53 - Elections des reprŽsentants ˆ l'AssemblŽe des CommunautŽs europŽennes du 18 juin 1989

           

 

C'est la troisime Žlection de ce type aprs celles de 1979 et 1984.

On a vu antŽrieurement que la prŽparation de ces Žlections avait ŽtŽ dominŽe presque exclusivement par des considŽrations de politique intŽrieure (tenant plus de querelles de partis et d'hommes) que de choix institutionnels, Žconomiques et de politique extŽrieure sur l'Europe ˆ construire.

En rŽalitŽ c'est le pragmatisme du "plan MONNET" qui est appliquŽ: politique Žconomique du "fait accompli"(1), le reste, c'est-ˆ-dire, le supra-national s'imposant de lui-mme. En somme la superstructure Žmanation de l'infrastructure.

 

Depuis 1984 plusieurs ŽlŽments d'importance sont intervenus comme l'entrŽe dans la CommunautŽ europŽenne de l'Espagne et du Portugal (1/1/1986), et surtout l'Acte unique europŽen signŽ le 17/2/1986. Celui-ci modifie les rgles de fonctionnement des institutions et donne un statut juridique ˆ la coopŽration politique europŽenne. Il prŽcise : << Le marchŽ intŽrieur comporte un espace sans frontires intŽrieures dans lequel la libre circulation des marchandises, des personnes, des services et des capitaux, est assurŽe selon les dispositions du prŽsent traitŽ >>. Celui-ci doit entrer en vigueur ˆ la fin de 1992. Il va plus loin qu'une simple union douanire, et constitue le premier pas vers une dissolution "de facto" des souverainetŽs nationales.

Parmi les quatre institutions europŽennes (Conseil europŽen, Parlement, Commission, Cour de Justice et Cour des Comptes) seul, le Parlement est sujet ˆ Žlection.

Il n'existe pas au sein du Parlement europŽen de reprŽsentation nationale, mais seulement des groupes politiques organisŽs par affinitŽs de partis entre les dŽputŽs Žlus dans les divers pays.

Son r™le est le contr™le de la Commission, laquelle doit veiller ˆ l'intŽrt communautaire, contre, Žventuellement, les sollicitations des gouvernements nationaux.

Il intervient dans le processus lŽgislatif de la CommunautŽ, et dispose de pouvoirs budgŽtaires.

Il comprend 518 dŽputŽs, et sige ˆ Strasbourg (sans que cela soit un impŽratif, un dŽbat est engagŽ sur le maintien du Parlement dans cette ville ou son transfert ˆ Bruxelles).

La rŽpartition des siges par pays (uniquement pour l'Žlection des dŽputŽs dans chacun d'eux) est de: 81 (France, RFA, G.B., Italie), 60 (Espagne), 25 (Pays-Bas), 24 (Portugal, Belgique, Grce), 16 (Danemark), 15 (Irlande), 6 (Luxembourg).

Chaque pays organise les Žlections au suffrage universel direct ˆ un tour ˆ la proportionnelle, le mme jour (sauf la G.B. qui a un scrutin uninominal).

A ce sujet,  Daniel COHN-BENDIT (adjoint au Maire de Francfort) estime souhaitable que les groupes politiques du Parlement de Strasbourg prŽsentent des listes europŽennes (par affinitŽ) en mŽlangeant les nationalitŽs. Ceci n'est possible qu'en Italie o Maurice DUVERGER (professeur de droit ˆ Paris) se prŽsentera (et sera d'ailleurs Žlu).

 

Certains souhaitent un mode de scrutin rŽgionalisŽ (peut-tre en redŽfinissant des euro-rŽgions).

Durant tout le mois d'avril nous vivrons au rythme des feuilletons sur la RŽvolution franaise, des tŽlŽfilms amŽricains , et au sein de la droite entre la querelle des anciens et des modernes ("conservateurs" et "rŽnovateurs") (2). Mais comme le classicisme ne fait pas trs "chŽbran" ˆ l'Žpoque des "crados" (critiques de Jacques-Yves COUSTEAU, dŽsormais deux fois immortel puisque de l'AcadŽmie franaise, et du petit Larousse illustrŽ), ces rŽnovateurs (ˆ la quarantaine) seront dŽnommŽs par leurs amis politiques les douze s... ! (par rŽfŽrence ˆ un film cŽlbre). On y compte P. SEGUIN, M. NOIR, C. MILLON, A. CARIGNON. 

Une fois de plus la constitution des listes semble une affaire plus importante qu'une discussion au fond des consŽquences de l'Acte unique. On objectera que l'on apprend ˆ marcher en marchant, mais pas forcŽment ˆ nager en se jetant ˆ l'eau, et nul n'ignore qu'une  Žquipe de rugby ne peut vaincre que si tous les partenaires sont solides et contr™lent correctement leur espace de terrain.

               

Une liste commune est constituŽe par le RPR et l'UDF (moins le CDS). GISCARD D'ESTAING et Alain JUPPƒ en sont les ttes. ["L'appel de Cochin" lancŽ par CHIRAC (6/12/1978) est relŽguŽ aux oubliettes de l'histoire; il est vrai que l'on est en droit de ne pas considŽrer la CommunautŽ europŽenne comme "l'Žtranger". N. de l'a.]. VGE ambitionne le poste de prŽsident de l'AssemblŽe europŽenne, jadis occupŽ par Simone VEIL.

Pour BALLADUR, la reconqute du pouvoir en France passe par une grande confŽdŽration comme celle rŽalisŽe en cette occasion, ce que ne partage pas C. PASQUA (qui en bon grognard du gaullisme suit son chef). On n'entend plus Michel DEBRƒ qui "pantoufle" dŽsormais ˆ l'AcadŽmie franaise.

 

Les Centristes maintiennent l'idŽe (sauf LECANUET) de leur propre liste avec S. VEIL en tte (certains auraient prŽfŽrŽ le maire de Toulouse Dominique BAUDIS).

L'argumentation est officiellement de "ratisser" plus large, mais en fait cette "ex-composante" de l'UDF considre les "autres composantes" comme trop conservatrices (libŽrales selon les formules LƒOTARD-MADELIN). Et il y a peut-tre encore l'espoir de rŽaliser ultŽrieurement un compromis politique avec le gouvernement ROCARD qui comprend dŽjˆ d'ex-ministres giscardiens !.

             

Pour le PS, les choses sont simples, la liste sera conduite par Laurent FABIUS (prŽsident de l'AssemblŽe nationale).

Une petite note discordante, la difficultŽ pour Max GALLO d'obtenir une place d'Žligible, et en anecdote la prŽsence du Dr. LŽon SCHWARTZENBERG (qui retrouvera ainsi le Dr. BOMBARD, sans doute pour les mmes raisons). N'ayant pu faire prŽvaloir leur point de vue au sein du gouvernement, on ne peut que leur souhaiter de se faire mieux entendre ˆ Strasbourg.

             

 

Pour le FN, le chef inamovible en est naturellement LE PEN.

On attend avec curiositŽ comment on peut concilier un nationalisme certain, au sein d'une assemblŽe "volapŸk" dont les dŽcisions se prennent ˆ la majoritŽ. Sinon qu'elle lui servira de tribune pour dŽfendre une certaine idŽe de l'Europe. Comment faire rena”tre Jeanne d'Arc de ses cendres, sinon en lui prtant une certaine  formule "historique", mais en remplaant  "Allemagne" par "Europe" (des Douze naturellement) dont il souhaite la victoire, parce que sans elle ce serait le triomphe du bolchevisme (3).

             

Pour le PCF, Philippe HERZOG (49 ans, polytechnicien et Žconomiste) remplace G. MARCHAIS, ce que d'aucuns dŽplorent lors des prestations tŽlŽvisŽes pour son style direct (7). Sa campagne dŽbute par la parution d'un livre : Europe 92 : " Construire autrement et autre chose" (Edit. Messidor/Editions sociales), et des tournŽes dans les rŽgions (dont la premire ˆ Balaruc o sont organisŽes des tables rondes de discussions fort intŽressantes. N. de l'a.).

             

Les Verts seront prŽsents, et sont dŽjˆ crŽditŽs d'un score enviable (ce qui ne semble pas enthousiasmer les  Verts allemands,  nettement plus radicaux).

             

Ë quinze jours de l'Žlection, on apprend que quinze listes ont ŽtŽ dŽposŽes, mais seules les sŽrieuses et bien financŽes ont droit ˆ un traitement mŽdiatique de faveur. Si l'on s'intŽresse ˆ cette Žlection, il faut dŽployer une Žnergie hors du commun afin d'en savoir plus sur chacune. On comprend mieux alors l'usage des phrases chocs pratiquŽe par les politiciens pour faire passer leurs messages, mais qui ne peuvent ainsi que tendre  ˆ la caricature.

