68 - LŽgislatives des 9 et 16
juin 2002
Ces Žlections suivent de peu l'Žlection
prŽsidentielle qui a vu la
rŽŽlection de Jacques Chirac dans
des circonstances tout ˆ fait exceptionnelles. La majoritŽ plurielle (PS, MRG,
MDC, PCF et Verts) n'existe plus depuis l'Žchec de L. Jospin (au pouvoir depuis cinq ans), ŽliminŽ au second tour
de l'Žlection prŽsidentielle par le reprŽsentant du Front National Jean-Marie Le Pen arrivŽ en seconde position.
Le retrait de Jospin de toute activitŽ politique, comme son silence, laisse
le Parti Socialiste dans une situation trs difficile.
J. Chirac,
avec l'appui de l'ancien Premier ministre A. Juppƒ
avait organisŽ, peu de temps avant l'Žlection prŽsidentielle, une union de la
majoritŽ prŽsidentielle (UMP), regroupant le RPR et une grande partie de l'UDF
(centristes avec le maire de Toulouse P. Douste-Blazy
et de DŽmocratie LibŽrale avec madelin
et Raffarin. Seul F. Bayrou s'oppose ˆ la fusion de l'UDF
(ou ce qu'il en reste) dans ce nouveau
mouvement UMP qui doit constituer un groupe unique au Parlement. Union
largement souhaitŽe par les Žlecteurs de droite qui ont quelques mauvais
souvenirs des conflits (quasi ˆ couteaux tirŽs) entre ses leaders.
La campagne se dŽroule d'une faon atone
et polarisŽe sur le problme de la cohabitation, facteur de conflits entre les
deux ttes de l'exŽcutif, ou de consensus.
Curieusement favorable ˆ l'origine ˆ
cette notion plŽbiscitŽe par les Franais (donnŽe des sondages d'opinion),
dŽfendue par ƒ. Balladur qui
prŽtend ne pas avoir eu ˆ en souffrir comme Premier ministre sous F. Mitterrand, le conseiller politique et
chef du cabinet de Jospin affirme
dans un livre, paru avant les PrŽsidentielles, sa nocivitŽ (1).
Si Chirac
rejette toute idŽe de cohabitation au nom du principe de cohŽrence et
d'efficacitŽ, le Parti Socialiste tente de dŽmontrer le danger d'une
concentration de tous les pouvoirs entre les mmes mains (PrŽsidence de la
RŽpublique, SŽnat, AssemblŽe nationale et RŽgions, sans parler des nominations
ˆ certains emplois de la haute administration).
Les premires semaines d'activitŽ du
nouveau gouvernement de J.-P. Raffarin
et la mŽdiatisation de l'action entreprise par le nouveau ministre de
l'IntŽrieur (N. Sarkozy)
confrent une impression favorable (traduite dans les sondages), malgrŽ des
propos peu clairs concernant l'augmentation du SMIG au 1er juillet et parfois
contradictoires (sŽcuritŽ sociale). La fin de la grve des mŽdecins
gŽnŽralistes (2) aprs concertation confirme la volontŽ d'action effective du
gouvernement.
Lors des dŽbats tŽlŽvisŽs, les
porte-parole de l'UMP affirment que les promesses de Chirac seront strictement tenues. Comment, par exemple, la
baisse de la TVA ˆ 5,5 % dans la restauration pourra-t-elle tre appliquŽe,
puisqu'elle dŽpend d'une dŽcision europŽenne? De mme que l'Žquilibre
budgŽtaire imposŽ dans le cadre europŽen?, par des Žconomies rŽpond-on, mais
lesquelles, on ne le prŽcise pas trop.
Quant au Parti Socialiste, abandonnŽ par
son leader en rase campagne, avec des militants K.O. et sans illusions sur l'issue
de la consultation, malgrŽ les efforts de F. HOLLANDE (Premier secrŽtaire),
leur campagne atteint le "degrŽ zŽro de la politique", comme
l'exprimera G. FRæCHE dans son analyse fort pertinente des ŽvŽnements de
l'annŽe (3).
Gr‰ce au financement des partis
politiques (4) il n'est pas Žtonnant de voir une forte inflation des candidats,
soit 8846 candidats pour 577 siges.
Absence de dŽbats publics entre les
chefs de parti et le Premier ministre ou des reprŽsentants de la nouvelle
formation prŽsidentielle.
Comme la campagne Žlectorale se rŽduit ˆ
des temps d'antenne minutŽs, et sans passion ˆ la radio et ˆ la tŽlŽvision (du
moins pour ceux qui ne disposent que des cinq cha”nes), le futur Žlecteur ne
peut que zapper des exposŽs aussi peu stimulants.
