58 - Elections des reprŽsentants
de la France au Parlement europŽen
du 12 juin 1994
Cette Žlection est intŽressante dans la mesure o
elle fait suite, d'une part au rŽfŽrendum de 1992 concernant le traitŽ sur
l'Union europŽenne (texte complexe Žtabli ˆ Maastricht dont le rŽsultat fut
trs serrŽ: 50,81% S.E. contre 49,18%), et d'autre part aux lŽgislatives de
1993 qui a vu la dŽfaite sŽvre de la majoritŽ socialiste au bŽnŽfice du RPR et
de l'UDF. Le nouveau Premier ministre E. BALLADUR (dŽsignŽ ˆ cette fonction par
J. CHIRAC et le RPR) jouit d'une cote de popularitŽ (traduit par les divers
sondages) qui ne se dŽment pas. Depuis son installation ˆ Matignon (due ˆ la
prudence de ses dŽclarations et un style politique de tradition plus
"centriste" que "gaulliste"), la cohabitation est
apparemment harmonieuse avec F. MITTERRAND (qui achve un dernier mandat).
Comme on pouvait s'y attendre (ˆ la
suite de positions prises par certains membres de l'UDF et du RPR lors du
rŽfŽrendum), P. DE VILLIERS (PR) constitue une liste dissidente. On note la
prŽsence de Charles de GAULLE (le petit-fils), du juge Jean-Pierre THIERRY (qui
s'est illustrŽ pour sa tŽnacitŽ vis-ˆ-vis des affaires de financement occulte
des partis) et, entre autres, de reprŽsentants du monde agricole.
Bernard TAPIE, nouvelle locomotive du
Mouvement des radicaux de gauche (qui a dŽfrayŽ durant tout l'ŽtŽ la chronique
ˆ propos de l'affaire du match OM-Valenciennes, quelques jours avant de
remporter sa premire coupe d'Europe des clubs champions), s'est adjoint la
prŽsence d'un ancien ministre du PS (Catherine LALUMIéRE) et d'un Žcologiste
(No‘l MAMéRE). Son dynamisme est bien connu, sans parler de la publicitŽ
ininterrompue que lui font les mŽdias et qu'il sait admirablement utiliser (1).
La guerre qui se poursuit entre
serbo-croato-bosniaques inspire quelques personnalitŽs comme B.-H. LEVY (qui
abandonnera sa liste) et le sympathique docteur LŽon SCHWARTZENBERG, qui
cherchent ˆ l'occasion de cette Žlection ˆ sensibiliser les Franais sur
l'Žternel problme de la cohabitation de ces populations des Balkans (qui
s'Žternise depuis É l'invasion des Turcs et les influences germaniques et
russes). Un sondage Ipsos crŽdite cette liste de 12% et É 7% pour CSA.
Les chasseurs mnent le mme combat
qu'auparavant contre les rglements ŽdictŽs ˆ Bruxelles et sont associŽs aux pcheurs (ceux-ci
moins bien reprŽsentŽs que les premiers sur leur liste)
Au nouveau Premier secrŽtaire du PS (M. ROCARD)
incombe le redoutable honneur de mener une liste, difficile ˆ constituer du
fait des multiples tendances qui s'Žpient au sein du parti. Outre l'inŽvitable
Jack LANG, on note la prŽsence de Bernard KOUCHNER (qui annoncera
ultŽrieurement qu'il a votŽ pour TAPIE!). La future candidature aux
prŽsidentielles de M. ROCARD risque d'tre remise en cause selon le score
rŽalisŽ (2).
Jean-Pierre CHEVéNEMENT, fondateur du Mouvement des
Citoyens, tente d'affirmer son particularisme, et profite de cette Žlection
afin de rŽaliser un sondage en vraie grandeur (fusil ˆ deux coups ... afin de
se situer Žventuellement pour les futures prŽsidentielles). On note sur sa
liste la prŽsence de Gisle HALIMI (avocate et fŽministe bien connue) ainsi que
d'Anicet LE PORS, ancien ministre communiste dans le gouvernement MAUROY. Dans
un tract, l'accent est mis sur les causes
du ch™mage: compŽtition Žconomique sans rgles,
absence de prŽfŽrence communautaire, privilge pour les capitaux financiers
(3).
La prŽsence d'une liste de dŽfense des
ch™meurs: "Contre l'exclusion" devrait attirer plus de 3 millions de voix,
puisque ce nombre correspond malheureusement ˆ la situation actuelle. Faute de
pouvoir dŽposer la caution de 100.000 F (Tout le monde ne bŽnŽficie pas d'une
manne financire plus ou moins lŽgale) (4) cette liste est contrainte de
retirer sa candidature.
Trois listes: celles du Parti communiste
franais, du Front national, et de l'infatigable Arlette LAGUILLER pour Lutte
Ouvrire, pourront comptabiliser leur force politique dans ce type d'Žlection ˆ
la proportionnelle.
Chez les Žcologistes, l'autotomie est
une nouvelle fois la rgle. (ce qui est bien connu chez les vers É de terre).
La stratŽgie du ni-ni (indŽpendance vis-ˆ-vis des partis politiques) dŽfendue
par A. WAECHTER est rejetŽe par D. VOYNET au profit d'un dialogue avec la
Gauche É mais laquelle?
La campagne s'anime, du moins dans le
petit monde politique, sur le drame que vit la Bosnie, rŽgion centrale de
l'ex-FŽdŽration Yougoslave, et par le dŽbat tŽlŽvisŽ entre TAPIE et LE PEN (1er
juin) qui rŽŽdite, cette fois ˆ fleurets mouchetŽs, celui du 8 dŽcembre 1989
dont la virulence est restŽe dans les mŽmoires (1).
Vingt listes sont en prŽsence:
1- B. BAUDIS: Liste d'union UDF-RPR
2- P. DE VILLIERS: Liste de la majoritŽ pour l'Autre Europe
3- J-M LE PEN: Contre l'Europe de Maastricht
4- A. GOUSTAT: Chasse-pche-nature-traditions
5- A. TOUATI: DŽmocrates pour les Etats-Unis d'Europe
6- M. SIMEONI: Liste rŽgionaliste et fŽdŽraliste
7- B. LALONDE: GŽnŽration
Žcologie pour l'Europe
8- M-A ISLER-BEGUIN: Union des Žcologistes pour l'Europe, prŽsentŽe par
les Verts, soutenue par la SPA et ƒcologie autrement
9- B. TAPIE: Energie radicale
10- L. SCHWARTZENBERG: L'Europe commence
ˆ Sarajevo
11- M. ROCARD: L'Europe solidaire
12- J-P. CHEVéNEMENT: L'Autre politique
13- F. WURTZ: Parti communiste franais
14- A. LAGUILLER: Lutte ouvrire
15- D. GLUCKSTEIN: Europe des
Travailleurs et de la dŽmocratie, soutenue par le Parti des travailleurs
16- G. TOUATI: L'Emploi d'abord !