Comment s'Žtonner dans ces conditions que l'Žlecteur ne soit pas trs motivŽ par la campagne elle-mme, bien que pour la troisime Žlection de ce type les Franais soient plus conscients des consŽquences possibles de l'ouverture des frontires (Acte unique), surtout dans certaines rŽgions (Sud-ouest, Languedoc-Roussillon, Bretagne) qui subissent les effets de la concurrence (Žleveurs), ou pour certaines corporations pour des raisons d'Žquivalence des dipl™mes de qualification (infirmires par exemple).

 

La campagne Žlectorale :

 

Comment rŽaliser la campagne ˆ la tŽlŽ, dŽbats entre qui ?, les "grands ne voulant dŽbattre qu'entre eux" (GISCARD - FABIUS), ce que les petits ne trouvent pas trs dŽmocratique. Mais un dŽbat entre tous, ne serait-ce pas la foire d'empoigne et un encouragement ˆ l'abstention? Mme VEIL reproche ˆ GISCARD et FABIUS de s'tre arrangŽ pour dŽbattre entre eux dans son dos.

Ë quinze jours de l'Žlection, une enqute de la SOFRES pour le quotidien "Le Monde" semble montrer que les Franais ont dŽjˆ fait leur choix pour une des listes, sans s'intŽresser pour autant ˆ leurs querelles internes (constitution et composition des listes) et ˆ leurs programmes dont ils ne connaissent le contenu que dans les grandes lignes!

Dans ces conditions les Žlecteurs ne se passionnent pas pour la campagne menŽe par les ttes de listes. De plus, si ceux-ci s'agitent pour tenter de mobiliser l'Žlectorat, les troupes locales des divers partis ne se dŽmontrent gure.

Les affiches seront d'abord celles de LE PEN, puis de FABIUS et HERZOG.

On estime l'abstention ˆ 51%.

Les rŽponses aux diverses questions posŽes lors de sondages sont par contre sans aucune ambigu•tŽ. Pour 55% contre 27% le choix va vers la construction  d'une confŽdŽration dont les dŽcisions devraient tre prises ˆ l'unanimitŽ par les seuls chefs d'ƒtat. Il n'est donc pas question de dessaisir les gouvernements nationaux de leurs responsabilitŽs. CorrŽlativement 50% contre 34% ne souhaitent pas l'extension des pouvoirs de l'AssemblŽe europŽenne. En somme le contraire du plan Monnet!

Trs logiquement l'Žlectorat fait parfaitement la diffŽrence entre les attributions qui relvent d'une confŽdŽration (dŽfense, politique Žtrangre, recherche scientifique, libre circulation des personnes, monnaie), et celles qui doivent encore demeurer du domaine national (imp™ts, emploi, Žducation). Mais le principe de subsidiaritŽ est-il soluble dans la construction europŽenne?

 

L'acquisition d'une citoyennetŽ europŽenne ne recueille que 26% et l'idŽe de s'expatrier dans un des pays de la CommunautŽ, mme pour de meilleures conditions de vie, ne recueille pas la majoritŽ (les Franais souhaitent encore vivre ˆ l'ombre de leur clocher, correspondant en somme ˆ la cŽlbre affiche de la "force tranquille" qui joua un r™le certain dans l'Žlection de MITTERRAND).

 

Il est Žvident que l'agitation des ttes de liste, rŽpercutŽe par les mŽdias, notamment la presse, un peu la radio et moins la tŽlŽ, suscite un intŽrt plus fort que lors des Žlections europŽennes de 1979 et 1984 (ce qui pourrait faire baisser le taux d'abstention en dessous des 50%), mais aussi des inquiŽtudes en ce qui concerne les problmes de la vie quotidienne (consommation, taux du crŽdit, emploi, Žducation, cožt des charges, fiscalitŽ).

Dans l'ensemble des discours, on entend davantage de vÏux pieux sur l'Europe que d'esquisses de rŽponses aux vrais problmes.

 

Comment par exemple harmoniser les relations entre les syndicats et le patronat alors qu'elles sont totalement diffŽrentes d'un pays ˆ l'autre (cogestion en Allemagne, nulles en Angleterre, conflictuelles en France). Comment rŽtribuer les qualifications alors que les dipl™mes ne sont pas Žquivalents. Comment indemniser le ch™mage, lutter contre le "travail au noir" qui fleurit dans certains pays (Italie).

Pas trouvŽ trace non plus dans les discours des imp™ts europŽens, ni du problme de la TVA (sujets qui semblent des tabous).

On est en droit de s'interroger sur le fait que l'on Žvoque aussi tardivement les questions sociales alors que jusqu'ici on a eu autant de socialistes ou de sociaux-dŽmocrates qui ont prŽsidŽ le Conseil des ministres de l'Europe, comme le fera MITTERRAND ˆ partir du 1er juillet et pour six mois. Dans ces conditions il n'est pas Žtonnant que FABIUS ne "dŽcolle" gure dans les intentions de vote (26% le 9 juin).

 

La prŽparation de l'Žlection europŽenne est une nouvelle fois dominŽe par des prŽoccupations (sinon des rglements de comptes) de politique intŽrieure. Toute l'agitation crŽŽe autour du fait de savoir si les chefs de l'opposition (GISCARD, CHIRAC) sont encore crŽdibles aprs leurs Žchecs aux prŽsidentielles, et quelles sont les nuances de programme politique entre CDS, RPR et libŽraux de l'UDF,  dŽtourne l'attention des vŽritables enjeux posŽs par le lent cheminement vers le marchŽ unique qui doit tre rŽalisŽ pour le 1er janvier 1993: une unification europŽenne quasi irrŽversible.

 

A cette date, la stratŽgie ŽlaborŽe par Jean MONNET dans le courant de 1950 (qui contourne les nŽgociations intergouvernementales sur des principes gŽnŽraux pour une construction d'ensemble, mais par des rŽalisations concrtes limitŽes et successives) aura atteint son but ultime.

Quelles en furent les Žtapes: Plan SCHUMAN en 1950 sur la CECA (CommunautŽ europŽenne du charbon et de l'acier); CEE (communautŽ Žconomique europŽenne ou marchŽ commun) : traitŽ de Rome en 1957, appliquŽ le 1/1/1958 par 6 Žtats : Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Allemagne, France, Italie.

Le but est de fixer des politiques communes pour l'agriculture, le commerce, l'Žnergie, les transports, et d'Žtablir un tarif extŽrieur commun afin de dŽvelopper la prŽfŽrence communautaire. Le marchŽ commun agricole ou Europe verte sera crŽŽ en 1962. Baisse des droits de douane industriels progressifs ˆ partir de 1959, avec leur abolition en 1968.

EURATOM (CommunautŽ europŽenne de l'Žnergie atomique) entrŽ en vigueur en 1958 qui a favorisŽ la construction des centrales nuclŽaires dans les diffŽrents pays de la CommunautŽ.

Fonds europŽen de dŽveloppement qui facilite les concours financiers des ƒtats de la CommunautŽ aux ƒtats associŽs (Afrique, etc.). Fonds sociaux qui ont pour but de promouvoir l'emploi et la rŽadaptation professionnelle, aide aux rŽgions et aux secteurs industriels en dŽclin.

En 1972 adhŽsion de la Grande-Bretagne, du Danemark et de l'Irlande (la Norvge rejettera l'adhŽsion lors d'un rŽfŽrendum), puis de la Grce en 1981, et de l'Espagne et du Portugal en 1986.

Dans le courant de l'annŽe 1985, l'ancien ministre "socialiste" de l'Žconomie et des finances Jacques DELORS (nouveau prŽsident de la communautŽ europŽenne), en bon disciple de J. MONNET, convainc le Parlement europŽen, mais surtout les chefs de gouvernement, de rŽaliser un ensemble Žconomique unique.

Un accord historique a lieu entre les dix: une rŽvision du traitŽ de Rome et le marchŽ sans frontires. Il se concrŽtise par la ratification par les Parlements nationaux (fŽvrier 1986) de l'Acte unique. Il comprend 279 propositions de rŽalisations, plus ou moins ŽchelonnŽes dans le temps (jusqu'au 31 dŽcembre 1992), afin de permettre aux ƒtats membres de modifier en consŽquence leurs propres lŽgislations.

Mais le fait le plus important dŽjˆ dŽcidŽ, est l'abandon de la rgle de l'unanimitŽ sur la plupart des dossiers dŽbattus au sein du Conseil des ministres (reprŽsentant les gouvernements des Etats membres de la CommunautŽ. Une majoritŽ dite qualifiŽe est thŽoriquement dŽsormais suffisante. Mais le consensus demeurera la rgle, chaque ƒtat membre veillant jalousement ˆ ses prŽrogatives.