Notre circonscription ne fait pas
exception ˆ ce phŽnomne avec É 16 candidats.
Commenons par les " formations
classiques":
1- Henri Sicre, dŽputŽ sortant, Parti Socialiste. Une seule ombre au
tableau: sa dŽfaite aux municipales avec la perte de la mairie de CŽret en mars
2001, et son non-renouvellement au sein du conseil gŽnŽral, mais un atout: sa
"protection" des chasseurs. Son supplŽant: Roland Noury, maire de Saint-Jean-Lasseille.
2 - Nicolas Garcia, maire d'Elne, Parti communiste franais, avec pour supplŽante
Isabelle Quintane, maire de
Saint-Laurent-de-Cerdans
3 - Annick Duval,
de Sorde pour "les Verts". SupplŽant Didier Marfaing, d'Argels-sur-Mer.
4 - Jean-Marie Benito, postier, "Lutte Ouvrire" soutenue par
Arlette Laguiller, supplŽante:
Marie-ThŽrse Soresi, ouvrire.
5 - SŽbastien Lefvre, Žtudiant-salariŽ, "Lutte Communiste
RŽvolutionnaire, soutenu par Olivier Besancenot.
SupplŽante: Jeanne Lesparre.
6 - Chantal Decosse, " P™le rŽpublicain, parti de Chevnement. SupplŽant: Patrick MŽdina , employŽ ˆ la maison de
retraite Vincent AzŽma de Banyuls-sur-Mer.
7 - Catherine Delhoste, vŽtŽrinaire ˆ CŽret, "CPNT", mouvement de
J. Saint-Josse; SupplŽant
Jean-Michel ParcŽ, viticulteur ˆ
Banyuls-sur-Mer. Une curiositŽ pour ce dernier son ancienne candidature sous
l'Žtiquette Žcologiste "GŽnŽration Ecologie" lors des cantonales de
mars 1992. Crainte ˆ propos des contraintes europŽennes notamment concernant
Natura 2000.
8 - Lebrun,
"GŽnŽration Ecologie", le parti Žcologiste de Brice Lalonde, qui se rŽclame sans doute un
tantinet abusivement des feus Commandant Cousteau
et Haroun Tazieff, tous deux disparus. Absence du bulletin de vote
dans l'enveloppe officielle. SupplŽant: ?
9 - Myriam Granat, UMP (UDF: tendance DL), imposŽe par Paris et inconnue
dans la circonscription; supplŽant: Jean-Pierre RomŽro du Rotary Club de la C™te Vermeille.
10 - Christiane Bruneau, conseillre municipale du Boulou, MPF (P. de Villiers). SupplŽante: Claudine Blondel-Arnold, mre au foyer.
11 - Edouard Fesenbeck, officier de police judiciaire, ancien combattant,
FN. SupplŽante: Monique Roullet-Lenglet.
12 - JosŽ Marin,
MNR (Bruno MŽgret). SupplŽant:
Claude Barral.
Pour
les formations secondaires:
13 - Edwige Pia,
CAP 21 (mouvement Žcologiste de Corinne Lepage).
SupplŽant: Laurent Lespiac.
14 - Virginie Barre, conseillre municipale de Perpignan, Bloc Catalˆ
(union du Partit per Catalunya et l'Unitat Catalana). SupplŽant: Terenci Vera-Grau, conseiller municipal d'Elne.
15 - Annette Sassoli, Droit de Chasse. SupplŽant: Marie-Claude Rieu. Pas de profession de foi dans
l'enveloppe officielle.
16 - Christian JouberT
(fondateur du Parti Jus Cogens). SupplŽant: ?
