49 - PrŽsidentielles des 24 avril
et 10 mai 1988
La cohabitation, expŽrience nouvelle
sous la Ve RŽpublique, et que certains redoutaient pour les Institutions, se
dŽroule d'une manire satisfaisante de ce point de vue (du moins en apparence).
Franois MITTERRAND, le pourfendeur de la Constitution de 1958, de l'armement
nuclŽaire et des ventes d'armes ˆ l'Žtranger, s'est parfaitement acclimatŽ au
r™le d'un PrŽsident au-dessus du quotidien (1).
Aux nationalisations qui ont cožtŽ fort
cher, succdent les privatisations sous ƒdouard BALLADUR (ministre de
l'ƒconomie). Seul point commun entre les ministres des finances du PS et du
RPR, l'inflation est contenue comme elle ne l'avait jamais ŽtŽ en France,
imposŽe par le serpent monŽtaire europŽen (la politique Žconomique de la
France se fait "ˆ la
corbeille" et. . . ˆ Bruxelles). Le ch™mage stagne autour des 3 millions,
accompagnŽ de mesurettes provisoires qui durent (style "TUC", stages
de formation, travail ˆ mi-temps) et crŽent autant de sous-smicards.
ConformŽment ˆ l'article 20 de la
Constitution, le gouvernement dŽtermine et conduit la politique de la nation .
. . en consŽquence sa cote baisse dans les sondages, tandis que celle de
MITTERRAND monte.
Nul ne doute que Jacques CHIRAC sera
candidat ˆ l'Žlection prŽsidentielle, de mme que Raymond BARRE qui s'avance du
pas de la tortue (Barzy, l'ours du BŽbte-Show de la tŽlŽ, lanant des coups de
patte en direction des "cohabitationnistes" et du "microcosme
politicien").
Quant ˆ GISCARD D'ESTAING, il garde une
neutralitŽ prudente entre les deux anciens premiers ministres de son septennat
(certains se demandent s'il ne mŽnage pas MITTERRAND en prŽvision des Žlections
europŽennes de 1989, o il ambitionne de jouer un r™le: le premier
naturellement).
Bien que MITTERRAND ne se dŽclare pas
candidat, beaucoup pensent qu'il est le seul au PS ˆ pouvoir se succŽder ˆ
lui-mme.
Michel ROCARD, comme ˆ la prŽsidentielle
prŽcŽdente, se dŽclare candidat si . . .
et ˆ toutes fins utiles pour devancer ses petits camarades, en rŽponse,
Jean-Pierre CHEVéNEMENT, aussi. On les considre l'un et l'autre comme les
ailes droite et gauche du sphinx de l'ƒlysŽe (ˆ ne pas confondre avec la momie
de la pyramide du Louvre).
Certes l'‰ge de MITTERRAND (71 ans) sera
"gentiment" soulignŽ par Jacques CHIRAC.
Si en France, on se torture l'esprit
pour savoir "s'il sera ou non candidat", ˆ l'Žtranger (cela existe)
on le donne dŽjˆ vainqueur depuis . . . plusieurs mois, comme d'ailleurs
Georges BUSH aux USA (Žgalement en campagne des prŽsidentielles), et Salinas DE
GORTARI chez mes amis mexicains. J'ai suivi en six mois. . . 3 campagnes
prŽsidentielles !
Ë Ensenada (Baja California) o je
rŽsidais, les Mexicains m'interrogeaient surtout sur la montŽe du racisme en
France. Une triste image de la France dans un pays francophile, et qui rappelle
ˆ ceux de ma gŽnŽration des souvenirs sinistres.
Bien
que loin de Banyuls, mais dans un cadre qui me le rappelle, avec ses vignes et
un paysage semblable ˆ celui de la Baillaury multipliŽe par 100, les
informations dans les journaux amŽricains Žtaient fort bien documentŽes, les
ŽvŽnements de Nouvelle-CalŽdonie (OuvŽa) comme le problme des otages au Liban
y Žtaient largement ŽvoquŽs.
J'ai reu la "Lettre ˆ tous les
Franais" qui est loin du Programme commun, mais constitue sans doute pour
nombre d'Žlecteurs de gauche la carte forcŽe comme celle des prestidigitateurs.
La liste des candidats n'apporte que peu
de surprises, mme pas la prŽsence de deux communistes, l'orthodoxe (si l'on
peut dire) AndrŽ LAJOINIE et le contestataire, dit rŽnovateur, Pierre JUQUIN.
Arlette est toujours lˆ, signe au moins
de bonne santŽ et de . . . persŽvŽrance, et un trotskiste Pierre BOUSSEL, dont
la candidature cŽlbre le 50 me anniversaire de la crŽation de la 4 me
internationale en prŽsence du fils de TROTSKI (assassinŽ ˆ Mexico par les
agents de STALINE).
Antoine WAECHTER, conseiller rŽgional
d'Alsace, ancien membre du ComitŽ Economique et Social, IngŽnieur Žcologue
[sic], assume la succession de RenŽ DUMONT candidat en 1974 et de Brice LALONDE
en 1981 pour ces prŽsidentielles. "L'Žcologie est au rendez-vous. Plus
qu'un vote, c'est le choix de la vie".
Jean-Marie LE PEN est de nouveau
candidat (dŽjˆ en 1974) et s'en prend naturellement aux politiques successives
de la gauche (marxiste) et de la "non-droite" (sous-entendu CHIRAC et
BARRE): "Pourquoi feraient-ils demain ce qu'ils n'ont pas su faire hier ?
Cette fois-ci j'ai compris. Je vote LE PEN " (sic). La cible essentielle
est J. CHIRAC avec rŽfŽrence au Sida: les socialo-positifs que sont le RPR et
l'UDF.
En avril la moyenne des sondages de six
instituts (in
"L'IndŽpendant" du 17/4) donnait 36,4% pour MITTERRAND, 23,25% pour
CHIRAC, 16,5% pour BARRE et 11,1% pour LE PEN, LAJOINIE 6%, JUQUIN 2,25%,
WAECHTER 2,5%, LAGUILLER 1%. Pour le second tour MITTERRAND est donnŽ gagnant
devant CHIRAC par 55,5 ˆ 52% .