17- B. FRAPPE: Parti de la Loi naturelle
18- C. COTTEN: Politique de vie pour
l'Europe
19- J. AILLAUD: Europe pour tous
20- E. MOUTOUSSAMY: Liste du
Rassemblement d'outre-mer et des minoritŽs.
On observe que le Parti Ouvrier EuropŽen
de J. CHEMINADE n'est plus prŽsent ˆ ce type d' Žlection (peut tre dŽcouragŽ
par ses prŽcŽdents scores ˆ Banyuls: 0 en 1984 et 2 voix en 1989)
RŽsultats :
Banyuls DŽpartement
MŽtropole
Inscrits: 3790 (+ 52/1989)
259.896
37.732.085
Abst.: 1784 (47,07%) 47,38% 46,19 %
Votants: 2006 (52,93 -)
52,62 - 53,80 -
Nuls: 88 (
4,39 -)
4,78 -
5,34 -
ExprimŽs: 1918 (50,61 -)
50,11 - 50,93 -
BAUDIS:
494 (25,76 / SE) 20,79 - 25,37 -
DE VILLIERS: 250 (13,03 - ) 11,90 - 12,43 -
LE PEN:
199 (10,38 - ) 14,79 - 10,60 -
GOUSTAT: 99 ( 5,16
- )
4,79 - 4,0 -
A TOUATI: 5 ( 0,26 - )
0,33 - 0,37 -
SIMEONI: 8 ( 0,42 - )
0,67 - 0,39 -
LALONDE: 34 ( 1,77 - )
1,62 - 2,02 -
ISLER-BEGUIN: 37 ( 1,93
- )
2,10 - 2,96 -
TAPIE:
258 (13,45 - ) 14,17 - 12,04 -
SCHWARTZENBERG:
18 ( 0,94 - )
1,16 - 1,58 -
ROCARD: 262
(13,66 - ) 12,62 - 14,47 -
CHEVéNEMENT:
34 ( 1,77 - ) 1,95 - 2,54 -
WURTZ: 156 ( 8,13 - )
9,59 - 6,94 -
LAGUILLER:
29 ( 1,51 - ) 1,99 - 2,28 -
GLUCKSTEIN: 12 ( 0,62
- )
0,38 - 0,44 -
G. TOUATI: 6 ( 0,31 - )
0,45 - 0,64 -
FRAPPE: 13 ( 0,68
- )
0,41 - 0,49 -
COTTEN: 4 ( 0,03 - ) 0,21 - 0,29 -
AILLAUD: 0 0
0,00 -
MOUTOUSSAMY:
0 0
0,07 -
Remarques:
1- Les abstentions sont toujours ŽlevŽes
pour ce type d'Žlection, bien que lŽgrement infŽrieures par rapport ˆ 1989
(Banyuls: - 2,43%; DŽpartement: -3,39%; MŽtropole: - 4,92%). LŽger
frŽmissement, moins dž ˆ la campagne assez terne et la morositŽ gŽnŽrale, qu'ˆ
la proximitŽ du rŽfŽrendum sur le traitŽ de Maastricht.
Les votes blancs et nuls Žtant cette
fois en lŽgre augmentation (Banyuls: +1,85%; DŽpartement: + 2,03%; MŽtropole:
+ 2,45%).
2- La liste d'union UDF-RPR (majoritŽ
"pro-Maastricht") arrive en tte ˆ Banyuls avec un score trs
semblable ˆ celui de la mŽtropole, qui diffre de celui du dŽpartement (dont le
poids de Perpignan est fort) du fait des voix obtenus par le FN. Elle disposera
de 28 siges. Sont ainsi Žlus outre D. BAUDIS, H. CARRéRE D'ENCAUSSE (5), A.
POMPIDOU (fils de l'ancien PrŽsident), R. HERSANT (du Figaro entre autres), B.
STASI (qui se languit de ne pas avoir retrouvŽ de ministre) et de G.
D'ABOVILLE (l'homme qui traverse les ocŽans ˆ la rame).
3- La liste DE VILLIERS (majoritŽ
anti-Maastricht), situation nouvelle par rapport ˆ 1989, fait un score
Žgalement comparable ˆ Banyuls et en mŽtropole. Celui-ci, sans tre une
surprise totale, est assez hŽtŽrogne prenant manifestement des voix au FN ˆ
Banyuls comme dans le dŽpartement, plus que globalement ˆ l'Žchelle nationale.
Il pourra trs certainement peser lors des PrŽsidentielles de 1995. Elle
disposera de13 siges.
4 - Le Front national fait un score
infŽrieur ˆ ses prŽvisions du fait de la liste prŽcŽdente. Par rapport ˆ 1989
il recule ˆ Banyuls (-6,63%), dans le dŽpartement (-3,88%), mais plus
lŽgrement pour l'ensemble de la mŽtropole (-1,13%). Il disposera de 11 siges.
Outre LE PEN, on notera parmi les Žlus B. MƒGRET, J.-C. MARTINEZ, C. LANG,
M.-F. STIRBOIS, Y. BLOT.
5- Le Parti Socialiste poursuit une
remarquable descente avec un recul de -12,26% ˆ Banyuls, -10,96% pour le dŽpartement et -9,14% en
mŽtropole par rapport ˆ 1989. On ne peut gure effectuer de comparaison valable
par rapport aux LŽgislatives de 1993 du fait de la trop forte diffŽrence de
participation au vote, et de l'absence d'un candidat du MRG. On peut seulement
constater, a posteriori , que
SICRE (471 voix) n'avait pas
obtenu au 1er tour ˆ Banyuls la somme cumulŽe par les trois listes ˆ ces
europŽennes de TAPIE + ROCARD + CHEVéNEMENT (554 voix), ce qui para”t curieux.
Comme il fallait s'y attendre le bouc Žmissaire est. . . ROCARD! La liste
socialiste a tout de mme 15 siges ce qui permet outre ROCARD, ˆ C. TRAUTMANN,
B. KOUCHNER, A. LAIGNEL, J. LANG, E. GUIGOU et J.-P. COT d'tre Žlus. [comme
pour le SŽnat, l'AssemblŽe de Strasbourg peut constituer un lot de consolation
pour les battus aux lŽgislatives. N. de l'a.]
6- La liste de B. TAPIE ou du MRG
(radicaux de gauche), non prŽsente lors du scrutin de 1989, obtient un score
sensiblement Žgal ˆ celui du PS, rŽsultat moins ŽlevŽ que ce que certains
avaient pronostiquŽ, mais fort important si l'on a en vue les futures
prŽsidentielles (encore qu'il ne faille comparer que ce qui est comparable). On
notera au passage que le total obtenu par cette liste plus celle du PS redonne
ˆ trs peu prs le total qu'avait obtenu FABIUS en 1989 (n'accablons donc pas
le malchanceux ROCARD). Son score est sensiblement le mme ˆ 1% prs entre
Banyuls, le dŽpartement et la mŽtropole. Les ennuis judiciaires de TAPIE n'ont
pas nui ˆ sa liste qui recueille 13 siges. Il semble que de nombreux jeunes
Žlecteurs aient votŽ pour lui.