RŽsultats (1er tour):
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Banyuls |
Circonscription |
MŽtropole + DOM,TOM |
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Inscrits: |
3832
(+ 43/97) |
80515
(+ 6348/97) |
40.930.928
|
|||||
Abst.: |
1349
(35,20%) |
27022
(33,56%) |
35,62% |
|||||
Votants: |
2483
(64,80%) |
53493
(66,44%) |
64,38% |
|||||
Nuls: |
75 ( 3,02%) |
1439 ( 2,69%) |
2,13% |
|||||
S. Expr.: |
2408
(62,84%) |
52054
(64,65%) |
63% |
|||||
|
|
|
|
|||||
Sicre: |
730
(30,32%) |
16182
(31,09%) |
(1) |
|||||
Duval: |
68 ( 2,82%) |
1308 ( 2,51%) |
(2) |
|||||
Garcia: |
153 ( 6,35%) |
4563 ( 8,77%) |
(3) |
|||||
Decosse: |
61 ( 2,53%) |
764 ( 1,47%) |
(4) |
|||||
Barre: |
45 ( 1,87%) |
1001 ( 1,92%) |
|
|||||
Benito: |
29 ( 1,20%) |
541 ( 1,04%) |
(5) |
|||||
Lefvre: |
45
( 1,87%) |
785 ( 1,51%) |
(6) |
|||||
Lebrun: |
9 ( 0,37%) |
192 ( 0,37%) |
|
|||||
Delhoste: |
40 ( 5,81%) |
1369 ( 2,63%) |
(7) |
|||||
Sassoli: |
23 ( 0,96%) |
594 ( 1,14%) |
|
|||||
Granat: |
710 (29,49%) |
14416
(27,69%) |
(8) |
|||||
Bruneau: |
45 ( 1,87%) |
754 ( 1,15%) |
|
|||||
Pia: |
20 ( 0,83%) |
496 ( 0,95%) |
|
|||||
Fesenbeck: |
317 (13,16%) |
8483 (16,30%) |
(9) |
|||||
Marin: |
11 ( 0,46%) |
546 ( 1,05%) |
(10) |
|||||
Joubert: |
2 ( 0,08%) |
60 ( 0,12%) |
|
|||||
MŽtropole:
(1) PS: 25,28%; (2) Les Verts: 4,43%; (3) PCF: 4,70%; (4) P™le RŽpublicain:
1,22%; (5) L.O.: 1,18%; (6)
L.C.R.: 1,27%; (7) CPNT: 1,64%; (8) UMP: 34,23%; (9) FN: 11,11%; (10) MNR:
1,08%
Remarques:
Le nombre des inscrits ne s'est que
faiblement accru ˆ Banyuls par rapport aux lŽgislatives de 1997, contrairement
ˆ la circonscription, traduisant sans doute un apport externe non nŽgligeable.
Il est vrai que les possibilitŽs de constructions nouvelles dans la commune
sont limitŽes faute de terrains, du fait de leurs prix et de la viabilitŽ
(compte tenu du vignoble existant), et de l'absence de construction d'HLM qui
seraient nŽanmoins indispensables.
Par comparaison avec 1997, le nombre des
abstentions est plus ŽlevŽ ˆ Banyuls (+12,9%), comme pour la circonscription
(+3,16%) et le pays (+3,58%). L'absence, dans cette Žlection, de deux candidats
de Banyuls comme en 1997 (dont le maire P.Becque
et l'ancien maire J. Rde) peut
expliquer la moindre mobilisation des Žlecteurs. (5)
A l'exception du 1er tour des
lŽgislatives de 1962 (39,28%), les abstentions correspondent cette fois au
second plus fort taux (35,20%). Dans les deux cas, ces Žlections en suivaient
d'autres dans la mme annŽe. Il en Žtait de mme en 1988 (32,22%), lŽgislatives
suivantd'un mois les PrŽsidentielles. Tout semble indiquer que, pour de nombreux
Žlecteurs, les jeux sont alors dŽjˆ faits.
Lorsque le taux des abstentionnistes est
faible au 1er tour, le second montre peu de diffŽrence (22,3% puis 21,02% en
1997), au contraire s'il est fort au premier, il diminue fortement au second
(32,22% puis 25,50% en 1988). Dans un cas intermŽdiaire, il peut encore
s'accro”tre au second (25%, puis 34,06% en 1993).
Les votes blancs et nuls sont du mme
ordre qu'en 1997 et fonction du nombre des candidats (inversement
proportionnel).
H. Sicre
(PS) accro”t son score ˆ Banyuls par rapport ˆ ceux de 1993 et 1997 (+259 et
+194 voix), mais rŽgresse assez fortement par rapport ˆ sa premire Žlection en
1988 (-262 voix). Dans la circonscription, il dŽpasse de peu son score de 1997
(+467 voix). Il arrive en tte
avec ˆ peu prs le mme pourcentage ˆ Banyuls et la circonscription (±
30,71%), mieux que pour le PS sur le plan national (+ 5,43%).
N. Garcia
(PCF) perd des voix ˆ Banyuls par rapport ˆ 1997 (-66), plus encore dans la
circonscription (-1833, soit -28,66%), mais fait mieux que son parti sur le
plan national (+1,65%), qui ne se redresse pas rŽellement depuis les
prŽsidentielles prŽcŽdentes (+1,26%)
Les Verts accroissent leurs voix ˆ
Banyuls de + 28/ 97, mais font un
score moindre qu' au plan national (-1,61%). Dans la circonscription, ils sont
en progrs (+ 403 voix/ 97). Par
rapport ˆ la prŽsidentielle, ce Parti rŽgresse de - 0,88%. Situation assez
stable.
