ J. MARTI. La
direction nationale l'imposera et Claude ESTIER viendra la soutenir. Cf. Louis
MONICH (op. cit.
1999). Il n'y avait que 7% de femmes Žlues dŽputŽs en 1945 et elles ne seront
encore que 6% en 1988.
(2) Pour Paul ALDUY, la mairie de
Perpignan prime sur tout autre mandat. L'Žlectorat de Perpignan, plus ˆ droite
que le reste du dŽpartement, dictera sa conduite.
(3) 284 inscrits ne sont venus ˆ
aucun des deux tours (de mme que lors des Žlections prŽsidentielles
prŽcŽdentes), soit 8,72% du total des inscrits. 102 ne sont venus qu'au 1er
tour et 315 que lors du 2 me tour. Un calcul plus prŽcis des reports doit donc
prendre en compte ces nombres.
Le
total PS + PCF + PSU + Catal. = 1390, soit un gain de +127 sur les 315 votants
nouveaux (40,3%). ALDUY accro”t son score de +104 sur le nouvel apport des 315
(33,1%). Comme il n'y a qu'un seul candidat UDF-RPR, tout laisse supposer que
les 102 votants qui ne sont pas revenus au 2 me tour sont des voix de gauche
qui ont ŽtŽ compensŽes par celles des 315 abstentionnistes du 1er tour. Dans
cette hypothse ce sont 225 voix qui se sont portŽes sur SOUM (soit 77%). En
gros les 2/3 des nouveaux votants. Le calcul initial, bon mathŽmatiquement,
Žtait donc inexact du fait du chassŽ-croisŽ des Žlecteurs. L'imprŽcision porte
sur 21 inscrits (nombre identique ˆ celui des prŽsidentielles).
(4) Cf. Thierry PFISTER: A Matignon au temps de la gauche. Edit. Hachette (1985).