7- Le PCF conduit par F. WURTZ, qui
remplace P. HERZOG comme tte de liste, gagne par rapport ˆ 1989 + 0,25% ˆ
Banyuls, mais perd 1,23% dans le dŽpartement et 0,78% en mŽtropole. On peut
donc estimer que le PCF est ˆ l'Žtiage, encore qu'il ait perdu 11 voix ˆ
Banyuls depuis mars 1993. Il dispose de 7 siges.
8- La liste CHEVéNEMENT, dont la
campagne a ŽtŽ peu mŽdiatisŽe et mal relayŽe sur le plan local (tracts arrivŽs
trop tardivement pour tre correctement diffusŽs), recueille un score mŽdiocre
en deˆ des espŽrances de son leader. Son score est supŽrieur ˆ l'Žchelon
national (+0,77%) ˆ celui de Banyuls et du dŽpartement, ce qui traduit bien une
mauvaise implantation locale. Ses chances pour se prŽsenter lors des prŽsidentielles
sont fortement compromises (le fusil ˆ deux coups n'a pas fonctionnŽ)
9- Les Žcologistes reculent trs
nettement par rapport ˆ 1989 mme si l'on cumule les scores: 3,7% ˆ Banyuls
(contre 8,97% en 89), 3,72% dans le dŽpartement (contre 9,12% en 89), 4,98%
pour la mŽtropole (contre 10,59% en 89). Personnellement B. LALONDE fait
lŽgrement moins que les Verts, et se partagent ˆ peu prs les voix (ce qui
appara”t logique). Aucun sige ne leur est dŽvolu dans la nouvelle assemblŽe.
Il y a manifestement une tendance de trop ou trop de leaders. Avec moins de 1
million de voix la rŽgression du score des Žcologistes est Žtonnante sinon une
dŽsaffection vis-ˆ-vis des candidats et peut-tre l'absence de Waechter dans la
compŽtition.
10- Les chasseurs progressent trs
faiblement par rapport ˆ 1989 ˆ Banyuls (+1,52%) mais reculent trs lŽgrement
dans le dŽpartement et en mŽtropole respectivement de 0,7% et 0,13%. On notera
que dans le dŽpartement des Landes ils obtiennent comme toujours leur meilleur
score avec 11,46% (o la chasse ˆ la palombe est un fait de sociŽtŽ), prenant
des voix ˆ tous les partis sauf ˆ la majoritŽ (32,99%) et au PS ( 20,95%) dont
le chef de file est Henri EMMANUELLI (futur remplaant de ROCARD comme Premier
secrŽtaire).
11- Arlette LAGUILLER est en net, mais
relatif progrs par rapport ˆ 1989: + 0,91% ˆ Banyuls, + 0,98% dans le
dŽpartement et +0,86% en mŽtropole.
12- Avec 18 voix ˆ Banyuls et 1,58% en
mŽtropole, le bon docteur SCHWARTZENBERG n'a pas rŽussi ˆ mobiliser les Žlecteurs
en faveur du rŽarmement des Bosniaques et contre les gŽnocides passŽs. Le
puzzle bosniaque se prte malaisŽment ˆ une recomposition.
Les rŽsultats dans les DOM-TOM montrent
que si les inscrits reprŽsentent 1 101 288 voix le taux d'abstention est trs
ŽlevŽ: La RŽunion (76,10%), Saint-Pierre-et-Miquelon (85,08%), Mayotte
(69,25%), Nouvelle-CalŽdonie (64,27%), Guyane (80,37%), Martinique (82,76%),
Guadeloupe (85,36%), PolynŽsie franaise (77,30%). Seul Wallis-et-Futuna fait
exception ˆ la rgle avec 28,13% (palme de la participation nationale), mais
qui ne comprend que 6770 inscrits et un record pour le PS (57,75% S.E.).
L'impact des hommes politiques de la mŽtropole dans ces territoires appara”t
d'une faiblesse inquiŽtante, sans parler naturellement des pressions
amŽricaines
Les Franais vivant ˆ l'Žtranger
reprŽsentent 196 542 inscrits. Les abstentions y sont Žgalement ŽlevŽes
(74,62%). Blancs et nuls: 2,65% des votants. Sur 48 563 exprimŽs ont obtenu:
RPR-UDF :35,41%; PS: 22,21%; Villiers : 9,89%; MRG : 7,61%; FN : 5,61%; Verts :
4,74%; G.E. : 3,48%; Chevnement : 3,08%.
La rŽpartition des groupes au sein de
l'AssemblŽe de Strasbourg est la suivante suite aux Žlections dans les divers
pays : PSE "Socialistes" (200), PPE "dŽmocrates chrŽtiens"
(148), LDR "libŽraux" (44), RDE "rassemblement
dŽmocratique" (24), Verts (22), CG "coalition des gauches"
(communistes) (12), ARC "rŽgionalistes" (8), DR "droites
europŽennes" (13), non inscrits (37) dont 11 Alliance nationale italienne
et 6 Ligue du Nord (Italie), Autres (59) dont 13 Tapie, et 27 Forza Italia
Rappelons que la France dispose de 87
siges sur 567 (soit 15,3%). Le fait d'accro”tre le nombre des membres de la
CommunautŽ europŽenne (actuellement, et provisoirement de douze) diminue
d'autant notre reprŽsentation au sein de cette assemblŽe. L'entrŽe prochaine de
l'Autriche, de la Sude et de la Finlande (peut-tre aussi de la Norvge,
malgrŽ un rŽfŽrendum nŽgatif dŽjˆ ancien) ne pose naturellement aucun problme
thŽorique (l'Europe est aisŽe ˆ dŽfinir gŽographiquement et culturellement),
mais uniquement un problme pratique, notamment en matire d'harmonisation de
certaines lŽgislations fiscales et sociales ou autres. Le type de construction
europŽenne choisi, ou plus exactement imposŽ depuis l'origine (fŽdŽraliste),
limite considŽrablement les marges de manÏuvre de politique intŽrieure (voire
externe) des divers pays constituants. Il est curieux qu'un type de
construction confŽdŽrale de l'Europe ne soit pratiquement jamais ŽvoquŽ (mis ˆ
part les vellŽitŽs anciennes de DE GAULLE, vite mises au rancart par ses
successeurs).
Si nous insistons sur divers aspects de
cette Žlection, c'est par ce qu'il est plus que probable qu'elle sera au centre
du dŽbat ˆ l'occasion des futures Žlections prŽsidentielles de mai 1995, du
moins on pourrait le souhaiter.
Notes annexes :
(1) Cf. Thierry SAUSSEZ en dŽcrit
les mŽcanismes comme les positions politiques ˆ gŽomŽtrie variable de B. TAPIE
dans un ouvrage : "TAPIE-LE PEN les jumeaux du populisme". Edit.
Edition¡1 (1992).