La candidate du P™le rŽpublicain obtient
un rŽsultat ˆ Banyuls trs infŽrieur ˆ celui de son leader aux prŽsidentielles
(- 99 voix), correspondant ˆ
l'Žchec global de Chevnement lors de ces lŽgislatives,
dont le mouvement semble entrer dans un dŽclin dŽfinitif.
Les candidats de la LCR et de L.O., non
reprŽsentŽs en 1997, obtiennent 74 voix ˆ Banyuls, et 1326 voix dans la
circonscription, ce qui ne traduit pas l'Žlan donnŽ par ces partis lors des
prŽsidentielles.
Le CPNT (non prŽsent en 1997) confirme
les voix obtenues lors des prŽsidentielles ˆ Banyuls, "anormalement"
plus nombreuses que pour la circonscription et sur le plan national.
Mme Granat,
la reprŽsentante de la majoritŽ prŽsidentielle (UMP), n'enregistre qu'un
rŽsultat trs faible ˆ Banyuls (-945 voix/ 97, en cumulant les voix de Becque+Rde), mais fait mieux dans la circonscription que ces deux
candidats en 97: +864 voix. Son score approche ˆ 1766 voix prs celui de son
concurrent pour le second tour.
Le
FN est en augmentation de +49 voix/ 97 ˆ Banyuls, mais en recul par rapport ˆ Le Pen lors des prŽsidentielles (-101
voix). Dans la circonscription, son rŽsultat Žquivalu ˆ celui de 1997.
Le MNR (dissidence du FN) ne
reprŽsente qu'un nombre de voix symbolique ˆ Banyuls, plus ŽlevŽ pour la
circonscription o il n'est plus nŽgligeable. Notons que son score ne
reprŽsente que 6,44% de celui de Le Pen.
(6)
Mme Pia,
dŽjˆ prŽsente en 1997, progresse de É 2 voix, et devra attendre plus de cent
ans pour tre Žlue !
Les "catalanistes" (dŽjˆ
prŽsents en 1997) sont encore trs minoritaires ˆ Banyuls, un peu mieux
reprŽsentŽs dans la circonscription avec un millier de voix.
En ce qui concerne C. Joubert, il y a au moins deux personnes
ˆ Banyuls pour avoir lu sa profession de foi (et possŽdŽ de bons yeux). S'ils
ont tout compris, ils sont ˆ fŽliciter.
La campagne pour le second tour n'est
gure plus passionnante que la premire, sinon un dŽbat d'excellente qualitŽ
entre L. Fabius (PS) et Douste-Blazy (UMP) (7).
L'Žlectorat semble avoir admis la
logique de la demande du PrŽsident afin d'obtenir une majoritŽ parlementaire
(ce qui a toujours ŽtŽ le cas par le passŽ), alors que la cohabitation n'est
pas une demande institutionnelle. Le rŽŽquilibrage des pouvoirs (argument du
PS) peut-il tre suffisant sans prŽsentation d'un programme de gouvernement, et
nŽgociŽ avec quelles forces politiques ? La cohŽrence est manifestement en
faveur de la droite. La question
est sans doute moins celle de la concentration des pouvoirs (critre
d'efficacitŽ) que celle des contr™les parlementaires. Mais l'Žlectorat est-il
informŽ du travail accompli par les commissions, leur composition? Il n'a la
connaissance que des grands dŽbats publics formels, alors que l'essentiel a ŽtŽ
rŽalisŽ avant, et le plus gŽnŽralement ailleurs que dans l'hŽmicycle (sauf
parfois les motions de censure).
Dans ces conditions la future majoritŽ
semble ne pas devoir Žchapper ˆ l'UMP, mme si les projections en siges
annoncŽes par la presse seront fortement ˆ revoir ˆ la baisse (8). Le second
tour voit gŽnŽralement une baisse significative des abstentions (5% au moins), et un report de 60% sur les
candidats de gauche.
Dans notre circonscription H. Sicre devrait aisŽment retrouver son
sige de dŽputŽ approchant ± 25 000, et Mme Granat
± 21 500 (sauf si toutes les voix du FN se reportaient en sa faveur, seul cas
o elle pourrait l'emporter) (9), ce qui n'est gure envisageable.