RŽsultats (1er tour) :
Banyuls DŽpartement MŽtropole
Inscrits:
3736 (+ 95 /1986) 254.980 37.931.494
Abst.: 720 (19,27%) (20,67%) (18,52
%)
Votants:
3016 (80,73%) (79,33%) (81,47
%)
Blancs: 50( 1,66%) ( 1,87%) ( 2,01 %)
S.Expr.:
2966 (79,39%) (77,85%) (79,83
%)
MITTERRAND:1023 (34,49% S.E) (31,40% S.E) (34,10%
S.E)
CHIRAC: 777 (26,20% --) (17,81%
--) (19,90%
--)
BARRE: 333 (11,23% --) (13,39%
--) (16,55%
--)
LE PEN: 437 (14,73% --) (20,52%
--) (14,41%
--)
LAJOINIE: 195 (
6,57% --) ( 9,38% --) ( 6,78% --)
JUQUIN: 53 (
1,79% --) ( 2,42% --) ( 2,10% --)
LAGUILLER: 45 ( 1,52% --) ( 1,56% --) ( 2,00% --)
BOUSSEL:
8 ( 0,27% --) ( 0,29% --) ( 0,38% --)
WAECHTER: 95( 3,20% --) ( 3,18% --) ( 3,78% --)
Remarques :
Les abstentions sont lŽgrement
infŽrieures ˆ celles de 1981 (-2,63%), mais en nombre absolu il n'y a que 7
abstentionnistes de plus (les
inscrits ont augmentŽ de +480/ 1981).
En 7 ans, l'accroissement des inscrits
est trs ŽlevŽ et prs de 15% du corps Žlectoral correspondent ˆ un
renouvellement dŽmographique.
MITTERRAND amŽliore son score (+276
voix) du 1er tour de 1981, et de +4,76% S.E par rapport ˆ 1981. Il fait mieux
que les candidats du PS aux lŽgislatives de 1986 (+145).
CHIRAC augmente son score par rapport ˆ
1981 (+352 voix), et +9,29% des S.E./ 81, mais il est vrai qu'ˆ l'Žpoque il
s'opposait ˆ GISCARD, prŽsident sortant.
BARRE ne pouvait prŽtendre faire le
score de GISCARD en 1981, mais totalise, malgrŽ une campagne peu percutante et
des alliŽs peu fiables (comme LEOTARD), un meilleur pourcentage sur le plan
national qu'ˆ Banyuls, alors que c'est l'inverse pour CHIRAC. Son rŽsultat est cependant
loin d'tre ridicule puisqu'il talonne CHIRAC plus dynamique, et disons-le, qui
a pris un risque avec la cohabitation, sans grand espoir en deux ans
d'amŽliorer trs sensiblement la situation.
Le Front national poursuit son ascension
et bat des records comme au plan dŽpartemental, puisqu'il arrive en . . .
seconde position ! Ë Banyuls, son score est plus conforme au vote national, ce
qui est tout de mme assez Žtonnant, et gagne + 48 voix / 1986. Avec plus de 4
millions de voix, il entre É dans
"la bande des 4" si
longtemps combattue. Le Pen appelle ˆ voter pour "le candidat
rŽsiduel", c'est-ˆ-dire J. CHIRAC.
L'autre surprise relative est
l'effondrement du Parti communiste, du jamais vu depuis 50 ans, se condensant ˆ
son "noyau dur" (248 si l'on fait la somme de LAJOINIE + JUQUIN). O
sont les 689 voix du PCF du 21 octobre 1945 ˆ Banyuls ? Les jeunes n'ont sans
doute pas pris le relais.
L'opŽration des rŽnovateurs JUQUIN et
FIZBIN (2) justifie amplement le prŽcepte que "nul n'a raison contre son
parti".
Arlette LAGUILLER est en perte de
vitesse par rapport ˆ 1981 (-13 voix), et mme si on lui ajoute la LCR : - 5
voix.
Les Žcologistes font leur meilleur score
depuis leur apparition sur la scne politique. Avec plus de 1 million de voix
(3,78 % S.E.) sur le plan national le mouvement Žcologiste affirme bien une
prŽoccupation constante de certains. Notons que le mode de scrutin ˆ la
proportionnelle, permet l'expression de cette prŽoccupation environnementale.
ThŽoriquement la somme des voix de droite (50,86%) est supŽrieure ˆ celle
de la gauche (45,36%), et 49,14% si tous les votes verts se portaient sur
MITTERRAND. Pourtant le second tour s'annonce sans problme, la presse
amŽricaine annonce dŽjˆ le " loser ".
RŽsultats (2 me tour) :
Banyuls DŽpartement MŽtropole
Inscrits:
3736 (+480/1981) 251.855 36.061.919
Abst.: 507 (13,57%) (15,85%) (15,82%)
Votants:
3229 (86,43%) (84,15%) (84,18%)
Blancs: 85 ( 2,63%) ( 3,72%) ( 3,65%)
S.Expr.:
3144 (84,15%) (81,02%) (81,11%)
Mitterrand: 1645 (52,32% S.E) (52,61% S.E) (54,02%
S.E)
Chirac:
1499 (47,68% --) (47,39%
--) (45,97%
--)
Remarques :
Les abstentions atteignent une baisse
record ˆ Banyuls (comme d'ailleurs au plan national) avec + 213 votants en plus
au 2 me tour. Les blancs et nuls augmentent peu (+ 35).
MITTERRAND aurait dž totaliser au
maximum 1419 voix, en fait il gagne +226 voix de plus que toutes les gauches
rŽunies plus les Žcologistes.
CHIRAC aurait pu compter sur 1547 voix
en ajoutant BARRE + LE PEN. Il lui manque 48 voix: soit les 35 votes blancs et
les 13 voix qui se sont reportŽes sur MITTERRAND (des Barristes ?), car le
total est bon (213 nouveaux votants + 13 = 226). Mais comme ceci suppose que
tous les nouveaux votants du 2 me tour ont votŽ pour MITTERRAND, et qu'une
probabilitŽ de 1 est impossible, la rŽalitŽ est sans doute plus complexe et
tient sans doute dans un subtil
chassŽ-croisŽ d'Žlecteurs (3).
Les gains de MITTERRAND par rapport ˆ
1981 ne sont pourtant que de 73 voix. Si l'on suppose que tous ceux qui avaient
votŽ pour GISCARD en 1981 ont
choisi le mme camp, on aurait 480 - 73 = 407 voix pour CHIRAC (qui a gagnŽ 361
voix par rapport au second tour de 1981). Sans aller jusqu'ˆ ce nombre, on peut
effectivement penser qu'une fraction beaucoup plus importante des nouveaux
inscrits se sont bien reportŽs sur ce dernier.
En pourcentage MITTERRAND a rŽgressŽ (-
5,68%) au bŽnŽfice de CHIRAC. Sur le plan dŽpartemental, les rŽsultats sont
comparables ˆ Banyuls, alors qu'au plan national MITTERRAND l'emporte plus
largement (4). Tout laisse supposer que des Žlecteurs centristes et de jeunes
nouveaux Žlecteurs ont voulu prŽserver l'avenir, avec un PrŽsident garant des
acquis sociaux et des libertŽs, cohabitant avec une droite garante de
l'Žconomie de marchŽ [N. de l'a].