(2) Remarquons que l'on ne peut
infŽrer des rŽsultats d'un type d'Žlection ˆ un autre. Le contexte ne peut pas,
de toute manire, tre favorable ˆ la liste du PS puisque contrairement ˆ 1989
le MRG prŽsente sa liste. Cela ne devrait pas remettre en cause les efforts de
ROCARD dans sa nouvelle fonction. Le prŽtexte de lui faire porter la
responsabilitŽ d'un mauvais score n'est pas inoffensif de la part de ses
"camarades", mais traduit des arrires pensŽes de s'en dŽbarrasser
comme futur candidat potentiel au profit de J. DELORS qui a les faveurs de
MITTERRAND.
(3) Il convient de souligner que la
notion de prŽfŽrence communautaire s'oppose dans certains cas aux conventions
adoptŽes lors des Kennedy Round, Tokyo Round, Uruguay Round. La rŽunion rŽcente
du GATT a montrŽ toutes les difficultŽs dans le domaine du commerce
international, notamment les prises de position du Tiers Monde qui ont un
besoin vital de la libŽralisation du commerce et d'investissements.
(4) Ce problme du financement des
partis politiques et des hommes politiques locaux par des SociŽtŽs empoisonne
la vie politique franaise depuis de nombreuses annŽes. RŽvŽlŽ initialement par
l'inspecteur A. GAUDINO concernant les comptes du PS (Cf.: Antoine GAUDINO:
"L'enqute impossible". Albin Michel, 1990), elle conna”t un
rebondissement tragique avec le suicide de P. BƒRƒGOVOY (ex-Premier ministre)
le 1er mai 1993. Les affaires des autres partis viendront ˆ leur tour comme
c'est le cas en 1994 pour le Parti rŽpublicain dont trois ministres du
gouvernement BALLADUR sont impliquŽs (LONGUET, MADELIN et LEOTARD). Courant
novembre trois ministres sont contraints de dŽmissionner (CARIGNON, LONGUET et
ROUSSELIN). Situation sans doute moins sŽrieuse qu'en Italie (qui a vu toute la
classe politique traditionnelle dŽcapitŽe au bŽnŽfice du mŽdiatique BERLUSCONI
et des nŽo-fascistes), mais qui fait dŽsordre dans notre rŽpublique, o l're
du soupon r™de comme la calomnie. Situation dangereuse ˆ la veille des
prŽsidentielles. L'affaire du sang contaminŽ par le SIDA qui Žclabousse des
responsables du PS, et qui vient en instruction devant la nouvelle Cour de la
RŽpublique, a de quoi rendre l'Žlecteur sceptique (octobre 94).
(5) L'une des rares femmes de
l'AcadŽmie franaise, bien connue par ses livres sur l'URSS: L'empire ŽclatŽ.
Edit. Flammarion (1978); Le Grand Frre. Edit. Flammarion (1983).
59 - PrŽsidentielles des 23 avril
et 7 mai 1995
Le PrŽsident F. MITTERRAND, ‰gŽ de 78
ans et traitŽ pour un cancer depuis de nombreuses annŽes (1), ne se reprŽsente
pas. La cohabitation fut relativement paisible avec un Premier ministre, E.
BALLADUR, issu d'une majoritŽ de droite lors des dernires Žlections
lŽgislatives de 1993.
Jacques DELORS, donnŽ comme candidat du
Parti Socialiste, et avec des chances sŽrieuses d'aprs de nombreux
commentateurs politiques, confirme lors d'une interview ˆ la tŽlŽvision sa
non-participation. Les raisons avancŽes demeurent pour le moins obscures sinon
celles de ses positions europŽennes (non partagŽes par l'ensemble des forces de
gauche). C'est finalement Lionel JOSPIN, en retrait de la politique depuis
quelques annŽes, que le PS investira ˆ la surprise relative de beaucoup. Plus
pŽdagogue (ce qui n'est pas pŽjoratif) que tribun, son charisme ne constitue pas sa vertu essentielle
et le soutien de F. MITTERRAND reste discret, n'ayant sans doute apprŽciŽ que
modŽrŽment des dŽclarations sur le devoir d'inventaire de la
"Miterrrandie".
Les
Žcologistes (Verts) prŽsentent de nouveau Dominique VOYNET. Le programme
propose, entre autres, la durŽe de travail ˆ 35 heures en prŽparant le passage
ˆ 30 heures, la paritŽ femme-homme dans la vie publique et privŽe, la sortie
progressive du nuclŽaire, l'harmonisation europŽenne sur les programmes des
Žcologistes. On note dans son comitŽ de soutien la prŽsence de Charles FITERMAN
et Marcel RIGOUT (ex-PCF et anciens ministres), mais aussi des personnalitŽs un
peu vieillies comme RenŽ DUMONT (ancien candidat ˆ la PrŽsidentielle), ThŽodore
MONOD (2) et le dessinateur CABU. Mais ni B. LALONDE ni A. WAECHTER n'appellent
ˆ voter pour elle dŽmontrant par lˆ qu'elle n'est pas la candidate des seuls
Žcologistes.
Ë gauche, on retrouve les candidats
traditionnels que sont Robert HUE pour le PCF et Arlette LAGUILLER (Lutte
Ouvrire).
La surprise relative vient une nouvelle
fois de la droite avec deux candidats du RPR. Le Premier ministre ƒdouard
BALLADUR et Jacques CHIRAC ne parviennent pas ˆ s'entendre pour que l'un
s'efface devant l'autre (on ne saura jamais clairement si un accord avait, ou
non, ŽtŽ passŽ antŽrieurement entre les deux hommes) (3). Pour beaucoup
cependant CHIRAC Žtait le candidat naturel pour cette Žlection. Il est ˆ noter
qu'aucun Premier ministre en exercice n'avait briguŽ cette fonction, le pouvoir
usant gŽnŽralement, ˆ moins que l'on ait fait É des miracles, ce qui n'est pas
le cas compte tenu de la rŽcession mondiale (malgrŽ le satisfecit qu'il
s'accorde dans sa profession de foi).
Pour CHIRAC, les Franais ne doivent pas
cŽder ˆ la tentation du conservatisme (qui est visŽ?), il faut mettre en Ïuvre
un vrai changement et non des demi-mesures, rendre l'exclusion impossible et
combattre le ch™mage avec des armes nouvelles (lesquelles?) (4), sans oublier
les personnes ‰gŽes dont la place n'est pas aux marges, mais au cÏur de notre
sociŽtŽ (et les jeunes?). RŽduire la fracture sociale (5), slogan choc de sa
campagne, qui lui attirera avec une simplicitŽ de bon aloi une sympathie
certaine. Les intentions de vote en sa faveur, faibles au dŽpart, montent au
dŽtriment de BALLADUR, dont le style doit davantage plaire aux personnes plus
‰gŽes qu'aux jeunes entrepreneurs.
Il est facile pour les hommes politiques
d'Žnoncer des banalitŽs gŽnŽrales en se gardant bien de les prŽciser les
conditions d'application de leur mirifique programme.
GŽrard DE VILLIERS, au nom des traditions
familiales, conservateur et anti-Masstricht, pr™ne une renŽgociation de ce
traitŽ.