La majoritŽ qualifiŽe requiert 54 voix, les pays disposant de: France, Italie, G.B. et RFA: 10; Espagne: 8 ; Grce: 5 ; Belgique: 5 ; Irlande, Danemark: 3  Luxembourg: 2 ; Pays-Bas et Portugal: 5.

Si une proposition n'Žmane pas de la Commission, un vote favorable nŽcessite au moins 8 membres.

L'Europe des Patries, chre ˆ certains, ne sera pas la voie choisie (elle avait la prŽfŽrence de DE GAULLE, comme du PCF, ou encore actuellement de Mme THATCHER). Le processus d'intŽgration est-il irrŽversible? et quels en seront les consŽquences autres qu'Žconomiques  (relations internationales, dŽfense, culture, monnaie commune, social).

 

Liste SIMONE VEIL . Le Centre pour l'Europe :

 

Conduite par Simone VEIL, ancienne tte de liste en 1984 de la liste d'Union de l'Opposition (UDF & RPR) o elle avait recueilli 702 voix ˆ Banyuls (en tte avec 36,87% SE), elle joue cette fois la "rŽnovation du centre", soutenue en cela par le CDS (avec P. MƒHAIGNERIE).

Soucieuse de la coexistence entre des communautŽs culturelles diffŽrentes. Elle jouit du prestige d'avoir ŽtŽ PrŽsidente de l'AssemblŽe de Strasbourg en 1979 (mais qui s'en souvient ?) aprs avoir menŽ la liste UDF ˆ l'Žpoque.

Elle a l'inconvŽnient d'appara”tre comme un facteur de division pour l'opposition (mais pour certains d'ouverture Žventuelle vers le rocardisme) et de passer pour technocratique. Au cours d'un dŽjeuner-dŽbat ˆ Lyon elle reoit le soutien de R. BARRE et ˆ l'h™tel de ville de Lyon les compliments Žlogieux des deux "rŽnovateurs": C. MILLON et M. NOIR (nouveau maire de Lyon) tous les deux coprŽsidents du comitŽ de soutien de la liste GISCARD.

Si dans cette liste aucun candidat de la rŽgion Languedoc-Roussillon n'est en position d'Žligible, on note la prŽsence de Jean-Paul ALDUY (fils du sŽnateur-maire de Perpignan (fonctionnaire, ancien conseiller technique du leader CDS) en 74 me position. En 2 me de liste Jean-Louis BORLOO (maire de Valenciennes) qui cherche dans une interview ˆ "rŽnover" le langage politique ("Le Monde" du 25 mai ). On y trouve aussi le cinŽaste Claude LELOUCH (qui fait pendant ˆ Claude AUTANT-LARA sur la liste LE PEN) et mme (juste retour des choses) un transfuge du RPR (J.-L. BOURLANGES), auteur d'un livre : Droite, annŽe zŽro).

 

Liste  Europe et Patries avec Jean-Marie LE PEN :

             

Campagne d'affichage trs active ds le 15 mai dont l'une joue les provocations -nouveau style politique pour mobiliser l'attention des Žlecteurs, mais d'un gožt plus que douteux comme l'affaire du "dŽtail de l'histoire" ˆ propos de l'assassinat de plus de cinq millions de juifs-[ Certes la guerre a fait au total plus de 35 millions de morts, mais l'on ne doit jamais confondre quantitatif et qualitatif. N. de l'a.]

Quelques problmes peuvent tre ŽvoquŽs concernant l'ordre des prŽsŽances sur cette liste, puisque les prŽfŽrences semblent avoir portŽ davantage sur l'apport financier des candidats que sur leur mŽrite ou les scores rŽalisŽs (par exemple Pierre SERGENT, alias Y08 dans les documents de l'OAS, ne sera qu'en 13 me position, alors que mieux placŽ il aurait pu tre le seul dŽputŽ des P.O. ˆ l'AssemblŽe europŽenne). [ voir "Minute" semaine du 24-30 mai.]

Ë l'heure de vŽritŽ sur A2, LE PEN prŽcise que l'Union de l'Europe doit progresser ˆ pas mesurŽs sans mettre en pŽril la culture franaise ni la sŽcuritŽ, celle-ci nŽcessitant une dŽfense militaire commune (une sorte de CommunautŽ europŽenne de dŽfense.  L'abandon de souverainetŽ dans ce domaine est nŽcessaire car il y a un risque de dŽcouplage entre les USA et l'Europe).

Il rappelle qu'il a fallu un millŽnaire pour faire la France. Vis-ˆ-vis des autres candidats, il se dit "contre une Europe bureaucratique ˆ vocation socialiste et mondialiste que prŽconisent les internationalistes de tout poil, qui vont de GISCARD D'ESTAING ˆ FABIUS. DŽcidŽment en verve il sortira "une grenade" (une pastque) pour illustrer sa pensŽe concernant son concurrent Žcologiste, en prŽcisant que si elle est verte ˆ l'extŽrieur, elle est rouge ˆ l'intŽrieur (la prŽsence du leader autonomiste corse SIMEONI sur la liste des Verts a-t-elle suggŽrŽ ˆ LE PEN le choix du fruit ?   Autre signe d'humour noir, le propos concernant la mort du prŽsident du FLNKS, Jean-Marie TJIBAOU, autre terroriste devenu un "homme de paix ... Žternelle". Mais c'est dans le roman fiction politique que LE PEN se sera surpassŽ dans "son interprŽtation" des Žvnements d'OuvŽa (juin 1988) ... en rappelant la machination du Rainbow-Warrior.

LE PEN-thotal, sŽrum de vŽritŽ (Žcrira le chef du FN sur le livre d'or de l'Žmission), tandis que pour Louis LE PENSEC porte-parole du gouvernement c'Žtait davantage "l'heure du dŽlire".

La candidature (5 me de liste) de Yvan BLOT, ancien dŽputŽ RPR (Pas-de-Calais) souligne les difficultŽs que rencontre le RPR (qui se rŽclamait ˆ l'origine de la tradition gaulliste) pour dŽfinir une politique cohŽrente entre planificateurs, populistes et nationalistes d'un c™tŽ (tendance M. DEBRƒ, P. SƒGUIN) et les libŽraux (tendance GISCARD, LƒOTARD) de l'autre.

Autre candidat Žligible (9 me position) le cinŽaste Claude AUTANT-LARA qui justifie sa prŽsence pour dŽfendre le cinŽma franais et lutter contre le cosmopolitisme.

La chance de LE PEN est une fois encore (dans ce type d'Žlection qui lui est plus favorable) de bŽnŽficier entre autres des divisions de la droite: listes VEIL-GISCARD ("la non-droite" dixit LE PEN) qui se disputent l'Žlectorat centriste.

 

Liste Lutte Ouvrire :

             

Conduite par Arlette LAGUILLER. Pour elle la "riche Europe" compte 44 millions de pauvres et certains, comme Laurent FABIUS, se posent en "dames patronnesses" en proposant une charte des droits sociaux fondamentaux.

Elle n'a pu, comme en 1979, constituer une liste unique avec la LCR de A. KRIVINE (qui avait alors recueilli 624.000 voix).

Tous les candidats sont des salariŽs avec une Žgale proportion entre les femmes et les hommes. Les deux tiers sont des militants syndicaux.

 

Liste Chasse Pche  Tradition. Liste europŽenne pour la libertŽ de chasse  et de pche :

             

Conduite par M. GOUSTAT, prŽsident de la FŽdŽration des chasseurs de Dordogne.

Le second M. BRUNET est Vice-PrŽsident de la FŽdŽration pche du Conseil national de la pche. Tandis que M. RAYNAUD est prŽsident des SociŽtŽs taurines.

Ë Port-Barcars, lors du 54 me congrs de l'Association Nationale des chasseurs de Gibier d'eau, la campagne en vue des europŽennes est lancŽe. A l'occasion de la venue d'un reprŽsentant du ministre de l'environnement (B. LALONDE), le texte concernant la directive communautaire de 1979 sur les oiseaux migrateurs (adoptŽe ˆ l'unanimitŽ sous prŽsidence franaise) a fait l'unanimitŽ des chasseurs (qui pour une fois ont pris pour cible un gibier ministŽriel).

Leur but est de veiller au Parlement europŽen ˆ la sauvegarde des milieux naturels [cela ne s'invente pas. N. de l'a.], dŽfendre les intŽrts des chasseurs et des pcheurs, leurs traditions, maintenir les dates d'ouverture et de cl™ture en vigueur.