Les subtils talents dŽmagogiques de MITTERRAND et la division de la droite
comme du PCF ont assurŽ sa rŽŽlection (5).
Pour
la premire fois sous la Ve RŽpublique, un prŽsident double son septennat, et
amŽliore mme son score (+ 2,27%).
Notes annexes :
(1) Cf. Franois MITTERRAND:
Discours 1981-1995. Edit. Europolis (1995). Pierre FAVIER & Michel
MARTIN-ROLAND: La dŽcennie MITTERRAND 1 (1981-1984) & 2 (1984-1988). Edit.
Seuil (1990 & 1991).
(2) Concernant les dŽsaccords avec
son parti, on consultera le livre de H. FIZBIN: Les bouches s'ouvrent. Edit.
Grasset (1980).
(3) Un examen des cahiers d'Žmargements montre que pour les deux
tours 332 inscrits ne se sont pas dŽplacŽs (sur ce total 7 sont des inscrits de
l'Žtranger, 21 ont ŽtŽ radiŽs des listes et 17 sont dŽcŽdŽs rŽcemment), ce qui
porte le total ˆ 287 (7,68%). Parmi les inscrits 81 ne sont venus qu'au 1er
tour et 275 qu'au second.
On peut en dŽduire que 149 inscrits
se sont abstenus aux 2 tours de cette Žlection, l'imprŽcision porte sur + ou -
9 inscrits.
La somme PS + PCF + RŽnov. + L.O +
LCR = 1324, soit un accroissement de +321.
CHIRAC augmente de +722. Or BARRE +
LE PEN = 770 . Ce candidat n'a donc pas bŽnŽficiŽ de toutes les voix de droite
(- 48)
Les votes blancs ont augmentŽ de
+35.
Comment se sont reportŽs les
Žcologistes et les 275 nouveaux votants (= 370)?
(4) Certains spŽcialistes estiment
que 14 % des Žlecteurs barristes ont votŽ MITTERRAND, 5% s'abstenant. 35% de
l'Žlectorat de LE PEN n'auraient pas votŽ pour CHIRAC.
(5) Cf. Laurent FABIUS: C'est en
allant vers la mer. Seuil (1990). Cf. Michel NAUDY: P.C.F. le suicide. Edit.
Albin Michel (1986).
50 -
LŽgislatives des 5 et 12 juin 1988
Au cours du premier gouvernement dit
de cohabitation de 1986 ˆ 1988, CHIRAC alors Premier ministre, a fait rŽtablir
le scrutin majoritaire d'arrondissement (23/5/86). Les ordonnances sur le
redŽcoupage aboutissent pour le dŽpartement ˆ la crŽation de quatre
circonscriptions (Perpignan 1: la ville, Perpignan 2 qui s'Žtend vers les
Corbires, Perpignan 3 vers Prades, et Argels-CŽret).
Afin de mettre en harmonie les options
du prŽsident de la RŽpublique (rŽŽlu le 10 mai) et une majoritŽ parlementaire
(dite majoritŽ prŽsidentielle), MITTERRAND dissout l'AssemblŽe nationale.
Michel ROCARD, nouveau Premier ministre
(1), conformŽment au "programme" de F. MITTERRAND ("La lettre
aux Franais"), cherche ˆ constituer un gouvernement d'ouverture en
direction des Centristes qui font toujours partie de l'UDF (comme Michel
DURAFOUR)
Un accord sur un programme n'Žtant pas
intervenu avec le Centre DŽmocrate (Pierre MƒHAIGNERIE), seuls certains hommes
acceptent d'entrer dans le gouvernement (comme Lionel STOLƒRU).
L'ouverture est cependant dans l'air du
temps. Quelques apolitiques entrent dans ce gouvernement comme Bernard
KOUCHNER, LŽon SCHWARZENBERG (2), et un industriel Roger FAUROUX.
Dans la circonscription d'Argels-CŽret
six candidats se prŽsentent :
1- Pour le PCF: Ghislain COUSTEAU,
candidat de rassemblement des forces de gauche, Jacques MAJESTER Žtant son remplaant.
2- Pour la majoritŽ prŽsidentielle:
Henri SICRE (maire de CŽret, Conseiller gŽnŽral et rŽgional) et son supplŽant
RenŽ OLIVE (Cons. gŽnŽral de Thuir).
3- Pour l'URC (UDF-RPR): Jean XATARD et
Jacques MANYA.
4- Pour le Front National (liste Entente
Populaire et Nationale: LE PEN): Michel DE CACQUERAY-VALMENIER et son supplŽant
Denis PUITG.
5- Ecologie: Docteur Francis DƒPREZ et
Marie CAVAILLƒ, son supplŽant.
6- Candidat Royaliste d'Action
Franaise: Georges MOLY et
Marie-No‘lle BAILBƒ-MOLY.
RŽsultats (1er tour) :
Banyuls Circonscription MŽtropole
Inscrits:
3737 (+ 96 / 1986) 67.082
37.945.582
Abst.:
1204 (32,22%) (32,07%) (34,26%)
Votants: 2533 (67,78%) (67,93%) (65,74%)
Blancs: 43 ( 1,70%) ( 1,91%) ( 2,05%)
S.Expr.: 2490 (66,63%) (66,63%) (64,39%)
SICRE: 992 (39,84% S.E) (41,21%
S.E)
COUSTEAU: 220 (8,84% --) (12,35
% --)
XATARD:
838 (33,65% --) (25,63%
--)
CACQUERAY: 281 (11,29% --) (13,80%
--)
DEPREZ:
132 ( 5,30% --) ( 6,03% -- )
MOLY: 27
( 1,08% --) ( 0,99% -- )
MŽtropole: PCF:
10,99% S.E.; PS: 38,77% S.E.; MRG: 1,11% S.E.; Ecologistes: 0,35% S.E. (mais
4,81 % S.E. dans les circonscriptions o ils sont prŽsents); RPR: 19,18% S.E.;
UDF: 18,49% S.E.; Divers droite: 2,85% S.E.; FN: 8,98% S.E .
Remarques :
Les abstentions sont ŽlevŽes et leurs
causes mal dŽfinies: absence de dynamique ˆ gauche, vote du mois prŽcŽdent,
tentative d'ouverture de ROCARD qui rassure l'Žlectorat modŽrŽ, dŽsillusion
aprs la double expŽrience de 1981 et 1986.