Naturellement Jean-Marie LE PEN est une
fois de plus candidat, dŽfendant
la prioritŽ aux Franais, le rapatriement de trois millions d'immigrŽs
dans leur pays d'origine (comment?), restaurer la justice avec le
rŽtablissement de la peine de mort et la lutte contre les trafiquants de
drogue, crŽer 4 millions d'emplois (comment?).
Jacques CHEMINADE, Žnarque dissident
(!), prŽsente un programme qui ne semble pas briller par sa lisibilitŽ.
RŽsultats (1er tour) :
|
Banyuls |
DŽpartement |
MŽtropole |
||||
Inscrits: |
3920 |
266.846 |
38.590.282 |
||||
Abst.: |
816
(20,82 %) |
20,54% |
20,59% |
||||
Votants: |
3104 (79,18 %) |
79,46% |
79,41% |
||||
Blancs & Nuls: |
59 ( 1,90 %) |
2,56% |
2,79% |
||||
S. Expr.: |
3045 (77,68 %) |
77,43%) |
77,20% |
||||
LE PEN: |
406
(13,33 %) |
19,45% |
15,27% |
||||
DE VILLIERS: |
140
( 4,60 %) |
4,36% |
4,80% |
||||
BALLADUR: |
456
(14,98 %) |
15,70% |
18,54% |
||||
CHIRAC: |
728
(23,91 %) |
19,01% |
20,47% |
||||
JOSPIN: |
782
(25,68 %) |
23,03% |
23,21% |
||||
HUE: |
287
( 9,43 %) |
10,64% |
8,73% |
||||
VOYNET: |
83 ( 2,73 %) |
2,71% |
3,35% |
||||
LAGUILLER: |
159
( 5,22 %) |
4,88% |
5,37% |
||||
CHEMINADE: |
4 ( 0,13 %) |
0,22% |
0,27% |
||||
Ë Banyuls, le nombre des inscrits s'est
accru de +184 par rapport ˆ la PrŽsidentielle prŽcŽdente (1988) soit 4,93%,
tandis que l'accroissement ˆ l'Žchelon national n'est que de 1,74%. On observe
une certaine stabilitŽ du taux d'abstention d'une Žlection ˆ l'autre (+1,55% en
95) vraisemblablement non significative, de mme pour les votes blancs et nuls
(9 Žlecteurs en plus en 1995) qui est proche de 2% des votants.
Contrairement ˆ ce que d'aucuns avaient
supposŽ ˆ tort, JOSPIN arrive en tte avec un score infŽrieur ˆ celui de
MITTERRAND en 1988 (- 8,81% ˆ Banyuls et -10,89 pour la mŽtropole).
R. HUE fait mieux que le candidat du PCF
en 1988 (+ 2,86% ˆ Banyuls et +1,95% en mŽtropole). Il est vrai qu'en 1988
LAJOINIE ne reflŽtait pas les forces de la joie! Si l'on cumule avec les voix
de Pierre JUQUIN en 1988 (PCF dissident dit "rŽnovateur") l'Žcart
n'est que de +1,07% (Banyuls) et - 0,15 (mŽtropole) traduisant une stagnation
du vote communiste.
A. LAGUILLER progresse fortement de
+3,70% (Banyuls) et +3,37% (mŽtropole) par rapport ˆ 1988. Si l'on cumule avec
les voix de BOUSSEL (autre tendance trotskiste) en 1988, l'accroissement est
pour 1995 de + 3,43% (Banyuls) et + 2,99% (mŽtropole)
Les Žcologistes qui se sont
"gauchisŽs" (Les Verts de D. VOYNET par rapport ˆ la candidature d'
A. WAECHTER en 1988) rŽgressent de - 0,47% (Banyuls) et de - 0,43% (mŽtropole).
Ils totalisent moins du million de voix, l'un des plus mauvais rŽsultats.
LE PEN rŽgresse de -1,40% (Banyuls), de
-1,07% dans le dŽpartement, et progresse trs peu en mŽtropole: + 0,86%. Dans
le dŽpartement, son score avec 20% (moyenne pour les Žlections de 1988 et 1995)
est plus ŽlevŽ que dans la mŽtropole (14,84% en moyenne sur les deux
Žlections).
DE VILLIERS, dont la position politique
est intermŽdiaire entre la droite (au sens large) et l'extrme droite,
n'atteint pas les 5% (sensiblement le mme pourcentage ˆ Banyuls et en
mŽtropole: ± 4,70%).
J. CHIRAC arrive en seconde position, en
lŽger recul par rapport ˆ 1988: - 2,29 % ˆ Banyuls, mais progresse en mŽtropole
de +0,57%. Son score est meilleur ˆ Banyuls, que pour le dŽpartement et la
mŽtropole, dž sans doute ˆ l'action de Jean RéDE et la section locale du RPR.
E. BALLADUR arrive en troisime
position, mais perd 8,93% par rapport ˆ CHIRAC ˆ Banyuls, et seulement 1,93% en
mŽtropole, ce qui semble bien confirmer "l'effet J. RéDE". Si on lui
suppose un Žlectorat plus modŽrŽ de type centriste proche de celui de R. BARRE
en 1988, il obtient 3,75% de plus que ce dernier ˆ Banyuls et 1,99% pour la
mŽtropole. Ceci impliquerait que la fraction centriste ˆ Banyuls (UDF)
reprŽsente de 11 ˆ 12%.
Au total les voix de droite totalisent ˆ
Banyuls 56,95% (ou 43,62% si l'on dŽcompte les voix de LE PEN), celles de la
Gauche 43,06%. A l'Žchelon national la droite totalise 59,35% (ou 44,08% sans
les voix de LE PEN) et 40,66% pour la Gauche.
Le second tour ne peut tre mathŽmatiquement
en faveur de L. JOSPIN, sauf un mouvement important d'un chassŽ-croisŽ des
Žlecteurs et une diminution forte
des abstentionnistes. Ceux-ci furent en 1988 de 5,7% ˆ Banyuls et de 4,77% en
mŽtropole, avec un taux qui peut tre considŽrŽ comme faible, mais gŽnŽral dans
ce type d'Žlection (15,82% en mŽtropole). Conclusion: Chirac gagnera ˆ coup sžr.
SymŽtriquement, mais ne pesant pas du
mme poids (en nombre de voix naturellement), A. LAGUILLER comme D. VOYNET
n'appellent pas ˆ voter pour JOSPIN, comme LE PEN n'appelle pas ˆ voter pour
CHIRAC.
RŽsultats (2 me tour) :
|
Banyuls |
DŽpartement |
MŽtropole |
Inscrits: |
3918 |
267.410 |
38.548.807 |
Abst.: |
659
(16,82%) |
18,88% |
19,49% |
Votants: |
3259 (83,18%) |
81,12% |
80,51% |
Blancs & Nuls: |
165
( 5,06%) |
6,76% |
6,01% |
S. Expr.: |
3094 (78,97%) |
75,64% |
75,67% |
CHIRAC: |
1584 (51,20%) |
51,77% |
52,68% |
JOSPIN: |
1510 (48,80%) |
48,23% |
47,32% |
Remarques:
Les abstentions ont rŽgressŽ ˆ Banyuls
de 4% et de 1,1% en mŽtropole. On observe que le taux d'abstention est
lŽgrement supŽrieur ˆ celui de 1988 (19,49% en mŽtropole). Les votes Blancs et
nuls ont par contre (mais tout naturellement) progressŽ de 3,16% des votants ˆ
Banyuls et de 3,22% en mŽtropole.