RŽsultats (2 me tour):
|
|
|
|
|
Banyuls |
Circonscription |
MŽtropole |
Inscrits: |
3832 |
80504 |
36.788.231 |
Abst.: |
1409 (36,77%) |
29085 (36,13%) |
39,71% |
Votants: |
2423 (63,23%) |
51419 (63,87%) |
60,29% |
Nuls: |
127 ( 5,24%) |
3106
( 6,04%) |
4,36% |
S. Expr.: |
2296 (59,92%) |
48313 (60,01%) |
|
|
|
|
|
Sicre: |
1132 (49,3%) |
24922 (51,58%) |
|
Granat |
1164 (50,7%) |
23391 (48,42%) |
|
MŽtropole: PS: 35,38 %; UMP: 48,88 %
H. Sicre
se trouve rŽŽlu pour la quatrime fois sans surprise.
Remarques:
Les abstentions, dŽjˆ trs ŽlevŽes lors
du 1er tour, sont en accroissement de +1,57%, mais seul un examen des cahiers
d'Žmargements pourra rendre compte des transferts d'Žlecteurs d'un tour sur
l'autre. Elles sont lŽgrement plus ŽlevŽes dans la circonscription (+ 2,57%)
et trs ŽlevŽes au plan national (+ 4,09%). Les consignes du FN ne sont pas
favorables ˆ un report de voix sur les candidats de l'UMP (sauf consignes
particulires dans certaines circonscriptions comme celle de R. Hue, PCF, ou M. Aubry, PS (alias "la dame des 35 heures"). il est
probable qu'une grande partie de cet Žlectorat s'est abstenue (on l'estime
nationalement ˆ ± 50%). Si jusqu'ˆ 14 heures le taux de votants est plus
soutenu qu'au 1er tour, il n'en est plus de mme au cours de l'aprs-midi (5).
Le
nombre des bulletins blancs et nuls s'est accru de + 52, avec un pourcentage
lŽgrement infŽrieur ˆ celui de la circonscription, mais plus ŽlevŽ que pour le
pays.
Ë Banyuls, H. Sicre gagne + 402 voix par rapport au 1er tour, soit si on
cumule les voix du PCF+Chevnement+Verts+
L.O+ LCR (356 voix), un gain de 46 voix provenant d'abstentionnistes du 1er
tour, ce qui est peu vraisemblable. Dans l'ensemble de la circonscription, son
gain est de +8740, soit aprs cumul (PCF+Chevnement+Verts
= 6635) un gain de 2105 voix d'abstentionnistes du 1er tour.
M. Granat
obtient ˆ Banyuls + 454 voix en plus, soit aprs cumul (MPF + Pia + Sassoli + MNR + FN = 393) un gain
de 355 voix. A celles-ci peut-on Žgalement ajouter une partie du CNPT (50%? =
80), soit 61 voix provenant des abstentionnistes du 1er tour (ce qui est
Žgalement peu probable compte tenu du total des nouveaux Žlecteurs: + 325).
L'examen des cahiers d'Žmargement donne:
1026 inscrits n'ont votŽ ˆ aucun des deux tours (26,77%), 2100 ont votŽ aux
deux tours (54,80%), 383 n'ont votŽ qu'au 1er tour (9,99%), 323 n'ont votŽ
qu'au second tour (8,43%). Notons qu'approximativement le chassŽ-croisŽ des
Žlecteurs d'un tour ˆ l'autre est du mme ordre. (10)
L'hypothse d'un report de voix par
proximitŽ politique doit tre rejetŽ. Sicre
ne bŽnŽficie pas du cumul supposŽ des 356 voix, comme Granat des 393 voix. Il est impossible d'estimer les
pertes des deux candidats ˆ gauche
et ˆ l'extrme gauche dans le cas de Sicre,
et de l'extrme droite pour Granat.
Ceci est confirmŽ par le nombre des Žlecteurs qui ne sont pas revenus au second
tour. Les Žlecteurs du second tour sont venus compenser les pertes prŽcŽdentes,
sans doute lŽgrement plus en faveur de Granat
que de Sicre, mais il est trs
difficile d'en calculer le pourcentage (environ 43-45% pour Sicre et 55-57% pour Granat), si l'on suppose une
rŽpartition Žgale des votes CPNT sur les deux candidats (ce que nous ne pouvons
pas confirmer). (11)
Dans le dŽpartement, les trois autres
circonscriptions voient les sortants 2 PS et 1 PCF ŽliminŽs (Christian Bourquin, prŽsident du Conseil gŽnŽral;
Jean Codogns; Jean Vila) au profit de 3 UMP (Arlette Franco (9), Franois Calvet et Daniel Mach) il est vrai avec des scores
serrŽs (respectivement 50,86%; 51,52% et 55,74%)
Au plan national, quelques vedettes de
la gauche sont battues: R. Hue
(PCF), M. Aubry (PS), M.-N. Lienemann (PS) (12), P. Moscovici (PS), F. Parly (PS), R. Forni (PS, prŽsident de l'AssemblŽe nationale), G. Fræche (PS), C. Trautmann (PS), C. Tasca
(PS), M. Vauzelle (PS), J.-P. Chevnement (P™le RŽpublicain), D. Voynet (Les Verts), G. Hascou‘t (Les Verts). Une hŽcatombe ˆ
mŽditer, et si possible ˆ corriger, lors des prochains Congrs du PS, du p™le
rŽpublicain et des Verts.