L'avertissement est clair: Europe: Oui. Abus de pouvoir et centralisation technocratique: Non.

Comment expliquer la constitution d'une telle liste "corporatiste", sinon par la dŽception envers les partis qui n'ont pas voulu prendre en compte leurs problmes ?

Ils s'estiment les premiers dŽfenseurs de l'environnement par leur enracinement dans la culture rurale, leur gestion rŽaliste de la nature et les moyens financiers investis (repeuplement, amŽnagement, achat des terres ˆ l'abandon, etc.).

Partisans d'une collaboration ˆ la commission de l'environnement avec les verts (qualifiŽs toutefois de ... "marchands de chansons"). Avec 5 millions "d'adhŽrents" et un budget de 6 millions de Frs ils esprent dŽpasser les 5%. La campagne est confiŽe au publiciste Jacques SƒGUƒLA (l'homme de l'affiche la "force tranquille" qui fit les beaux jours de MITTERRAND).

 

Liste : Les Verts - Europe Ecologie . Pour une Europe des rŽgions et des peuples solidaires :

 

Conduite par Antoine WAECHTER. Il s'exprime ˆ l'heure de VŽritŽ sur A2 le 31 mai comme tous les autres candidats (ou presque).

Il souligne que sa liste n'est pas un simple syndicat de dŽfense passŽiste de l'environnement. Prendre en compte ce facteur implique d'avoir une vision globale de la sociŽtŽ, de la logique productiviste de l'Žconomie.

Prise de position assez ferme concernant l'arrt des expŽriences nuclŽaires ˆ Mururoa, la disparition de la force de frappe (dans le cadre toutefois de nŽgociations sur la dŽnuclŽarisation.  [N .de l'a.: on est rassurŽ, ce n'est pas demain la veille ! ]. Quant aux centrales nuclŽaires: elles demeurent des lieux ˆ risque (... comme aurait dit Mr de LA PALICE si ces choses lˆ avaient existŽ de son temps).

         O se situent les Verts dans le kalŽidoscope politique. A les en croire: "en dŽsaccord ˆ peu prs Žquidistant " entre les conceptions de l'Europe libŽrale (de la droite) et sociale - dŽmocrate (de la gauche).

Ils seraient donc eux aussi... au centre (ce ne sont que les troisimes). Quelle figure gŽomŽtrique peut bien admettre trois centres? ou le polycentrisme s'apparenterait-il au polythŽisme, mais dans ce cas o situer TONTON au dessus de tout cela !.

RŽaffirmation de la solidaritŽ avec les Verts des autres pays europŽens (Nouvelle internationale verte), mais si les objectifs sont les mmes, certains sont plus radicaux que d'autres (comme les Allemands) les diffŽrences ne reposeraient que sur l'impatience d'appliquer des principes.

Abordant les problmes de l'environnement, le programme autoroutier doit retenir toute notre attention du fait de "la forte mortalitŽ animale qu'il entra”ne" (une idŽe ˆ transmettre ˆ la liste... des Amis des Btes, prŽsentŽe par B.B. alias Brigitte BARDOT É pour les plus jeunes)

Comme il s'agit de dŽbattre de la construction europŽenne, il est apparu tout ˆ fait naturel d'interroger le candidat pour savoir s'il approuvait la dŽcision de MITTERRAND (lors de la rŽunion des pays francophones ˆ Dakar) d'annuler les dettes des pays les plus pauvres. La rŽponse allait de soi puisque de toute faon ils ne pourront jamais rembourser! Comme l'aurait dit Omar BONGO (PrŽsident du Gabon ) "si j'avais su j'aurais empruntŽ davantage". La rŽponse de WAECHTER fut  qu'il faut faire en sorte que la dette n'Žtrangle pas ces pays. [Il a oubliŽ de donner la recette. N. de l'a.] Pour lui "la grande menace de l'avenir ne vient pas de l'Est, mais du Sud. C'est le dŽsŽquilibre Nord-Sud qui crŽe la crise Žcologique actuelle.

Autre question capitale sur l'ŽventualitŽ d'une participation des Verts au gouvernement en France:  "D'abord crŽer une force au Parlement, ensuite signer un contrat de gouvernement afin de ne pas vendre son ‰me. Nous ne serons pas des "ministres caution". [Suivez son regard... vers un certain Brice LALONDE. N. de l'a.]

Notons en 3 me position Max SIMEONI (leader de l'Union du Peuple Corse). Il critique le mode de scrutin ˆ la proportionnelle dont les candidats Žligibles sont dŽsignŽs par les Žtats-majors des partis ˆ Paris, ce qui entra”nera une sous-reprŽsentation des rŽgions. [La querelle entre Jacobins et Girondins n'est donc pas achevŽe aprs 200 ans. N. de l'a.]

 

Liste des amis des Btes. Protection des animaux et de leur environnement

 

PrŽsentŽe le 31 mai sous le patronage de Brigitte BARDOT (actrice bien connue de la gŽnŽration des quinquagŽnaires).

Partisan d'un contr™le drastique des expŽriences animales, le programme insiste sur l'acceptation des chats et des chiens dans les maisons de retraites, l'arrt des corridas [peu de chances d'obtenir des voix dans le Sud-Ouest. N. de l'a.], l'interdiction de la chasse ˆ courre et l'emprisonnement des animaux dans les cirques et les zoos.

La liste est conduite par Mme Arlette ALESSANDRI (prŽsidente de la fondation "Assistance aux animaux").

Regroupement de plusieurs associations protectrices des animaux, totalement apolitique, elle propose notamment, outre la crŽation d'un comitŽ d'Žthique pour lutter contre la vivisection, la mise en place de programmes d'Žducation humanitaire dans les Žcoles.

 

Liste de rassemblement prŽsentŽe par le Parti communiste franais :

 

Conduite par Philippe HERZOG (Žconomiste et polytechnicien). Appel ˆ la "rŽsistance nationale afin de lutter contre les dŽb‰cles Žconomiques qui s'annoncent".

Peu lui importe de rester "orthodoxe" aux yeux de ceux qui se prŽtendent "rŽnovateurs" (ceux hors du PCF, pas ceux de la droite) et qui gomment le problme fondamental qui demeure celui du r™le des multinationales dans l'espace Žconomique europŽen.

Pour G. MARCHAIS, le rŽsultat des municipales dŽmontre que le PCF est la force qui monte malgrŽ les efforts organisŽs entre la droite et les dirigeants socialistes pour l'affaiblir.

Cependant pour les "reconstructeurs", Claude POPEREN estime qu'il y a un nouveau recul et dŽnonce "la mŽthode CouŽ". Pour lui le solde est nŽgatif dans les villes, en voix et en Žlus.

Notons que les listes du PCF conduites par G. MARCHAIS en 1979 et 1984 avaient obtenu respectivement 20,5%  puis 11,2%.

Condamnation trs ferme de la sanglante rŽpression en Chine suite ˆ l'occupation de la place Tiananmen ˆ PŽkin par les Žtudiants le 4 juin.

P. HERZOG, membre du bureau politique et professeur d'Žconomie ˆ l'UniversitŽ de Nanterre, Žtait naturellement tout dŽsignŽ pour conduire la liste du PCF.

La construction europŽenne doit aller ˆ l'opposŽ de celle souhaitŽe et dŽjˆ mise en Ïuvre par le capital. Celui-ci ne peut qu'aller vers une spŽculation financire ˆ la puissance 12.

D'o la nŽcessitŽ d'une harmonisation fiscale, une modulation des taux d'imposition en fonction de l'utilisation de l'argent. Celui-ci doit aller vers des formes productives et non vers la spŽculation.

Le dŽveloppement rŽgional, de toutes leurs ressources, est une nŽcessitŽ pour l'emploi, mais aussi parce que l'on ne peut pas apporter quelque chose ˆ la communautŽ si l'on s'appauvrit.

Il faut dŽvelopper les Žchanges avec les pays de l'Est, comme apporter des rŽponses ˆ l'Afrique ce que ne fait pas la CEE. [Notons que ces Žchanges sont loin d'tre nŽgligeables, la France n'Žtant parmi les pays europŽens que le 3 me client derrire la RFA et l'Italie, et seulement le 6 me fournisseur de l'URSS. Notre balance commerciale vis-ˆ-vis de ce pays Žtant au surplus dŽficitaire avec 11,6 milliards de Frs de ventes contre 16,7 d'importations (dont 73% dž ˆ la facture ŽnergŽtique).  Il existe par ailleurs des nŽgociations entre la CEE et la Pologne et la Hongrie. N. de l'a. ]

Cette politique n'est pas possible dans le cadre supra national, si les pays alinent leurs dŽcisions ˆ la Commission de Bruxelles, o rgnent les lobbies des multinationales et les affairistes en tout genre.