505 inscrits ne sont venus ˆ aucun des
deux tours (8 dŽcŽdŽs rŽcemment); 144 Žlecteurs sont venus au 1er tour, mais
non au second, et 211 ne se sont dŽplacŽs que pour le second tour. La signature
lors du scrutin de la liste d'Žmargement
destinŽe ˆ Žviter les fraudes permet un dŽcompte prŽcis des votants
(sauf distraction du signataire et de la personne en charge du cahier, comme
j'ai pu le constater au moins dans un cas, mais qui est exceptionnel)
Ë Banyuls CHIRAC accro”t de + 856 voix
son score du 1er tour, soit loin du total des voix de droite (1730); le total
BALLADUR + VILLIERS + CHEMINADE = 600, soit ˆ trouver 256 voix qui ne peuvent
provenir que d'Žlecteurs de LE PEN et de nouveaux venus seulement au second
tour (par hypothse une centaine ou moins) plus une partie des 49 suffrages
exprimŽs en plus qu'au 1er tour. Il perd sans doute prs de 54% des voix de LE
PEN (406 -185 = 221)
JOSPIN accro”t de + 728 son score du 1er
tour, alors que le total des voix
de gauche (les siennes exclues) est de 529. Reste ˆ trouver la provenance de
199 voix supplŽmentaires, sans doute des Žlecteurs venus uniquement au second
tour plus une partie des 49 suffrages exprimŽs en plus au second tour. Ou bien
on adopte l'hypothse d'un partage ˆ peu prs Žgal des nouveaux Žlecteurs
(environ 130) reste alors 69 Žlecteurs ˆ trouver. Il est probable que les
nouveaux Žlecteurs qui se sont reportŽs sur JOSPIN seraient plus proches de 150
sur 211 (soit ± 70%)
J. CHIRAC est Žlu PrŽsident de la
RŽpublique et nomme Alain JUPPƒ (RPR) comme Premier ministre. La majoritŽ de
droite Žlue en 1993 demeure inchangŽe, commeÉ la crise Žconomique qui perdure
(6).
Notes annexes:
(1) F. MITTERRAND dŽcdera le 8
janvier 1996 ˆ l'‰ge de 79 ans. Voir une brve analyse de son parcours
politique in
"Le Monde" du mardi 9 janvier 1996, N¡ 15847. On consultera sur la
politique menŽe sous sa direction:
"Franois MITTERRAND, Discours
1981-1995" (op. cit., 1995).
"Bilan de la France
1981-1993" sous la direction de Laurent MENIéRE. Edit. Hachette (1993)
Pierre FAVIER et Michel
MARTIN-ROLAND, La DŽcennie Mitterrand. 1. Les ruptures (1981-1984). Edit. Seuil
( 1990). 2. Les Žpreuves (1984-1988). Edit. Seuil ( 1991). 3. Les dŽfis
(1988-1991). Edit. Seuil ( 1996). 4. Les dŽchirements (1991-1999). Edit. Seuil
(1996).
Jacques ATTALI, 1993,
1995. Verbatim. Edit. A. Fayard. Le livre de poche. Verbatim I. Premire partie
1981-1983. (1993). Verbatim I.
Deuxime partie 1983-1986. (1993).
Verbatim II. 1986-1988. (1995).
Verbatim III. Premire partie 1988-1989. (1995). Verbatim III. Deuxime partie
1990-1991. (1995).
Paul WEBSTER: Mitterrand 1945-1995.
Edit. Editions du FŽlin (1995)
et des ouvrages plus critiques:
Jean-Marie COLOMBANI & Hugues
PORTELLI: Le double septennat de Franois Mitterrand. Edit. Grasset (1995)
Catherine NAY: Le rouge et le noir.
Edit. Grasset (1984).
Trs critique (mais "qui aime
bien ch‰tie bien"):
Max GALLO: La gauche est morte. Vive
la gauche. Edit. Odile Jacob (1990).
Catherine NAY: Les sept Mitterrand
ou les mŽtamorphoses d'un septennat. Edit. Grasset (1988).
(2) Naturaliste de grand talent et
philosophe. Cf. Cyrille MONOD: Les carnets de ThŽodore Monod. Edit. Le PrŽ aux
Clercs (1997)
(3) Cf. Michle COTTA: Les secrets
d'une victoire. Edit. Flammarion (1995).
(3) Le taux de ch™mage est passŽ de
1974 ˆ 1993 de 2,8 ˆ 10,8 (soit 12,3% de la population active) alors que pour
l'ensemble de la CommunautŽ europŽenne il passe de 2,8 ˆ 10,4. PhŽnomne
gŽnŽral en Europe qui touche plus fortement les travailleurs les moins
qualifiŽs et les jeunes. Cf. Alain MINC: La France de l'an 2000. Edit. Odile
Jacob (1994).
(4) La paternitŽ de la formule est
d'Alain MADELIN (in M. Cotta: Carnets secrets
de la prŽsidentielle mars 2001-mai 2002). Edit. Plon (2002).
(5) Ghislaine OTTENHEIMER: Le
fiasco. Edit. Albin Michel (1996).
Note complŽmentaire :
Jacques DELORS s'expliquera sur son refus ˆ se prŽsenter ˆ l'Žlection prŽsidentielle par son impossibilitŽ ˆ associer son parti (Parti Socialiste) ˆ une partie des Centristes (dŽmocrates-chrŽtiens) lesquels partagent pourtant l'essentiel des orientations en matire sociale et europŽenne. Cette mŽthode appliquŽe au niveau europŽen lorsqu'il Žtait prŽsident de la Commission de Bruxelles, et qui avait pu faire avancer l'intŽgration europŽenne, ne lui est pas apparu transposable en France (1).
Note annexe:
(1) Jacques DELORS: Mes quatre vŽritŽs in "Le Nouvel Observateur"
N¡2044 des 8-14/1/2004.
60 - Municipales des 11 et 18
Juin 1995
Elles prŽsentent un caractre inŽdit
pour Banyuls, non par le fait qu'un maire soit candidat ˆ un troisime mandat
(cas du docteur AndrŽ PARCƒ), mais par l'originalitŽ de l'une des listes
s'opposant ˆ la rŽŽlection du
maire sortant, et les motivations du dŽbat Žlectoral. En effet depuis 1936 deux
ou trois listes s'opposaient: communistes, socialistes, radicaux et droite.