Le candidat de la majoritŽ
prŽsidentielle (on ne dit plus du Parti Socialiste) ne fait pas le score de
MITTERRAND du mois prŽcŽdent au 1er tour (-31) ce qui est habituel, mais s'en
approche. Il progresse par rapport au 1er tour de 1986 (+202), alors que les
abstentions sont ici plus fortes (+502 ).
Le candidat UDF-RPR recule trs
nettement (-232/1986), traduisant peut-tre la dŽsunion qui rgne entre les
leaders (CHIRAC-BARRE-GISCARD-MEHAIGNERIE-LƒOTARD). Cela est d'ailleurs plus
sensible ˆ Banyuls et dans les circonscriptions rurales du dŽpartement, qu'au
niveau national (38% contre 33,7% ˆ Banyuls et 30% pour le dŽpartement).
Le FN recule (-108 /1986), mais demeure
encore devant le PCF.
Le PCF rŽgresse encore par rapport ˆ
1986 (-132), mais petit signe encourageant, c'est lŽgrement mieux que le
rŽsultat de leur candidat aux prŽsidentielles (+25). Si les positions du PCF en
1978 sur une renŽgociation du Programme commun avaient pu para”tre exagŽrŽes,
celles prises depuis l'entrŽe en vigueur du plan Žconomique de rigueur (sous
MAUROY puis FABIUS) Žtaient plus conformes ˆ la dŽfense des intŽrts des
salariŽs. Il n'est pas Žvident que l'Žlectorat communiste, dŽu par les
dŽclarations de Georges MARCHAIS (bilan globalement positif dans les pays de
l'Est, propos sur la guerre en Afghanistan, affaires SOLJENITSINE et SAKHAROV),
ait profitŽ au PS. Ë Banyuls, le PCF perd de 1981 ˆ 1988: 198 Žlecteurs, alors
que pour la mme pŽriode le candidat du PS n'en gagne que 109, avec un
accroissement des inscrits de +481.
L'Žcologiste fait 132 voix dont on
ignore l'origine, mais qui ne sont sžrement pas dues ˆ la prŽsence du . .
. Laboratoire Arago, dont
l'Žlectorat est plus diversifiŽ que d'aucuns le prŽtendent. L'absence de candidats
style Lutte Ouvrire, Ligue Communiste RŽvolutionnaire et Catalanistes
pourraient expliquer ce score en partie, sans doute fortement renforcŽ par les
dŽus du PCF, comme du PS. Et puis l'explosion de la centrale nuclŽaire de
Tchernobyl en Ukraine est intervenue.
Une curiositŽ ˆ la veille de la
cŽlŽbration du bicentenaire de la RŽvolution franaise, le candidat royaliste
fait 1% des S.E. Ce n'est pas une surprise puisque ˆ l'occasion des
prŽsidentielles de 1974 il avait dŽjˆ fait . . . 4 voix, il progresse avec 27 voix (soit de 575% !)
Le deuxime tour s'annonce plus serrŽ
que prŽvu, puisque tout se jouera sur les motivations des abstentionnistes qui
devraient diminuer.
Comme toujours, sauf le mois prŽcŽdent,
on peut supposer que la discipline de vote s'appliquera ˆ gauche comme ˆ droite
(soit 1212 contre 1146).
RŽsultats (2
me tour) :
Banyuls Circonscription MŽtropole
Inscrits:
3737 67.049 29.398.047
Abst.: 953 (25,50%) (26,62%) (29,78%)
Votants: 2784 (74,50%) (73,38%) (70,22%)
Blancs: 59 (
2,12%) ( 3,57%) ( 3,43%)
S.Expr.: 2725 (72,92%) (70,76%) (67,90%)
Sicre:
1421 (52,15%) (58,03%)
Xatard:
1304 (47,85%) (41,97%)
MŽtropole: MajoritŽ prŽsidentielle: 49,05%
S.E.; opposition: 46,80% S.E.
Remarques :
Les abstentions rŽgressent (251 votants
de plus), le pourcentage est plus faible ˆ Banyuls que pour la circonscription
et le pays. Les votes blancs augmentent de +16. C'est donc 235 voix de plus
qu'au tour prŽcŽdent qui se rŽpartissent sur les deux candidats (3).
Le PS progresse de +429 voix (reports:
PCF + PS + Ecol = 1344 ), soit un apport de 77 voix des abstentions du 1 er
tour, mais sans doute un peu plus car tous les Žcologistes n'ont pas votŽ ˆ
100% pour SICRE.
L'URC Jean XATARD (UDF+RPR) gagne + 466
voix (reports: URC + FN + Roy = 1146) soit un gain de 158 voix des abstentionnistes
du 1er tour (4).
Apparemment un plus fort pourcentage de
ces abstentionnistes du 1er tour s'est portŽ sur le candidat de l'URC (67,2%),
contre 32,8% pour SICRE.
Conclusion :
Dans notre circonscription H. SICRE
devient dŽputŽ pour la premire fois (c'est aussi le premier dŽputŽ-maire dans
l'histoire de CŽret (5). Pierre ESTéVE (PS) dans la 2 me circonscription
Žlimine d'un seul coup deux dŽputŽs sortants (AndrŽ TOURNƒ du PCF et Pierre
SERGENT du FN). Dans la 3 me RenŽe SOUM est battue par Jacques FARRAN (UDF):
51,52% (4), la primaire au 1er tour avec Franois BEFFARA (maire de Millas)
Žgalement du PS portait en germe cet Žchec. Dans la 1re circonscription Claude
BARATE (RPR) bat Louis CASEILLES (PS) avec 53,18%.
La nouvelle AssemblŽe comprend: 27 PCF
(- 8), 276 PS + MRG + divers G (+ 62), 130 UDF (- 2), 128 RPR (- 30), 1 FN (-
31), 6 non inscrits.
Au total la majoritŽ prŽsidentielle
(MITTERRAND) n'obtient pas la majoritŽ absolue puisque le PCF n'estime pas en
faire partie. L'ancienne majoritŽ UDF-RPR de 1986 perd la majoritŽ.
Le FN n'a plus que . . . une Žlue (Mme
Yann PIAT dans le Var), qui sera ultŽrieurement exclue de son Parti pour avoir
votŽ la loi ROCARD sur le Revenu minimum d'insertion (RMI) ce qui est tout ˆ
son honneur (6), mais les femmes ont-elles la mme conception politique que les
hommes?