Une rŽfŽrence au gaullisme  rappelle que de GAULLE avait dit que "la politique de la France ne se fait pas ˆ la corbeille" (Bourse de Paris).

Il faut dŽfendre le dŽveloppement d'une culture europŽenne propre, conforme ˆ nos traditions, donner les moyens aux crŽateurs europŽens (or la Commission de Bruxelles a donnŽ une directive d'acceptation de 40% d'importation audiovisuelle en provenance des USA).

Le dŽsarmement est une nŽcessitŽ, d'abord parce que le pouvoir de destruction des armes est un facteur d'insŽcuritŽ, la dissuasion un concept dŽmodŽ, ensuite parce que les dŽpenses militaires crŽent un dŽficit budgŽtaire.

L'emploi dans l'armement, o d'ailleurs on dŽbauche, doit tre reconverti dans l'Žquipement industriel. La recherche doit tre dŽmilitarisŽe alors que la tendance est inverse.

Les plus grandes rŽussites (Airbus, Ariane, etc...) ont ŽtŽ rŽalisŽes gr‰ce ˆ des coopŽrations europŽennes bilatŽrales. Il n'est donc pas vrai d'affirmer que l'Europe ne peut progresser que par une intŽgration supranationale.

Plus il y aura circulation des marchandises, des capitaux et des hommes, plus il sera nŽcessaire de protŽger les salariŽs, d'assumer leur formation. On ne peut accepter la dŽclaration faite par ROCARD au journal Der Spiegel que "construire l'Europe c'est accepter la domination Žconomique de l'Allemagne".

Au 43 me congrs de la CGT, KRASUCKI (4) critique l'Europe du recul social qui se met en place pour le plus grand profit des multinationales. Discours le plus proche de la liste HERZOG. Sans doute pas un hasard!

C'est aussi une Europe pacifique qui doit se construire dans la souverainetŽ et l'indŽpendance totale des pays qui la composent. Elle doit aussi se construire sur le progrs social avec toute l'Europe gŽographique et une large coopŽration syndicale europŽenne.

Comme le programme de P. HERZOG n'est pas contradictoire avec celui de la CGT, mais fortement convergent, G. SƒGUY (ancien secrŽtaire  gŽnŽral de la CGT) estime que sa candidature ne fait que prolonger son action syndicale.

Pour lui, la prŽsence d'AndrŽ SAINJON (ancien secrŽtaire gŽnŽral de la fŽdŽration de la mŽtallurgie) sur la liste FABIUS est une idŽe saugrenue, quand on sait que le pouvoir persŽcute des travailleurs chez Renault.

 

MajoritŽ de Progrs pour l'Europe. Liste soutenue par le Parti Socialiste, Le mouvement des Radicaux de Gauche, L'Association des DŽmocrates et SOS Environnement

 

L'appel  des 1000 pour l'Europe du progrs ("Le Monde" 2 juin) comprend peu d'ouvriers et de salariŽs smicards. La liste conduite par L. FABIUS est pleine d'enseignements sur la composition sociologique de l'Žlectorat fabiusien. [N. de l'a.: on y trouve une infirmire !].

Soutenu par M. ROCARD lors d'une rŽunion publique ˆ Nantes,  Laurent FABIUS en retour, s'engage ˆ soutenir une candidature ROCARD lors des PrŽsidentielles (en ... France !). Il s'engage ˆ dŽfendre une "Europe sociale" [ce qui est le moins pour un "socialiste", mais par quelle procŽdure ?  N. de l'a.]. Pour le renforcement des pouvoirs du Parlement europŽen [dont nul ne peut savoir ˆ l'avance la composition politique. N. de l'a.]. Un amendement au manifeste europŽen du PS liant la libre circulation des capitaux (le 1er juillet 1990) ˆ des conditions prŽalables d'harmonisation fiscale et sociale a ŽtŽ rejetŽ sous prŽtexte que les conditions figureraient dans le texte, et qu'il faut faire confiance au gouvernement pour les dŽfendre.

La composition de la liste est jugŽe contestable par certains socialistes (comme P. MAUROY) du fait de la mauvaise reprŽsentation des rŽgions (le Languedoc-Roussillon ne sera plus reprŽsentŽ compte tenu de la place de non-Žligible offerte ˆ G. SUTRA, qui l'a d'ailleurs refusŽe). Il conviendrait  ultŽrieurement de regrouper des rŽgions.

Le MRG n'obtient qu'une place d'Žligible (10 me) alors qu'il en rŽclamait 2 (et menace de constituer sa propre liste). [D'o son titre en petit caractre dans l'intitulŽ de la liste! ]. Pour L. FABIUS, l'environnement doit tre intŽgrŽ dans le projet socialiste (qu'est devenu le moratoire concernant la construction des centrales nuclŽaires dŽcidŽ par ce mme PS, avant 1981 il est vrai, comme les ventes d'armes ˆ l'Žtranger et les expŽriences nuclŽaires, sans parler du reste. On ne peut parler d'irresponsabilitŽ ou d'inexpŽrience pour des hommes politiques dont certains sont des prŽsidents de rŽgion, dans les instances europŽennes, dans des Conseils gŽnŽraux et maires de grande ville. N. de l'a : c'est se moquer de l'Žlectorat socialiste]. Il n'est pas Žtonnant que le candidat craigne une forte abstention . [Il est inutile de voter blanc puisque ce mode d'expression n'est pas pris en compte. N. de l'a.]

Dans une confŽrence de presse (qui devrait engager la liste du PS), F. MITTERRAND rŽaffirme l'engagement de la France  lors de la construction du grand marchŽ de 1993: il ne devra pas devenir un "vaste marchŽ de fraude" par une libŽration sans prŽcautions des mouvements de capitaux [par  quelles mesures? et prises par qui ? N. de l'a.]

Cinq prioritŽs sont dŽfinies: l'union Žconomique et monŽtaire, l'Europe sociale, l'Europe culturelle (principalement audiovisuelle), l'environnement et l'Europe des citoyens. FABIUS prŽcise aussi que la CEE devra s'ouvrir vers l'Europe de l'Est tout en veillant ˆ faire progresser les droits de l'homme et les libertŽs. Il n'en demeure pas moins qu'aux "bonnes intentions" s'impose "la mŽthode ROCARD" faite de rŽalisme face ˆ la logique capitaliste, des lois du marchŽ, et dont la gestion reoit le satisfecit du prŽsident du patronat (15/5). Cela ne laisse pas d'tre inquiŽtant dans l'avenir, mme si pour P. HERZOG, c'est moins pire qu'avec les hommes de la droite. [Mais ˆ quel langage se rŽfŽrer puisque l'on peut en dŽcrypter quatre au PS: celui de MITTERRAND, du Parti, du Premier ministre et de FABIUS ? N. de l'a.]

L'argument dŽcisif de la candidature du PrŽsident de l'AssemblŽe nationale (fonction qui n'empche pas le cumul de dŽputŽ ˆ l'AssemblŽe europŽenne) peut appara”tre surprenant: "On parle partout de l'Europe, sauf ˆ l'AssemblŽe nationale". La construction europŽenne est une nŽcessitŽ en face des milliards d'hommes de la Chine, de l'Indochine, etc.

         Au cours du dŽbat sur A2 (8 juin), L. FABIUS insistera sur la diffŽrence entre sa liste et les autres, par le fait qu'elle exprime la politique europŽenne de MITTERRAND et de ROCARD (qui ont obtenu le soutien de la majoritŽ des Franais aux prŽcŽdentes Žlections), alors que d'autres ont votŽ une motion de censure (UDF et RPR) pour la condamner. Ses rŽponses ˆ LE PEN sur les problmes de l'immigration incontr™lŽe ont rŽvŽlŽ une certaine gne de sa part.

Il rŽaffirme qu'il fut en 1985 le Premier ministre au c™tŽ de F. MITTERRAND lors de la signature de l'Acte unique, et pour nŽgocier l'entrŽe de l'Espagne et du Portugal dans la CEE. C'est bien MITTERRAND qui a le plus fait progresser l'Europe.

Vis-ˆ-vis des Žcologistes, leurs solutions ne peuvent tre sŽparŽes d'une vision politique globale. La dimension Žcologique doit tre de plus en plus prise en compte par les partis. Au parlement de Strasbourg il existe seulement deux grandes forces: les socialistes et sociaux-dŽmocrates d'une part, et les conservateurs d'autre part. Voter utile c'est Žlire des dŽputŽs qui, dans les grands groupes, pourront peser sur les dŽcisions. Cela explique la prŽsence ˆ ses c™tŽs d'un Žcologiste comme Alain BOMBARD. Le combat contre la croissance que mnent les Verts joue contre l'emploi.