Une autre caractŽristique rŽside dans la
forte implantation et organisation Žlectorale de Jean RéDE, Žlu maire en mars
1983, et devenu conseiller gŽnŽral en mars 1985 et vice-prŽsident de cette
assemblŽe dŽpartementale. RŽŽlu en mars 1989 avec 58,66% des suffrages exprimŽs
il avait amŽliorŽ nettement son score de 1983 (+5,23%). A quelques mois des
Žlections n'est-il pas donnŽ gagnant par les RG, et quelle personnalitŽ
peut-elle lui tre opposŽe?
Divers ŽvŽnements vont cependant
intervenir. Certains en cours de mandat, comme un endettement croissant liŽ ˆ
des travaux et des dŽpenses de fonctionnement considŽrŽs comme
"pharaoniques" par des contribuables banyulencs, d'autres liŽs ˆ des
problmes comportementaux vis-ˆ-vis d'opposants ˆ certains projets, sans parler
d'une position non consensuelle au sein du Conseil malgrŽ les maigres effectifs
de "l'opposition".
L'implantation du super marchŽ Champion
n'a pas crŽŽ l'enthousiasme parmi des commerants en juin 1990 (ce qui avait
donnŽ lieu ˆ une manifestation avant son ouverture), cependant quelque peu oubliŽe
depuis.
Mais c'est surtout en raison de ses
diffŽrends avec plusieurs personnalitŽs qui lui sont proches qu'apparaissent
des risques d'Žrosion de son Žlectorat (position du gŽnŽral Pierre GOUBARD,
dŽmission de Guy BARNADES, diffŽrend avec la dynamique prŽsidente de l'Office
du tourisme: Mme POU (dite
Marinou), cf. "L'IndŽpendant" du 2/3, puis in fine avec
Jean SOLANE)
La candidature de Pierre BECQUE
d'origine et de famille banyulencque (avocat au barreau de Perpignan,
UDF-Centre DŽmocrate, ancien conseiller municipal de Perpignan du fait d'un
choix peu heureux sur la liste du RPR BARATE contre J.-P. ALDUY) constitue un
choix judicieux. Il bŽnŽficie des soutiens de quelques membres du PS (la
section locale Žtant totalement dŽliquescente depuis le dŽpart d'autres membres
vers la tendance Chevnementiste, ou devenus attentistes), de modŽrŽs,
d'anti-rŽdistes de toute obŽdience.
Une large liste d'union est tentŽe par
P. BECQUE qui Žchouera faute d'entente pour les premires places (postes
d'adjoints). Par rapport ˆ la liste de gauche de 1989 on y trouve trois
candidats (A. MARIOTTI, A. SOLA et G. ROQUE), un revenant (F. LLAMBRICH) et un
de l'ancienne liste de Rde: Guy BARNADES. On dŽnombre huit femmes.
La liste d'AndrŽ CENTéNE qui n'a pu
s'intŽgrer ˆ la prŽcŽdente, comprend outre des reprŽsentants du Mouvement des
Citoyens (L. ORIOL et P. MƒDINA), une reprŽsentante du PS, des chrŽtiens
engagŽs dans le domaine social et treize jeunes femmes (la paritŽ avant
l'heure). Le programme ŽditŽ sur papier glacŽ, avec photos des candidats
incorporŽs, illustre les intentions de cette liste. Cette liste sera soutenue
par la fŽdŽration dŽpartementale du Parti Socialiste (Cf.
"L'IndŽpendant" du 29/5) et la FŽdŽration rŽgionale d'ERC, Esquerra
republicana de Catalunya "L'IndŽpendant" du 7/6). Son leader (Žlu de
la minoritŽ en 1989) s'est opposŽ ˆ J RéDE durant ces annŽes. Sa liste se
retirera au soir du premier tour si elle n'est pas devant celle de P. BECQUE.
La liste de Jean RéDE est conforme pour
l'essentiel ˆ celle de 1989 (soit 12 anciens sur 27), ˆ l'exception trs
remarquŽe de Guy BARNADES, remplacŽ (mais sans la mme notoriŽtŽ) par son fils.
Une curiositŽ cependant, la prŽsence dans cette liste d'un ancien secrŽtaire du
É Parti Socialiste, et d'un É crypto-royaliste !
Mais comme toujours dans ce type
d'Žlection, la personnalitŽ des candidats compte plus que les Žtiquettes
politiques qu'on leur prte ˆ tort ou ˆ raison. De plus, la gestion municipale
nŽcessite des rŽfŽrences de compŽtences techniques, de disponibilitŽ et
d'ouverture d'esprit, qui ne vont pas obligatoirement de pair avec celles de
l'adhŽsion ˆ un parti quel qu'il soit.
Le seul problme de la liste de P.
BECQUE est le candidat lui-mme qui doit se faire conna”tre de nombreux
Banyulencs, ceux du moins d'importation plus ou moins rŽcente, d'o une tournŽe
des quartiers, sinon des popotes.
La campagne est simple, voire simpliste,
puisque l'endettement de la commune est ce qu'il est. Les grands projets ne
sont pas de mise puisqu'il faudra gŽrer et naviguer É au plus prs.
Le vent de la dette n'inquite cependant
pas celui qui l'a provoquŽ. Si on l'accuse de sympathies brŽsiliennes pour des
Žlecteurs d'au-delˆ de l'Atlantique Sud (et dont certains seront rayŽs des
listes Žlectorales), c'est bien plut™t une politique ˆ la mexicaine qu'il
convient d'Žvoquer. Qu'est-ce ˆ dire ? Que depuis NapolŽon III, le Mexique (et
ses habitants si chers ˆ mon cÏur), s'est fait une spŽcialitŽ d'oublier que le
remboursement des intŽrts de l'emprunt n'excluait pas celui duÉ capital
investi!
C'est un É "halte au feu" qui
se rŽpand tout au long de la campagne et dont les effets seront dŽvastateurs
pour le candidat sortant, et sa vision d'un futur Banyuls rivalisant avec les
sites touristiques les plus huppŽs de la C™te d'Azur. Mais existe-t-il encore
une C™te d'Azur enchanteresse comme l'ont connue ceux qui l'ont parcourue il y
a quarante ans ! Mais y a-t-il compatibilitŽ entre une urbanisation galopante
et une attraction pour les mmes sites gŽographiques.
Enfin, dans ce type d'Žlection, chacun
voit midi ˆ sa porte ou sa boutique, et en fonction de ses revenus prŽsents et
ˆ venir.
Dans sa profession de foi Jean RéDE
souligne (fort justement) les Žpreuves climatiques auxquelles il a eu ˆ faire
face ˆ trois reprises (neige en 1985, incendies l'ŽtŽ 1986, inondations en
1987), ainsi que son r™le en ce qui concerne la maison de retraite Vincent
AzŽma et le Centre HŽliomarin (le fonctionnement de ce dernier cautionnŽ
financirement par la Commune). Son dŽvouement personnel comme ses efforts en
faveur des emplois dans la Commune ne sont pas discutables. Certaines modalitŽs
de gestion sont cependant critiquŽes par ses adversaires, exposŽes dans la
presse locale ou lors de rŽunions publiques (maison de retraite V. AzŽma,
endettement de la Commune de plus de deux fois la moyenne nationale).