La nouvelle assemblŽe comprend: 21 PCF,
141 PS, 7 PRG, 3 Verts, 6 div. Gauche, 22 UDF (tendance Bayrou), 2 DL, 369 UMP,
2 RPF (tendance De Villiers), 1 MPF, 3 div. Droite. Au total la droite obtient
une confortable majoritŽ avec 399 siges contre 178 ˆ la gauche.
L'extrme gauche, comme le FN (J.-M. Le Pen, B. Gollnish) et le MNR (B. MŽgret) n'ont aucun Žlu.
Le Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin sera reconduit dans ses
fonctions et disposera d'une majoritŽ absolue (289 siges Žtaient nŽcessaires)
sans l'apport des "restes" de l'UDF maintenue. C'est la troisime
majoritŽ de droite la plus importante de la Ve RŽpublique aprs celles de 1968 et 1993. Elle dispose aussi de la
majoritŽ dans toutes les Institutions de la Ve RŽpublique.
Ironie de l'Histoire c'est un communiste
Georges Hage, doyen d'‰ge de
l'AssemblŽe, qui prŽsidera la premire sŽance avant que ne soit Žlu Jean-Louis DebrŽ (chiraqien bon teint)
Notes annexes:
(1) Olivier Schrameck:
Matignon Rive Gauche 1997-2001. Edit. Seuil (2002).
(2) Avec la revalorisation de leurs
honoraires portŽe ˆ 20 Û en cabinet et 30 Û ˆ domicile en Žchange de
prescription de mŽdicaments gŽnŽriques.
(3) Cf. G. FRæCHE (op. cit.)
(4) 1,66 Û par voix et par an pour
les formations prŽsentant au minimum 50 candidats. Cf. "Le Monde" du
7/8/2003 sur les financements des partis politiques. Une limite avait ŽtŽ fixŽe
par les dŽputŽs ˆ 5 % de voix obtenus, mais cette sage mesure a ŽtŽ annulŽe par
le Conseil constitutionnel sous prŽtexte que cela interdirait toute Žmergence
d'une jeune formation politique. Ë ce propos il suffit de lire l'article paru
dans "Le Monde", de Robert Badinter, pour saisir les limites du pouvoir des dŽputŽs en
matire d'Žlaboration des lois, susceptibles d'tre censurŽes par les textes
mis au point par ces "grands juristes" (Constitution, actes de la
CommunautŽ europŽenne, etc.)
(5) Nombre des votants en fonction de l'heure (1: 1er tour, 2: 2me tour):
heures |
1997 (1) |
1997 (2) |
2002 (1) |
2002 (2) |
9 |
9,29% |
9,45% |
6,16% |
7,57% |
10 |
20,98% |
21,06% |
13,52% |
16,41% |
11 |
31,14% |
33,91% |
23,04% |
26,96% |
12 |
42,75% |
45,26% |
32,67% |
35,78% |
13 |
49,59% |
52,30% |
39,12% |
42,38% |
14 |
53,74% |
56,29% |
43,47% |
45,62% |
15 |
57,08% |
61,20% |
47,26% |
47,89% |
16 |
62,15% |
67,19% |
53,21% |
51,83% |
17 |
68,77% |
72,76% |
58,74% |
57,91% |
18 |
77,70% |
77,30% |
64,80% |
63,23% |
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(6) Si les positions du FN pour le
second tour sont peu favorables, pouvant aller jusqu'au refus de choisir les
candidats des "partis traditionnels", sauf ˆ recommander de faire
battre certains candidats (publication de liste noir), il n'en est pas de mme
pour le MNR dont l'objectif est de faire battre les socialo-communistes.
(7) Lors de l'Žmission de tŽlŽvision
sur France 2, "Mots CroisŽs" dirigŽe (remarquablement comme toujours)
par Arlette Chabot ˆ 20 h 55.
Sans doute l'Žmission d'information politique la meilleure que l'on puisse
voir. A cette occasion, L. Fabius
appara”t comme un futur leader du PS, tandis que P. Douste-Blazy surprend, en bien, face ˆ l'ancien ministre des
Finances du gouvernement Jospin.