L. FABIUS s'est prononcŽ pour une vŽritable stratŽgie europŽenne de rŽduction du temps de travail, et  souligne que son action, comme celle du PS historiquement, est la lutte contre les risques sociaux et les inŽgalitŽs, la lutte contre les risques industriels induits par le capitalisme sauvage ˆ l'Ouest ou par la bureaucratie ˆ l'Est [Programme en rŽalitŽ plus social-dŽmocrate que socialiste. N. de l'a.]

 

Liste L'UNION UDF-RPR pour ReprŽsenter et DŽfendre la France dans une Europe Unie:

 

Conduite par Valery GISCARD D'ESTAING. Il prŽcise sa pensŽe ˆ l'heure de vŽritŽ sur Antenne 2 le 29 mai (voir "le Monde" 31 mai). Pour lui la liste centriste conduite par Mme VEIL ne se justifie pas sur le fond, et au surplus la tte de liste lui avait ŽtŽ proposŽe. L'union de l'opposition est fondamentale si l'on ne souhaite pas voir se pŽrenniser le pouvoir socialiste (!). La division c'est l'assurance-vie du socialisme. Ce que l'acadŽmicien Jean D'ORMESSON rŽsumera plus cržment ˆ France-Inter au cours de l'Žmission "Vendredi soir" du 2 juin : "Mme VEIL fout le bordel alors que l'unitŽ de l'opposition Žtait reconstituŽe entre l'UDF et le RPR".

Il insiste sur une nŽcessaire politique europŽenne face ˆ l'immigration (notion de frontire europŽenne ˆ dŽfinir), le vote des rŽsidents et l'identitŽ nationale (suivez... son regard vers les Žlecteurs d'une liste concurrente).

Les radicaux "valoisiens" (AndrŽ ROSSI, AndrŽ ROSSINOT, Etienne DAILLY, Jacqueline THOME-PATENOTRE) font para”tre un grand placard publicitaire de soutien ("Le Monde" 2 juin). Dans les P.-O., oui, ils existent (Sauveur FERNANDEZ, Marcel ZIDANI).

La proportion entre les diverses composantes sont les suivantes pour les 40 premiers: PR: 9 ( V. GISCARD D'ESTAING, F. LƒOTARD, A. MADELIN, C. MALHURET), RPR: 17 (A. JUPPƒ, M. BARZACH, M. ALLIOT-MARIE, D. UKEIWE), Rad : 3 (Y. GALLAND), PSD: 1 (C. BAUR), CNI: 1 (Y. BRIANT), CDS: 1 (M. REYMANN), les autres ou presque sont sur une autre liste ! Club perspectives et rŽalitŽs: 1 (A. LAMASSOURE), UDF: 4 (R. HERSANT, M. PINTON et... CHARLES DE GAULLE (le petit- fils). Sans Žtiquette: 3 (J. LACAZE, ancien chef d'Žtat-major des armŽes; F. GUILLAUME, ancien PrŽsident de la FNSEA, ancien ministre de l'agriculture; Alain POMPIDOU... le fils).

Sur A2 au cours du dŽbat (8 juin), GISCARD trs ˆ l'aise dans son argumentation en trois points, a dŽfendu le principe d'une liste d'union en s'adressant ˆ Mme VEIL (mais n'a pas repris devant elle le fait qu'il lui aurait proposŽ d'tre tte de liste), ce qui correspond aux aspirations des Žlecteurs de l'opposition.

 

Liste Europe RŽnovateurs :

 

Conduite par Claude LLABRES (coordinateur national du mouvement). Ces "nouveaux communistes" s'inspirent de la dŽmarche du Parti communiste italien. Un rapprochement entre la CEE et le COMECON est prŽconisŽ. On note comme candidat non MRC: Vincent LABEYRIE (professeur d'Žcologie ˆ l'UniversitŽ de Pau), GŽrard TARTAGNAC (du MODEF), Rapha‘l GARCIA (membre de la commission exŽcutive de la CGT mŽtallurgie), Mme Chantal DIEUZEDE (animatrice de la maison des ch™meurs), Christian DELACHERIE (cadre ˆ la direction de la SNCF, ancien membre du cabinet ministŽriel de C. FITERMAN), Josiane ROUZIERES (membre de l'exŽcutif de la nouvelle gauche, adjoint au maire de Fleury-sur-Orne, PS), Alain RIGOUT (fils de Marcel l'ancien ministre). M. Maurice KRIEGEL-VALRIMONT (communiste et ancien rŽsistant bien connu) comme M. Jean-Pierre VIGIER (ex-membre du comitŽ central du PCF) prŽsident le comitŽ de soutien. Partisans de l'accroissement des prŽrogatives du Parlement europŽen et de la suppression de la Commission, ils souhaitent la transformation du Conseil des ministres de la CEE en exŽcutif. Sur les 81 candidats, on trouve 41 femmes.

 

Liste " Initiatives pour une dŽmocratie europŽenne (IDE) " :

 

Conduite par Franck BIANCHERI (28 ans, Sciences-Po). Mouvement transnational (3 pays: France, Pays-Bas, Espagne) avec la moyenne d'‰ge la plus basse (27 ans).

L'Europe est jusqu'ˆ maintenant une prothse des Žtats, mise en forme par des fonctionnaires, serviteurs des ƒtats. C'est pourquoi il faut en finir avec les partis ŽmanŽs de chacun des pays.

L'avenir est ˆ l'Europe et c'est aux citoyens eux-mmes de l'organiser, et non de le confier aux personnalitŽs ˆ clivage politique national (d'o leur absence sur cette liste). Il faut dŽvelopper des structures communautaires plus dŽmocratiques.

Pour un vrai gouvernement responsable devant le parlement, alors que la Commission n'est que nommŽe par les gouvernements nationaux.

CrŽation de partis europŽens, d'associations transnationales.

Faciliter la libre circulation (autoroute gratuite en France et en Espagne). Il n'est pas normal de payer plus cher un trajet aŽrien ˆ l'intŽrieur de la CEE qu'entre Munich et New York.

Le clivage n'est pas entre la Gauche et la Droite (par exemple: le PS en matire de dŽfense est plus ˆ droite que la droite allemande), il est  entre ceux qui veulent une Europe dŽmocratiquement organisŽe et ceux qui ne la veulent pas.

Finances: 2 millions de Frs (cotisations, dons, vente de cartes IDE au cožt de 5 ƒCUS soit 35 Frs).

 

Liste  l'Alliance . Un nouveau souffle pour l'Europe :

 

Conduite par un chirurgien de Montpellier M. le Pr. JOYEUX.

ComposŽe de socio-professionnels et de mres de famille. La famille est le thme principal de sa prŽoccupation en proposant un soutien financier Žquivalant au SMIC au pre ou mre d'un enfant.

 

Liste  GŽnŽration Europe :

 

Conduite par GŽrard TOUATI, chef d'entreprise. Elle propose 5 objectifs: construire l'Europe des rŽgions, des chances, des libertŽs, des croissances, des espaces.

 

Liste R.F.L. Rassemblement pour une France libre :

 

Elle est conduite par Jacques CHEMINADE (Žnarque, secrŽtaire gŽnŽral du P.O.E.) qui s'Žtait prŽsentŽ en 1984 sous l'appellation du Parti ouvrier europŽen (et qui avait obtenu... 0 voix ˆ Banyuls). DŽmocrate rŽpublicain se rŽfŽrant ˆ COLBERT, JAURéS, plus la tradition scientiste amŽricaine. Comme de GAULLE et JAURéS, il s'estime tre un homme seul [ce qu'avait bien confirmŽ les rŽsultats de 1984, mais il devrait progresser le 18 juin en gagnant 3 ou 4 voix. N. de l'a.]. Partisan d'un autre langage pour l'Europe [je ne parle pas du VolapŸk. N. de l'a.], mais pour une Europe autour d'un projet. Trs critique sur l'Acte unique dŽcidŽ en catimini et qui ouvre l'Europe ˆ la drogue.

Contre le socialisme des coups de Bourse favorisŽs par FABIUS. LE PEN n'est qu'un bouffon qui n'aime que les ŽmigrŽs riches appartenant ˆ la secte MOON [allusion ˆ des membres de sa liste. N. de l'a.].

Pour une Europe de l'Atlantique ˆ l'Oural (dans le sens dŽjˆ ŽvoquŽ par de GAULLE), mais pas l'inverse. La CEE empche de produire plus, ce qui pourrait  tre exportŽ ˆ l'Est et vers les pays du tiers monde.