Notes annexes :
(1) Le "Los Angeles Times" titrera le 11 mai 1988:
"MITTERRAND replaces Loser CHIRAC with Socialist Maverick". Ce qui
signifie en clair que le "perdant" Chirac (avec le sens fort que
donnent les amŽricains ˆ ce mot) est remplacŽ par un socialiste qui agit
indŽpendamment de tout parti politique. [ In Webster's new world Dictionary of
the American language]
(2) cancŽrologue dŽcŽdŽ le
14/10/2003, ministre dŽlŽguŽ ˆ la SantŽ auprs de Claude EVIN, partisan du
dŽpistage systŽmatique du SIDA chez les femmes enceintes et des malades devant
tre opŽrŽs, ainsi que de la distribution de drogues de substitution. Il sera
dŽmissionnŽ aprs une semaine comme le fut en d'autres temps un autre homme de
caractre Jean-Jacques SERVAN-SCHREIBER. (Cf. in "Le Monde"
du16/10/2003).
(3) Un examen des registres
d'Žmargements rŽvle que 158 inscrits ne sont venus qu'au 1er tour et 387 qu'au
second. Parmi les inscrits, 287 ne se sont dŽplacŽs ˆ aucun des deux tours des
PrŽsidentielles d'avril-mai et des lŽgislatives), soit 7,7% des inscrits
peuvent tre considŽrŽs comme des abstentionnistes chroniques.
519 (+ ou - 11) inscrits se sont
abstenus aux 2 tours, soit une imprŽcision portant sur 22 inscrits.
La somme PS + PCF = 1212, l'accroissement est de +
209.
La somme URC + FN = 1119, - - - - - + 185
Reste ˆ reporter les nouveaux
votants plus les Žcologistes et royalistes (= 546), moins les 158 qui ne sont pas revenus = 388
(4) Qui sera arrtŽ comme
commanditaire d'un assassinat lors des lŽgislatives de 1993.
(5) Mis en examen pour escroquerie
au prŽjudice de la Chambre de commerce de Perpignan dont il est le prŽsident.
(6) Et sera assassinŽe ultŽrieurement, sans doute par la mafia toulonnaise. Hommage soit rendu ˆ son honntetŽ intellectuelle.
51 -
RŽfŽrendum du 6 novembre 1988
Les Žlecteurs sont conviŽs ˆ ratifier
par rŽfŽrendum un projet de loi concernant le statut de la Nouvelle-CalŽdonie.
L'article
2 du dŽcret du 5 octobre 1988 stipule que les Žlecteurs auront ˆ rŽpondre par
"oui" ou par "non" ˆ la question suivante :
"Approuvez-vous le projet de loi soumis au peuple franais par le
PrŽsident de la RŽpublique et portant des dispositions statutaires et
prŽparatoires ˆ l'autodŽtermination de la Nouvelle-CalŽdonie en 1998?".
Ce
projet de loi fait suite aux accords de Matignon signŽs par le Premier ministre
M. ROCARD et les reprŽsentants des principales formations politiques de l'”le,
notamment TJIBAOU pour le FLNKS (indŽpendantiste) et LAFLEUR et UKEIWƒ pour le
RPCFR (mouvement RPR pour le maintien dans la RŽpublique Franaise) (1).
Ces accords font suite ˆ de nombreuses
annŽes de troubles ˆ l'instigation des autochtones canaques partisans de
l'indŽpendance, mais dont la population est devenue minoritaire (environ 40%) ˆ
la suite de son rattachement ˆ la France en 1853.
Les graves Žvnements d'OuvŽa (prise de
gendarmes en otage, morts de part et d'autres) au moment de la campagne
prŽsidentielle en mai 1988, portaient en germe les risques d'une guerre civile
ou nŽo-coloniale.
En mŽtropole, seul le FN appelle et fait
une campagne active pour le "Non" (maintien du statu quo), et
quelques rares personnalitŽs du RPR (Michel DEBRƒ pour qui la RŽpublique est et
doit demeurer une et indivisible) ["plus jacobin que lui tu meurs". N.
de l'a.]
Le RPR divisŽ, soutien l'abstention
(sauf Jacques CHABAN-DELMAS qui appelle ˆ voter "oui").
L'UDF appelle ˆ voter "oui",
mais l'assortit de rŽserves (encore un oui .... mais ! sans grande signification).
Le PS et le PCF appellent ˆ voter
"oui", mais si les premiers s'en tiennent au sens strict du texte,
les seconds se rŽfrent plus volontiers ˆ un soutien du FLNKS.
Il n'y a pas de vŽritable dynamique de
campagne, ˆ l'exception des efforts de Michel ROCARD qui s'en prend violemment
ˆ l'attitude du RPR, et aux dŽclarations de son secrŽtaire gŽnŽral Alain JUPPƒ.
Les sondages sont pessimistes sur la
participation au scrutin, et fournissent une fourchette entre 38 et 48% de
votants.
En France, on assiste ˆ un vaste
mouvement de grves des infirmires du secteur public, organisŽ par une
coordination extra-syndicale, et des troubles dans la fonction publique pour
une revalorisation des salaires.
Si le texte de loi arrivŽ chez les
Žlecteurs deux jours avant le scrutin est complexe (pas moins de 97 articles!),
la question posŽe est en rŽalitŽ simple. Le rŽfŽrendum, ˆ la demande du FLNKS
puis acceptŽ par le RPCR, a pour but de solenniser la ratification des accords
de Matignon .
RŽsultats :
Banyuls DŽpartement MŽtropole
Inscrits:
3737
Abst.:
2446 (65,45%) (62,97%) (62,63%)
Votants:
1291 (34,55%) (37,03%) (37,37%)
Blancs: 96 ( 7,40%) (10,20%) (12,00%)
S.Expr.:
1195 (31,98%) (33,23%) (32,87%)
OUI: 924 (77,30% S.E) (75,66%
S.E) (80,00%
S.E)
NON: 271 (22,70% - -
) (24,33%
- -) (19,99%
- -)
Remarques :
En Nouvelle-CalŽdonie, on enregistre
36,75% d'abstentions; 8,15% de blancs et nuls par rapport aux votants; 57,02%
de Oui et 42,98% de Non. Si le Oui l'emporte largement dans les zones ˆ
dominance Canaques avec plus de 70%, le Non l'emporte dans la rŽgion sud ˆ
dominance Caldoche par 60% contre 39,9% de Oui (NoumŽa: Oui: 36,29% et Non:
63,7%).
Ce rŽfŽrendum qui ne mettait pas en jeu
le mandat prŽsidentiel, ni celui du Premier ministre, conna”t le taux
d'abstention le plus ŽlevŽ (environ 63%), suivi par celui de 1972 sous POMPIDOU
concernant l'entrŽe de la Grande Bretagne dans le MarchŽ commun.