Calcul prŽdictif:
Si l'on se rŽfre ˆ la LŽgislative de
1993 (toujours dans les mŽmoires ˆ cause de la triste affaire MadrŽnas), J.
RéDE avait atteint 1424 voix, l'UDF: 186, le FN: 199 et un indŽpendant (CLOSTERMANN):
72.
Du fait de la candidature de P. BECQUE
(UDF), J. RéDE ne pourra bŽnŽficier de toutes ces voix, et par consŽquent
atteindre le score de 1846 voix (municipales prŽcŽdentes), il peut en gagner prs de 150, soit un
capital de 1500 voix ds le 1er tour.
Plus difficile est d'estimer les voix de
la liste de P. BECQUE qui associe des "socialistes" et modŽrŽs, des
anciens "rŽdistes", et de nouveaux Žlecteurs : soit un potentiel d'un
millier de voix.
Il en est de mme pour la liste d'A.
CENTéNE qui devrait comprendre des divers gauche, des Žcologistes, la majoritŽ
des communistes, de jeunes Žlecteurs, quelques centristes, soit un potentiel
minimum de 530 voix.
Par rapport ˆ ces potentiels de voix
(estimŽs ˆ partir des municipales de 1989 et des PrŽsidentielles d'avril 1995)
il convient de noter que le pourcentage des abstentions est toujours infŽrieur
lors de municipales: 15,5 ± 1%. Il demeure donc une rŽserve de 200 voix ˆ
rŽpartir entre les trois listes.
Notons que ces calculs prŽdictifs,
rŽalisŽs bien avant l'Žlection, sont effectuŽs sans conna”tre le nombre exact
des inscrits ˆ la date du vote.
RŽsultats (1er tour):
Inscrits:
3947
Abstentions: 567 (14,37%)
Votants:
3380 (85,63%)
Blancs ou Nuls: 59 ( 1,75%)
ExprimŽs:
3321 (84,14%)
Liste "Pour Banyuls ensemble et autrement"
(AndrŽ CENTéNE): 659 (19,84%)
Liste "S' Unir pour Banyuls" (Pierre
BECQUE): 1146 (34,51%)
Liste "Banyuls notre village" (Jean RéDE):
1516 (45,65%)
On note que J. RéDE ne cumule pas
l'ensemble des voix de droite des prŽsidentielles (1730 voix), soit une perte
de 214 voix correspondant sans doute ˆ l'UDF.
P. BECQUE totalise outre ces 214 voix,
celles obtenues en grande partie par JOSPIN (782), plus une centaine de voix
provenant de nouveaux Žlecteurs et une cinquantaine de voix ex-rŽdistes.
A. CENTéNE totalise l'ensemble des voix
de gauche, d'Žcologistes, de communistes: 529, plus une centaine de voix
(nouveaux jeunes Žlecteurs et quelques voix centristes).
Pour le second tour la liste CENTéNE se
retire purement et simplement (bien qu'il dispose de plus de 10% des suffrages
exprimŽs), tout en appelant ˆ voter contre RéDE. Il est Žvident que le plus
large report se fera en faveur de la liste de P. BECQUE, soit pour ce dernier un
total potentiel de 1800 voix, alors que J. RéDE ne peut progresser qu'en
fonction d'une moindre abstention qui ne peut tre que trs faible.
RŽsultats (2 me tour):
Inscrits: 3947
Abstentions: 437 (11,07%)
Votants: 3510 (88,93%)
Blancs ou Nuls: 88 (2,51%)
ExprimŽs: 3422 (86,70%)
Liste Jean Rde: 1621 (47,37%)
Liste Pierre Becque: 1801 (52,63%)
Remarques:
Le nombre des nouveaux Žlecteurs est de
+130, celui des blancs et nuls s'est accru de +29. Un examen des listes
d'Žmargements montre que 351 inscrits se sont abstenus aux deux tours (soit
8,89% des inscrits); 69 sont venus au 1er tour mais non au second et 200 au
second mais non au 1er tour (notons que ces nombres ne sont pas tout ˆ fait
exacts puisqu'il manque malheureusement
dans les archives municipales 10 feuillets d'environ 10 inscrits par
feuille, soit environ 100 inscrits)
La liste de P. BECQUE gagne 655 voix,
soit apparemment la presque totalitŽ de la liste d'A. CENTéNE (moins des voix
parmi les 29 blancs & nuls et des 69 non revenus au second tour, soit
lŽgrement supŽrieure ˆ la centaine). Il gagne donc environ une centaine des
voix venues seulement au second tour.
La liste de J. RéDE gagne 105 voix (soit
environ 50% des nouveaux Žlecteurs du second tour).
Calcul des siges obtenus : S.E.:
3422.
La liste de BECQUE a la majoritŽ absolue
des SE et obtient donc la moitiŽ des siges (arrondis ˆ l'entier supŽrieur),
soit 14 siges.
Les autres siges (13) sont rŽpartis ˆ
la reprŽsentation proportionnelle ˆ la plus forte moyenne. Le nombre des SE
Žtant de 3422; le quotient Žlectoral est de 3422/13 = 263.
La liste BECQUE obtient 1801/263 = 6,85,
soit 6 siges.
La liste RéDE obtient 1621/263 = 6,16,
soit 6 siges.
Il n'est pas tenu compte des dŽcimales.
Il reste donc un sige ˆ attribuer.
Les moyennes des listes sont:
Liste BECQUE: 1801/ (6 +1) = 257
Liste RéDE: 1621/ (6 +1) = 231
La plus forte moyenne est celle de la
liste BECQUE, qui obtient donc le dernier sige.
Au total la liste de P. BECQUE dispose
de 21 siges et J. RéDE 6.
A la suite de l'Žlection du maire P.
BECQUE, les adjoints Žlus sont les suivants:
1
er adjoint: Guy BARNADES
2
me - : Marie-Franoise SAGOLS
3
me - : AndrŽ MARIOTTI
4
me - : Pierre RAPIDEL
5
me - : Paul GARIDOU
6
me - : Paule VOULAND CANDORAS
7
me - : Jean BAILLS
8
me - : Paulette FERRER HERRE
adjoint des Ecarts: Antoine SOLA
Remarques:
Au
plan national les pertes et les gains entre la gauche et la droite
s'Žquilibrent. Mais la dŽfaite de la coalition RPR-UDF ˆ Paris au profit d'une
alliance Verts-PS sanctionne le maire sortant Jean Tiberi, et la cacophonie
dans la majoritŽ sortante. Cf. Philippe SƒGUIN: ItinŽraires. Edit. Seuil (2003,
p.502 & suiv.). La victoire du Front national ˆ Toulon, Orange et Marignane
montre l'enracinement de ce parti.
L'adoption du budget par la nouvelle municipalitŽ de Banyuls se pose en terme simple: acceptation d'un fort accroissement des imp™ts (+30%) ou mise en tutelle par l'administration prŽfectorale. La premire solution sera retenue, choix (si l'on peut dire) plus technique que politique, mais il fallait bien payer, entre autre, la note de l'EDF!É comme d'autres factures.