(8) Projections en siges selon la
SOFRES, IPSOS et CSA: Gauche: 132 ˆ 191; Droite: 380 ˆ 440; Extr. droite: 0 ˆ
2. (in "L'IndŽpendant" du
10/06/2002).
(9) J. Chirac rŽaffirme que tout candidat de l'UMP qui passerait
des accords avec le FN en serait exclu.
(10) Les diffŽrences obtenues pour
chacun des 3 bureaux de vote ne sont pas significativement diffŽrentes (avec un
lŽger Žcart pour le bureau 3)
(11) La dŽlŽguŽe dŽsignŽe par la
PrŽfecture ˆ commission Žlectorale de Canet, suite aux vŽrifications des listes
des inscrits, conteste la vŽracitŽ de celles-ci. Il appartiendra au Tribunal de
Grande Instance de Perpignan de vŽrifier le bien-fondŽ de sa plainte. La remise
en cause du nombre d'Žlecteurs inscrits pourrait aboutir ˆ l'annulation de
l'Žlection dans cette circonscription o seulement 910 voix sur 53042 suffrages
exprimŽs sŽparent les deux candidats (Cf. "La Semaine du Roussillon",
N¡353 du 23-29/01/2003). Il est ˆ noter que les dŽlais de recours sont de trois
ans. Aucune liste Žlectorale n'est fiable ˆ cent pour cent, tous les moyens
souhaitables n'Žtant pas ˆ la disposition des commissions Žlectorales. Les
"anomalies" qui peuvent exister sur les listes n'impliquent pas
obligatoirement l'existence de fraudes, mais le plus souvent d'une
mŽconnaissance des rgles de maintien d'inscription chez l'Žlecteur (N. de
l'a.).
(12) M.-N. Lienemann, ministre dans le gouvernement Jospin donne son interprŽtation sur la
dŽfaite de ce dernier lors des prŽsidentielles dans un ouvrage: Ma part
d'inventaire. Edit. Ramsay (2002).
Notes complŽmentaires :
MalgrŽ les pŽnalitŽs financires qui
frappent les partis qui ne respectent pas la loi sur la paritŽ, il n'y a que
12,3 % de femmes dŽputŽs alors que dans les pays scandinaves la proportion peut
dŽpasser 40 %. C'est naturellement mieux qu'en 1945 o le pourcentage ne fut
que de 5,75. Petit problme de calcul pour les Žcoliers: combien faudra-t-il
encore d'annŽes pour atteindre 40 % de femmes dŽputŽes? De mme les dŽputŽs qui
Žtaient ouvriers ou employŽs avant d'tre Žlus ne reprŽsentent que 3,5 %. Sur-reprŽsentation
des fonctionnaires et de
"militants" professionnels des partis qui ne reprŽsentent mme pas 2
% des Žlecteurs. Il n'est pas surprenant que la sociŽtŽ dite "civile"
soit plus conduite ˆ s'abstention, au vote protestataire ou au marketing
politique. Mais c'est sans doute l'impuissance ˆ "changer la vie"
devant un maquis de lois (qui ne font que le bonheur des avocats), compliquŽes
par celles issues de la Commission de Bruxelles qui dŽcouragent l'Žlecteur qui
n'a pour toute rŽfŽrence que les journaux tŽlŽvisŽs.
L'annŽe 2002, fertile en retournements
politiques (comme le laissait prŽvoir la numŽrologie) fait l'objet du Grand
Btisier in "Les dossiers du
Canard encha”nŽ" (M02149, dŽcembre 2002).
L'extrme droite, contrairement ˆ ce que
l'on aurait pu penser aprs la dissidence de B. Mƒgret, reste fermement sous la direction de Le Pen. Mais ses arguments politiques,
mal adaptŽs eu Žgard ˆ la construction europŽenne et ˆ l'importance d'une
immigration dŽjˆ bien implantŽe (plus du sixime de la population franaise
depuis la fin de la seconde guerre), ne progresse pas et ne joue qu'un r™le de
nuisance Žlectorale vis-ˆ-vis des partis de droite, voire de refuge
contestataire pour certains Žlecteurs de gauche.
La
droite sous la houlette d'Alain JuppŽ rŽussit partiellement
l'unification des partis de la droite traditionnelle. Le RPR (fondŽ par J. Chirac) dispara”t en fusionnant avec
DŽmocratie LibŽrale (d'Alain Madelin)
et d'une grande partie de l'UDF (dont Philippe Douste-Blazy), ˆ l'exception de F. Bayrou qui tente de maintenir l'autonomie d'une petite
fraction de l'UDF qui maintient tout juste un groupe parlementaire. Ainsi
l'union pour la majoritŽ prŽsidentielle devient Union du Mouvement Populaire.