Le nombre des bulletins blancs ou nuls
est Žgalement l'un des plus forts (13% des votants contre 11,6% en 1972), alors
qu'il n'avait jamais dŽpassŽ 5,3% lors des autres rŽfŽrendums. PassŽ sous
silence ˆ la tŽlŽvision et ˆ la radio, conformŽment ˆ l'article L66 du code
Žlectoral qui assimile ces bulletins ˆ des erreurs, ceux-ci manifestent
pourtant une signification incontestable, abaissant ainsi les pourcentages des
suffrages exprimŽs. Par exemple les pourcentages rŽels pour Banyuls
seraient : Oui: 71,57%; Non:
20,99%; Blancs: 7,44%.
La manire dont est traitŽe par les mŽdias ce type de
bulletin ne peut qu'encourager l'abstention. Le refus du choix binaire n'est
pas forcŽment un signe de dŽbilitŽ, ou d'une origine normande !
Les rŽsultats de Banyuls ne rŽvlent pas
de diffŽrences trs significatives comparŽs ˆ ceux du dŽpartement et de la
mŽtropole.
Les pourcentages des Non paraissent
traduire l'effet du FN, plus fort au niveau dŽpartemental, moindre ˆ Banyuls
(22,70%) qu'ˆ Port-Vendres (30,58%) et Collioure (24,80%), ou Perpignan
(31,02%). Ce fait avait ŽtŽ bien mis en Žvidence lors des dernires Cantonales.
On observe aussi que si le "noyau dur" est de 271 Žlecteurs ˆ
Banyuls, les "sympathisants" moins affirmŽs seraient de 166 (LE PEN =
437 lors des prŽsidentielles).
Note annexe :
(1) L'appartenance ˆ la
franc-maonnerie de certains leaders des deux camps opposŽs a grandement
facilitŽ l'issue des nŽgociations (comme quoi les associations philosophiques
qui s'en rŽclament peuvent parfois tre utiles. N. de l'a.). En ce qui concerne le
dŽpartement on pourra se rŽfŽrer ˆ l'interview donnŽe par Laurent CORONAS ˆ
"L'IndŽpendant" du 14 juin 1990, et sur le plan national: "Le
Nouvel Observateur", N¡1537, 21-27/4/94.
Bref rappel des ŽvŽnements exceptionnels
de juillet 1989 ˆ janvier 1992 :
Nul doute que cette pŽriode corresponde
ˆ la fin d'un cycle sur le plan international. Elle semble avoir surpris
l'ensemble de la classe politique (1).
CommencŽe avec la chute du "Mur de Berlin"
(2) et la libŽration des pays de l'Est de la tutelle soviŽtique, puis
l'effondrement des rŽgimes communistes dans ces pays (3), elle s'achve par la
dŽsagrŽgation de l'URSS en ses diffŽrentes composantes nationales et le rejet
du monopole du/des Partis communistes. La tentative dŽsespŽrŽe de M. GORBATCHEV
pour rŽformer le systme (Perestro•ka et Glasnost) et maintenir l'Union Žchoue
face aux nationalitŽs reconquises aprs les Žlections des parlements nationaux
(notamment avec l'Žlection de Boris ELTSINE ˆ Moscou). A la rŽunion d'Alma-Ata
(21/12/91), se constitue, sous l'impulsion de l'Union slave (crŽŽe le 8/12/91
entre la Russie, l'Ukraine et la BiŽlorussie), une CommunautŽ des ƒtats
indŽpendants (CEI) formŽe de onze rŽpubliques (mais dont le statut est encore
embryonnaire).
S'y sont ralliŽes les rŽpubliques
musulmanes et l'ArmŽnie. Pour l'instant seuls demeurent en dehors de cette
confŽdŽration la GŽorgie et les Etats Baltes.
Cette implosion, qui rŽsulte d'une
situation Žconomique catastrophique depuis de nombreuses annŽes et du discrŽdit
de l'appareil communiste, se traduit par une libŽralisation anarchique dont les
consŽquences sont encore difficilement prŽvisibles.
La rŽunification allemande menŽe dans un
temps record, sous l'impulsion du chancelier Helmut KOHL, entra”ne un certain
nombre de consŽquences dans le cadre de la CEE, comme vis-ˆ-vis de la Pologne,
de la TchŽcoslovaquie et de l'Autriche. Cet ŽvŽnement, liŽ au prŽcŽdent, semble
avoir pris de court le gouvernement franais qui a donnŽ le sentiment d'tre
quelque peu en retard sur ceux-ci (comme lors du putsch ratŽ du 19 aožt 91 par
les "conservateurs" en URSS).
Seule la guerre du Golfe contre l'occupation du
Kowe•t par l'Irak, aprs des dŽbuts hŽsitants, voit remonter la cote de
popularitŽ de F. MITTERRAND. Mais elle fut brve, et ne l'a pas conduit ˆ
participer ˆ la confŽrence de Madrid entre les pays arabes, Isra‘l et les USA.
Construction europŽenne :
Les accords de Schengen (19/6/90)
prŽvoient l'abolition des frontires entre les 6 pays de la CEE (France, RFA,
Belgique, Luxembourg, Pays-Bas et Italie, auxquels devraient se joindre
l'Espagne et le Portugal) ˆ partir de l'ŽtŽ 92. Cette convention est ratifiŽe
le 3 juin 91 par l'AssemblŽe nationale (sauf le groupe communiste). Le texte
rŽgit une coopŽration policire, douanire et judiciaire visant ˆ assurer une
protection contre le trafic de drogue, le grand banditisme, le terrorisme, et
l'immigration illŽgale.
L'harmonisation des taux de TVA
constitue le thme d'une concertation des ministres des finances des Douze ˆ
Luxembourg (3-4/6/91):15% sont envisagŽs pour 1993.
Le
9/12/91 les douze chefs d'ƒtat et de gouvernement de la CommunautŽ europŽenne
se rŽunissent ˆ Maastricht (Pays-Bas) en vue du TraitŽ concernant
l'Žlargissement des compŽtences de la CEE en matire monŽtaire (monnaie
commune: l'ƒcu), politique et diplomatique.