FinancŽ exclusivement par les 6000 abonnŽs au journal Nouvelle SolidaritŽ. [Il devrait donc faire au moins 6000 voix dans la mŽtropole. N. de l'a.]. ComposŽ de socio-professionnels qui s'opposent ˆ l'Europe des cartels financiers.

 

RŽsultats du 18 juin :

              

                                         Banyuls                        DŽpartement               MŽtropole

Inscrits:                   3738   (+373 /1984 )                255.891                  38.155.516

Abst.:                     1850   (49,5%)                         (50,77%)                 (51,11% )

Votants:                 1888   (50,5%)                         (49,23%)                 (48,88% )

Blancs:                        48   (  2,54%)                       (  2,75%)                 (  2,89% )

S.Expr.:                  1840   (49,22%)                       (47,88%)                 (47,46% )

UDF - RPR:              502  (27,28% SE)                 (22,57% SE)           (28,86% SE)

Centre (S. Veil):         109  (  5,92% SE)                 (  5,31% SE)           (  8,4%   SE)

F.N.:                          313  (17,0%   SE)                 (18,67% SE)           (11,73% SE)

PS (Fabius):               477  (25,92% SE)                 (23,58% SE)           (23,6%   SE)

Ecologistes:                165  (  8,97% SE)                 (  9,12% SE)           (10,59% SE)

PCF (Herzog):           145  (  7,88% SE)                 (10,82% SE)           (  7,72% SE)

RŽnov.:                          6  (  0,33% SE)                 (  0,33% SE)           (  0,41% SE)

MPPT:                           5  (  0,27% SE)                 (  0,55% SE)           (  0,60% SE)

L.O.:                            11  (  0,60% SE)                 (  1,01% SE)           (  1,42% SE)

Chasseurs:                   67  (  3,64% SE)                 (  5,49% SE)           (  4,13% SE)

Prot. animaux:               14 (  0,76% SE)                (  0,98% SE)           (  1,03% SE)

Joyeux:                         19 (  1,03% SE)                (  0,95% SE)           (  0,75% SE)

Touati:                             5 (  0,27% SE)                (  0,26% SE)           (  0,32% SE)

Cheminade:                     2 (  0,11% SE)                (  0,13% SE)           (  0,17% SE)

Biancheri:                        0 (  0,16% SE)                (  0,17% SE)

 

Remarques :

 

1- Les abstentions sont fortes, mais infŽrieures ˆ Banyuls par rapport au dŽpartement et ˆ la mŽtropole. Elles sont cependant en augmentation comparŽes ˆ celles des deux Žlections europŽennes de 1979 et 1984. Afin de les limiter, les bureaux de vote sont restŽs ouverts jusqu'ˆ 22 heures, apparemment sans grand effet.

         L'interprŽtation sera diversement commentŽe: lassitude des Žlecteurs aprs cinq Žlections en un an, sentiment d'impuissance des citoyens face ˆ une politique qui se fait sans eux et ˆ des problmes concrets qui demeurent (emploi, ch™mage, insŽcuritŽ). Perte de confiance envers les grandes formations politiques (comme tendrait ˆ le prouver le total obtenu par les petites listes et les Žcologistes: 19, 59%, sans compter un pourcentage non nŽgligeable des voix du FN de l'ordre de 5 ˆ 6%). Trs faible mobilisation, sinon nulle, des Žlus locaux en faveur de leur candidat (les municipales sont passŽes). Enfin les mŽdias trop polarisŽs sur certains aspects anecdotiques au dŽtriment des problmes de fond. A leur dŽcharge, les candidats eux-mmes s'y sont prtŽs ou sont restŽs dans de banales gŽnŽralitŽs en se gardant de s'aventurer dans le comment. [langue de bois commande! N. de l'a.]

         La campagne a ŽtŽ par trop monopolisŽe par les ttes de liste, alors qu'elle aurait pu tre "dŽmultipliŽe" par 81, ce dont se plaindra par exemple le second de la liste VEIL qui estimera "avoir" le sentiment d'tre un lŽgume (interview dans "Le Monde" du 25 mai de J-L BORLOO). Il sera surprenant d'entendre S. VEIL, interrogŽe ˆ la radio sur les "Žtats d'‰me" de son colistier, rŽpondre qu'elle seule doit avoir le monopole de la parole !

         Le nombre des bulletins blancs et nuls est en diminution (ce mode d'expression n'Žtant pas pris en considŽration explique l'abstentionnisme, ce problme sera abordŽ par de trs rares commentateurs).

            2- La liste UDF-RPR arrive en tte et fait ˆ -1,58% le score national. C'est naturellement moins que la liste d'union de 1984 (36,87% des SE), mme si l'on y ajoute les voix de S. VEIL: 611 contre 702 (soit -91 voix/1984), malgrŽ 373 inscrits de plus qu'en 1984 .

         GISCARD D'ESTAING s'estimera nŽanmoins trs satisfait de son score national (malgrŽ au total une perte de 8 siges dans la future assemblŽe). Le bŽnŽfice est donc davantage pour des motivations personnelles et de politique intŽrieure.

        

         La liste Centriste de S. VEIL n'obtient pas le rŽsultat escomptŽ, le vote "utile" lui ayant ŽtŽ prŽjudiciable. Notons d'ailleurs la meilleure prŽsentation du bulletin de vote de la liste UDF-RPR, et ˆ l'opposŽ l'absence de celui de S. VEIL  dans les enveloppes reues quelques jours avant le scrutin !

         Les sondages fournis le 9 juin par les principaux organismes sont loin d'tre exacts puisqu'ils lui donnaient de 11,5 ˆ 12% (soit 3,6% de plus), contre 26 ˆ 27,5% ˆ GISCARD.

         Cette situation place a posteriori les centristes (CDS de P. MƒHAIGNERIE) et les rŽnovateurs de l'UDF dans une position inconfortable (voir le dessin de PLANTU dans le Monde du 21-06).

        

         3- Le Front national progresse (+81 voix/1984) mais ne retrouve pas son score des PrŽsidentielles de 1988 (437 voix), victime aussi des abstentions. Au plan national, il n'arrive qu'en 3 me position avec 11,73% (les sondages donnaient le 9 juin de 9,5 ˆ 10%) (5).

         Ë Perpignan il arrive en tte:  25,31% (mais avec 45,63% d'abstentions). P. SERGENT ne sera cependant pas Žlu puisque sa liste n'obtient que 10 siges et qu'il se situait en  position non Žligible.

         Le thme des immigrŽs est Žvidemment prŽpondŽrant dans la motivation du vote comme le montrent bien les rŽsultats obtenus dŽpartement par dŽpartement (6).

        

         4- Les Verts-Žcologie connaissent un succs prŽvisible. Avec 10,59% en mŽtropole, ils entrent dans la "bande des 4". Ë Banyuls si leur gain est spectaculaire (+105 voix/ 1984, ou 5,82% en plus), il est moins important qu'au plan national et dŽpartemental. Il prend ses gains dans un Žlectorat de sensibilitŽ socialiste dŽu et de jeunes Žlecteurs.

         L'Žcologie ne constitue pas une force politique ˆ Banyuls... malgrŽ la prŽsence d'un grand laboratoire d'Žcologie installŽ depuis 107 ans ! Il appara”t aussi clairement que le pourcentage de vote Žcologique cro”t  en fonction de la taille des villes et diversement selon les rŽgions

         Par exemple en % des SE : Perpignan 8,24; Montpellier 11,91; Marseille 9,39; Lyon: 10,77. Mais si l'on tient compte du % par rapport aux inscrits, on observe: Banyuls: 4,41%; Perpignan: 3,68; Montpellier: 5,60; Marseille: 3,83; Lyon: 4,81; Paris: 5,21, ce qui dŽmontre que ce courant ne mobilise qu'une fraction convaincue, mais limitŽe, de l'Žlectorat.

         Pour la premire fois, les Žcologistes franais font leur entrŽe dans l'AssemblŽe europŽenne avec 9 Žlus. Juste rŽcolte pour leur mentor RenŽ DUMONT qui estime qu'il ne reste plus qu'une dizaine d'annŽes pour Žviter la dŽchŽance de l'humanitŽ (voir interview dans "Paris Match" du 17 aožt). Quelles sont les raisons d'un tel engouement? sinon une prise en compte insuffisante de la vie quotidienne dans les programmes des partis au pouvoir (8). Avec prs de deux millions de voix ils ont presque doublŽ leur score en un an !

 

         5- Le Parti Socialiste ne rŽalise pas le score espŽrŽ par son leader, ni celui donnŽ par les sondages du 9 juin (26%). Avec 23,61% sur le plan national il rŽgresse par rapport ˆ 1984.