L'union Žconomique qui doit se traduire par une
banque centrale (indŽpendante des gouvernements selon le modle allemand)
sous-entend que chaque pays membre doit s'efforcer de respecter des critres
communs: taux d'inflation, d'intŽrts, d'endettement public (tableau ci-aprs)
Situation Žconomique dans la CEE (1991):
Population PNB Dette
ext
Inflation
Ch™mage
Allemagne: 79
300 000 1190158* 111 021* 3,9% (W) 5,4% (W)
16,6
- (E) 11,9 - (E)
Italie: 57
655 000 844 834 31.654 6,1 - 10 -
Gr.Bretagne: 57 350 000
776 052 9.430 4,1 - 10 -
France: 56 442 000
931 850 5.529 2,6 - 10 -
Espagne: 38 765 000 383 830 9.200 5,7 - 15,5
-
Pays-Bas: 14 935 000
218 092 31.400 4,6 - 4,3 -
Grce: 10 032 000 52 514 ? 17,9
- 6,2 -
Belgique: 9 947 900 149 985 26.354 2,5 - 8,2 -
Portugal: 9 803 000 46 654 3.679 10,2
- 4,1 -
Danemark: 5 137 000 97 419 15.109 1,8 - 9,4 -
Irlande: 3 526 000 29 606 12.004 3,5 - 17,9 -
Luxembourg: 377 000 9 289 96 3,2 - 2 -
* : RFA seule
Un accord est intervenu pour crŽer une
monnaie unique avant le 1er janvier 1999, du moins pour les Žtats qui
rempliront les conditions requises. Ceci dessaisi chacun des Etats de l'un de
ses pouvoirs rŽgaliens, dont il faudra bien peser le pour et le contre.
La reconnaissance par l'Allemagne de la
Croatie et de la SlovŽnie (qui ont proclamŽ unilatŽralement leur indŽpendance
le 25 juin 1991) rŽvle les limites de la concertation entre les ƒtats membres,
et leur inefficacitŽ devant le drame de la dŽsintŽgration de la Yougoslavie. La
perception franaise de ce problme appara”t ds l'origine bien diffŽrente de
celle de l'Allemagne; comment concilier en effet autodŽtermination et survie
des micro-mosa•ques des minoritŽs, comme cela sera le plus caricatural pour la
Bosnie ?
En mars 1992, sous l'Žgide de l'ONU, des
contingents europŽens seront autorisŽs ˆ s'interposer entre les belligŽrants et
ˆ apporter une aide humanitaire difficile, mais incapable d'arrter rien le
conflit lui-mme, qui se poursuivra encore avec plus d'‰pretŽ ˆ la veille des
lŽgislatives de 1993.
La question europŽenne va passer,
momentanŽment, au second plan du fait des Žlections cantonales et rŽgionales de
mars 1992.
Politique intŽrieure :
La dŽsignation de Michel ROCARD comme
Premier ministre (10 mai 1988) avait laissŽ prŽsager une politique d'ouverture
vers les centristes. La dissolution de l'AssemblŽe nationale dans la foulŽe des
PrŽsidentielles (sans doute nŽcessaire en raison de la composition majoritairement hostile au PrŽsident) n'a pu
se rŽaliser avec le CDS, faute d'un accord sur un programme et le rŽtablissement
de la proportionnelle pour les futures lŽgislatives. Seuls certains ralliements
individuels comme Lionel STOLƒRU, Michel DURAFOUR, Jacques PELLETIER,
Jean-Marie RAUSCH, Jean-Pierre SOISSON (tous issus de l'UDF) et Thierry DE
BEAUCƒ (proche de CHABAN-DELMAS).
Un sondage IFOP publiŽ le 22 dŽcembre
1991 par "le Journal du Dimanche" rŽvle 22% de satisfaits et 65% de
mŽcontents pour MITTERRAND et 20% contre 57% pour le Premier ministre Edith
CRESSON (qui a succŽdŽ ˆ ROCARD le 15 mai 1991). Jamais depuis la crŽation de
la Ve RŽpublique un prŽsident n'avait enregistrŽ semblable crise de confiance.
MITTERRAND avait dŽjˆ connu une telle dŽfiance en 1984 (26% contre 57%). Fait
remarquable il est minoritaire dans toutes les catŽgories sociales (dans toutes
en dessous de 30% de satisfaits et dans toutes au-dessus de 60% de mŽcontents,
sauf chez les 18-24 ans: 34%-48%). Il semble avoir perdu le soutien de la
fraction modŽrŽe de la droite et des Žcologistes, mais aussi ˆ gauche (56% de
satisfaits chez les sympathisants socialistes et 39% de mŽcontents.)
Le phŽnomne est analogue chez les
sympathisants communistes (17% de satisfaits contre 74% de mŽcontents).
Cette Žrosion repose sur une situation
globale: taux du ch™mage, salaires bloquŽs, diminution du pouvoir d'achat,
manifestations diverses (agriculteurs, infirmires, dockers), insŽcuritŽ
croissante (c'est bien la seule croissance !), enfin une certaine perte de
souverainetŽ nationale au profit de la construction europŽenne
Ë cela s'ajoutent des causes plus immŽdiates: affaires des
fausses factures et de l'amnistie, changement du mode de scrutin,
dŽlocalisations, mais surtout le mode d'indemnisation des transfusŽs (sang
contaminŽ par le SIDA), et le sentiment de l'impunitŽ des responsables. D'o
cette crise de confiance ˆ l'Žgard de ceux qui sont en charge du pouvoir d'agir
et qui paraissent ne pas le faire, ou semblent dŽtourner l'attention de
l'essentiel (dŽbat constitutionnel, dŽlocalisation), ou pis encore ne plus
savoir quoi faire.
Le Premier ministre conna”t aussi le
taux de mŽcontentement le plus ŽlevŽ depuis sa prise de fonction. ƒmanation
directe du prŽsident de la RŽpublique, les mŽcontentements agissent en synergie
et le Premier ministre ne joue plus ce r™le de fusible qu'il devrait jouer.
L'analyse de ces sondages a ŽtŽ rŽalisŽe
par J.-L. PARODI, directeur de recherche ˆ la Fondation nationale des sciences
politiques, avant la confŽrence de Maastricht et l'intervention du chef de
l'Etat ˆ l'Žmission de tŽlŽvision 7/7 du dimanche soir (15/12). Tout laisse
cependant supposer que l'impact sur la base sociale de la gauche, moins
sensible aux problmes de politique europŽenne, ne changera gure l'Žvolution
des chiffres prŽcŽdents.
Lors d'une Žlection cantonale partielle
dans le Gard, le dŽputŽ du PS (et maire de Sommires) J.-M. CAMBACƒRéS
n'obtient que 45% contre 55% pour le candidat centriste (ex-adhŽrent de
"France Unie"). Si le nombre des inscrits a progressŽ (+1353 / 1985),
le nombre des votants a diminuŽ lors du 2 me tour (-2672). Le nombre des
abstentions a ŽtŽ de 53,5%. Une abstention forte, une plus grande mobilisation
de l'Žlectorat hostile aux socialistes, et un repli des sympathisants
communistes ont conduit ˆ ce scrutin sanction reproduisant ˆ ce niveau la
tendance nationale.
CAMBACƒRéS dŽmissionne du PS en janvier
92 et sige dŽsormais parmi le groupe des non-inscrits (voir interview dans
"Le Figaro" du 28/1/92)
Vis-ˆ-vis du Front national, dont on
estime le score aux futures rŽgionales proche du PS (3 ˆ 4 points en dŽcembre
91), on observe une certaine convergence des responsables religieux et des
obŽdiences maonniques (GODF et GLDF) pour dŽnoncer ses prises de position
rŽcentes, notamment aprs la parution de 50 propositions (publiŽes par le
journal "PrŽsent").
Un sondage du 29/1/92 donne 34% de
satisfaits contre 58% de mŽcontents pour MITTERRAND, et 24% contre 61% pour E.
CRESSON. Les perquisitions au
sige mme du PS, comme ˆ la sociŽtŽ Sages (concurrente d'Urba), qui mettent en
cause le financement de personnalitŽs politiques du PS, ne sont pas faites pour
amŽliorer les scores du parti au pouvoir lors des Žlections partielles. Une
enqute du "Figaro" (28/1/92) rŽalisŽe ˆ partir de 39 Žlections
courant 1991 permet de mesurer la chute du PS (24%), soit -11% et -9% par rapport respectivement aux
lŽgislatives de juin 1988 et au 1er tour de la prŽsidentielle.
Le PCF semble stabilisŽ ˆ 10,9% S.E.
(10% lors des lŽgislatives de juin 88 et gagne plus de 4% par rapport ˆ la
candidature de LAJOINIE).
Contrairement aux dŽclarations
triomphalistes de LE PEN, le FN ne progresse pas et recule dans les cantons
concernŽs (7,8%) de -3,5% par rapport aux lŽgislatives de 88 et -6,1% par
rapport ˆ la prŽsidentielle. Il est aisŽ de dŽmontrer que la prise de position
lors de la guerre du Golfe n'affecte pas les rŽsultats qui se situent plus prs
de 10% que de 15%, mme s'il atteint 15,7% S.E. lors du 1er tour de l'Žlection
lŽgislative (Lille-Nord-Ouest), mais avec 52,24% d'abstentions et 4,7% de
blancs et nuls / votants.
La droite, avec 56,7% S.E
progresse de + 4% par rapport aux lŽgislatives 88 et de + 4,2% par
rapport au 1er tour des prŽsidentielles de 88. On observe un meilleur report
des voix au sein de l'Žlectorat des droites, notamment des Žlecteurs du FN
lorsque le candidat modŽrŽ demeurait seul face au reprŽsentant unique des
formations de gauche. On peut estimer entre 54-55% les voix du bloc
conservateur. La coalition UDF-RPR
avec 48,9% au 1er tour amŽliore de + 7,5% son score des lŽgislatives de
88 (41,4%) et de 11,5% celui de la prŽsidentielle (37,4%).
Les Žcologistes, lato sensu, sont ˆ
5 % contre 0,3% lors des lŽgislatives de 88 et 3,5% pour WAECHTER aux
prŽsidentielles. On peut estimer autour de 11% leur audience actuelle. Lˆ
encore lors de la lŽgislative du Nord les deux candidats: Verts et GŽnŽration
Žcologie (LALONDE) ont fait respectivement 8,5% et 5,8%.
Les derniers sondages
("LibŽration" du 2/3/92)
donnent pour les RŽgionales:
Abstention: 54%; Ex-G: 1%; PCF: 8,5%; PS: 20%; Div. G: 1,5%; GŽn.Ecol:
7%; Les Verts: 7%; UPF: 36%; Div..Droites: 3%; FN: 13,5%.
Il est probable que les abstentions seront infŽrieures
ˆ ce qu'indiquent les sondages, sans doute au bŽnŽfice des Žcologistes, du PCF
et du FN.
L'accueil le 29/1/92 de Georges HABACHE
(leader du FPLP, fraction la plus radicale de l'OLP, auteur de nombreux
attentats terroristes) dans l'h™pital Henri Dunant de la Croix-Rouge franaise
ˆ Paris, puis sa mise en garde ˆ vue par le juge BRUGUIéRE (chargŽ du dossier
du terrorisme en France), crŽe un certain malaise dans l'opinion, le
dŽcha”nement de l'opposition et le peu de soutien de la part du PS (ROCARD
mettant en cause des ministres). Jean DANIEL ("Le Nouvel Obs" du
6-42/92) pose clairement le problme de fond. Le dŽpart prŽcipitŽ de
l'intŽressŽ trois jours plus tard et les Jeux Olympiques d'hiver ˆ Albertville
la semaine suivante devraient apporter un peu d'air frais, et balayer quelque
peu toutes les affaires en cours. La motion de censure dŽposŽ par l'opposition
au cours d'une convocation de
l'AssemblŽe nationale en sŽance extraordinaire ne recueille que 261 voix (UDF,
RPR, CDS) alors que la majoritŽ requise est de 289 voix. Beaucoup reprocheront
ˆ Mme CRESSON de ne pas avoir engagŽ un vote de confiance, confiance que le PCF
aurait refusŽe.
Notes annexes:
(1) Jacques ATTALI, dans son livre
consacrŽ aux ŽvŽnements qui se dŽroulrent en "Europe" et
correspondant ˆ la date de 1492, Žvoque l'analogie avec les notions de
catastrophe en mathŽmatique et de bifurcation en physique. Une autre vision
comparative entre le voyage de C. COLOMB, et ce qu'il en advint, fait l'objet
du livre de Edwy PLENEL: La dŽcouverte du Monde. Edit. Stock (2002). Voir sur
la causalitŽ en histoire Pierre RAYMOND: La rŽsistible fatalitŽ de l'histoire.
Edit. J.E. Hallier/Albin Michel (1982), et sur l'analogie: Pierre CANFORA: La
tolŽrance et la vertu. Edit. Desjonqures (1989). L'utilisation des modles en
histoire, comme cela se pratique en Žcologie, appara”t encore bien timide,
sinon dans les domaines de l'Žconomie et de la dŽmographie (voir rŽfŽrences in RenŽ PASSET, 1979 et Emmanuel TODD, 1984, 1988, 1990)
(2) Sur la justification (sic) du
mur Cf. Paul DEHEM in "Esprit" N¡312, dŽcembre 1962.
(3) Cf. "Le Monde" N¡ spŽcial, novembre 1990: Mutations ˆ l'Est.