         A Banyuls il perd 24 voix / 1984 (ou 0,34%) malgrŽ un accroissement de 373 inscrits. Ni le soutien du Premier ministre, ni la rŽfŽrence ˆ F. MITTERRAND en cours de campagne n'auront suffi ˆ mobiliser l'Žlectorat de 1988 (-515 voix/ 1er tour des lŽgislatives). Ce score est infŽrieur de peu ˆ celui obtenu par la SFIO le...2 juin 1946 !

         Cet Žchec traduit sans doute la mauvaise "image de marque socialiste" de Laurent FABIUS, et la persistance des problmes (sinon des "casseroles") aprs plusieurs gouvernements socialistes. On pourrait cependant tout aussi bien interprŽter les abstentIonnistes socialistes comme des satisfaits qui ne verraient plus la nŽcessitŽ d'un soutien Žlectoral, compte tenu d'un enjeu non national et d'un gouvernement non directement menacŽ.

         Si l'on reste dans la logique des municipales le risque d'Žrosion pourrait se poursuivre. Comme observŽ pour le PCF, le remplacement des anciens socialistes par les nouvelles gŽnŽrations n'est pas assurŽ.

        

         6- Le PCF avec HERZOG, nouveau et jeune chef de file, fait moins que G. MARCHAIS en 1984 (-131 voix) malgrŽ 373 inscrits en plus. Il perd par rapport aux lŽgislatives de 1988  (-55 voix). Le pourcentage est sensiblement le mme qu'au niveau national tandis qu'il est lŽgrement meilleur au plan dŽpartemental o il se place devant les Žcologistes.

         Les voix perdues ne se retrouvent pas (ou peu) ˆ l'extrme gauche dont le total n'est que de 22 voix.

         Faut-il pour cela en conclure que de "nombreux abstentionnistes" constituent une rŽserve du PCF comme le soutiendra G. MARCHAIS, et que la dŽmobilisation est le rŽsultat de la "campagne dŽbile menŽe par les forces politiques du consensus: FABIUS, GISCARD ET VEIL" ("L'HumanitŽ" du 19-6)? L'autocritique (l'une des pierres philosophales du marxisme-lŽninisme) ne semble pas la vertu cardinale du secrŽtaire gŽnŽral (du moins vu de l'extŽrieur).

         Comme dans le cas de la section locale du PS, la cellule du PCF n'a pas apportŽ de soutien public en faveur de son candidat en relayant ses thses.

         Y a-t-il eu un effet rŽsultant des Žvnements de PŽkin. Le dŽsaveu par le Parti communiste franais de la conduite des dirigeants et de l'armŽe en Chine, comme son soutien sans rŽserve ˆ la nouvelle politique de Gorbatchev en URSS, ne paraissent pas toutefois avoir eu de rŽpercussions Žlectorales importantes.

         Comme cela a dŽjˆ ŽtŽ observŽ lors d'Žlections antŽrieures, le recul du PCF est plus profond et sans doute amorcŽ ds 1981, puis accŽlŽrŽ par sa participation trop longue au gouvernement socialiste.

         Pourtant, durant la campagne, le discours de P. HERZOG a ŽtŽ fort clair dans la dŽnonciation des effets de l'intŽgration Žconomique rŽsultant de l'Acte unique. Il n'a manifestement pas portŽ, peut-tre ˆ cause d'une forme trop conventionnelle et de propos par trop "misŽrabilistes" (dixit J. RALITE, ancien ministre du PCF dans le gouvernement MAUROY).

         Le livre de P. HERZOG est bien une critique sans concession du capitalisme des multinationales, et qui ne laisse gure d'option que celle de ... la prise du pouvoir ou la mise au pas celles-ci. Mais est-ce bien raisonnable dans un pays o la paupŽrisation est relative et le taux de ch™mage encore insuffisant (si l'on peut dire), et qui conduit plus la jeunesse ˆ la dŽsespŽrance ou/et auxparadis artificiels, qu'ˆ l'action organisŽe (sinon en bande de nihilistes, ou ˆ l'individualisme)?

        

         7- Toutes les petites formations d'extrme gauche reculent par rapport ˆ 1984. A. LAGUILLER de -4  voix, le MPTT (-10), les rŽnovateurs communistes: -11.

         Seul le Parti ouvrier europŽen de 1984, curieusement intitulŽ Rassemblement pour une France libre progresse, passant de 0... ˆ 2 voix (mais est-ce rŽellement une liste de gauche?).

        

         8- Les chasseurs associŽs aux pcheurs font un score honnte au plan national, et non nŽgligeable ˆ Banyuls (3,64%).

         Dans certains dŽpartements, comme les Landes et la Somme, ils font plus de 14%! et arrivent ˆ ŽgalitŽ avec les Žcologistes dans les PyrŽnŽes-Atlantiques (plus de 9%), mais ne font (heureusement pour les pigeons vŽritables pollueurs des monuments), que 0,48%... ˆ Paris.  

 

         9- La liste de la Lutte pour la protection des animaux fait un score qui n'empchera  pas la Feria de Dax de se dŽrouler durant l'ŽtŽ.

        

         10- La liste IDE du jeune Patrick BIANCHERI (dont la moyenne d'‰ge est sans doute la moins ŽlevŽe) n'obtient aucune voix ˆ Banyuls, et est lanterne rouge dans le pays. Effort mal rŽcompensŽ de son leader, malgrŽ des propos fort pertinents sur France Inter (10 minutes), qu'il fallait saisir... au vol.

 

Notes annexes :

(1) La spŽcialisation des activitŽs industrielles et agricoles, dŽcidŽes au sein de comitŽs techniques hautement qualifiŽs (quant aux buts fixŽs) en fonction des lois du marchŽ, ne peut que conduire ˆ "l'irrŽversibilitŽ" de l'intŽgration europŽenne (du moins peut-on le penser). Cette planification  n'est pas sans consŽquences multiples dans son application, comme le fait ressortir l'ouvrage de Pierre MIQUEL: Vive la France. Edit. Garamont/Le LisŽrŽ (1987).

(2) Lire ˆ ce propos l'ouvrage de Franoise LABORDE et Jean-Luc MANO: Les Mammouths et les jeunes lions. Edit. Belfond (1990), et les dŽbats lors du Congrs du RPR. Cette situation n'est pas propre ˆ la droite comme le rŽvlera le Congrs du PS ˆ Rennes (totalement surrŽaliste pour les non-initiŽs), et les affrontements au sein du ComitŽ Central du PCF prŽparatoire ˆ son congrs. Mme le FN conna”tra des tensions internes sŽrieuses lors de la crise du Golfe (septembre 1990).

(3) RŽfŽrence ˆ la  dŽclaration du PrŽsident LAVAL du 24 juin 1942 (voir dans "Midi-soir", quotidien rŽgional. Document personnel de l'auteur).

L'arrivŽe au pouvoir de GORBATCHEV en URSS, les accords d'Helsinki et la situation Žconomique interne des divers pays socialistes semblent affaiblir l'argument du "pŽril rouge".

(4) Henri KRASUCKI, secrŽtaire gŽnŽral de la CGT, militant communiste depuis 1939, engagŽ dans la RŽsistance et dŽportŽ, dŽcŽdŽ le 27 janvier 2003 (Cf. le compte-rendu sur sa vie politico-syndicale dans "LibŽration" du 28/01/2003).

(5) Cf. Guy BIRENBAUM: Le Front national en politique. Edit. Balland (1992).

(6) Emmanuel TODD (op. cit., 1988) montre que ds 1984 le coefficient de corrŽlation entre proportion des % de S.E pour le FN, et prŽsence des travailleurs immigrŽs est de + 0,89. Mais pour l'auteur, si cette mesure dŽfinit le message essentiel du FN, il n'en dŽcrit pas la totalitŽ puisque les listes n'obtiennent jamais moins de 5 %,  mme lˆ o le nombre d'immigrŽs est insignifiant.

Nous avons antŽrieurement signalŽ la corrŽlation existant entre la courbe du ch™mage et celle de l'extrme droite. Ceci expliquerait la diversitŽ de ses Žlecteurs recrutŽs dans des couches sociales fort diffŽrentes.

(7) Cf. Georges MARCHAIS: DŽmocratie. Edit. Messidor/Editions sociales (1990). Et l'analyse critique par AndrŽ LAURENS dans "Le Monde" du 3-4 juin 1990.

(8) Cf. Bernard THOMAS: Lettre ouverte aux Žcolos qui nous pompent l'air. Edit. Albin Michel (1992) et Alain DENVERS: Points choc. Vert. L'environnement dans tous ses Žtats. Edit. Edition¡1, Rennes (1990).

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