Le
Parti Socialiste qui a perdu son leader naturel (L. Jospin), avec des tendances diverses mal contr™lŽes par son
secrŽtaire gŽnŽral F. Hollande,
attend son futur congrs afin de dŽgager une majoritŽ interne, donc une
orientation politique plus claire [si c'est encore possible. N. de l'a.]
Le Parti communiste franais perd son
prŽsident (R. Hue) qui a
dŽmissionnŽ, et de plus a perdu son mandat de dŽputŽ ˆ 244 voix prs
(l'Žlection de son concurrent sera invalidŽe, mais une nouvelle Žlection le
2/2/2003 confirmera le rŽsultat de la prŽcŽdente o l'Žcart sera de 969 voix).
Il est ˆ noter que les abstentions se sont accrues entre les seconds tours des
deux Žlections (40,88% en juin 2002 et 50,38% en fŽvrier 2003). Cette situation
ne sera pas sans consŽquence sur les principes et la pratique qui ont prŽvalu
pour la gauche plurielle dont R. Hue
aura ŽtŽ l'un des dŽfenseurs au sein de son parti.
Quant aux Žcologistes (Les Verts), si
une majoritŽ s'est dŽgagŽe (faiblement), leurs statuts ne leur ont pas permis
de dŽfinir un nouveau secrŽtariat national, D. Voynet continuant ˆ assumer l'intŽrim.
L'entrŽe des pays d'Europe centrale dans
l'Union europŽenne (sommet de Copenhague le 13 dŽcembre 2002), sous rŽserve de
rŽfŽrendums prŽvus en 2003 pour les nouveaux (10 Žtats: Pologne, Hongrie,
RŽpublique Tchque, Slovaquie, SlovŽnie, Lettonie, Lituanie, Estonie, Chypre et
Malte) et aprs d'‰pres discussions financires, dŽboucherait ˆ 25. Demeurent
"en dehors" la Suisse et la Norvge. (Voir "Le Monde",
Dossiers et Documents, N¡ 316, janvier 2003).
Provisoirement les cas de la Bulgarie et
de la Roumanie devraient tre traitŽs ultŽrieurement, puis ceux des pays de
l'ex-Yougoslavie. Reste le cas de la Turquie qui pose problme (gŽographique,
bien qu'une partie se situe sur le continent europŽen, et Éhistorique).
FŽlicitons la Pologne pour l'obtention
des avantages financiers qu'elle a su tirer de la part des europŽens, aprs
s'tre empressŽe d'acheter des avions de combat aux É. USA ! (et qui en seront
remerciŽs par ceux-ci). L'OTAN, "cheval de Troie" des ƒtats-Unis au
sein du futur Žlargissement de la construction europŽenne! (et dire que
d'aucuns ˆ une certaine Žpoque ne cessaient de critiquer de Gaulle et ses "visions".
"Errare humanum est")
Le gouvernement Raffarin dŽcide, unilatŽralement, une modification du mode de scrutin en 2004 pour les deux Žlections qui doivent avoir lieu: les RŽgionales et les EuropŽennes. Ce qui pose problme est moins le mode de reprŽsentation des dŽpartements au sein de la rŽgion (avec quotas de candidats dŽpartementaux proportionnels ˆ l'importance de la population, et dŽcoupage de 8 grandes rŽgions pour les europŽennes; les deux Žlections au scrutin de liste politique, la liste arrivŽe en tte obtenant ipso facto 25% des siges, le reste Žtant rŽparti ˆ la proportionnelle entre toutes les listes), que le seuil fixŽ ˆ 10% des inscrits et non plus des suffrages exprimŽs. Ceci renforce le fait majoritaire au dŽtriment des formations politiques plus faibles comme l'UDF par exemple. (Cf. "L'IndŽpendant" du 29/1/2003 et "Le Monde" du 1/2/2003. On ignore encore ce que pourra tre la rŽaction au sein de l'AssemblŽe nationale. Le risque est d'accro”tre encore le taux des abstentionnistes et des votes blancs et nuls lors des futures Žlections s'ils ne sont pas pris en compte comme suffrages exprimŽs. Devant le "tollŽ" des partis autres que l'UMP, on reviendra sur le seuil envisagŽ. Qu'en sera-t-il des baisses d'imp™ts promis (naturellement sans augmentation de taxes par ailleurs!) comme de la rŽduction de la TVA dans la restauration? Mais ce sont surtout les effets d'une dŽsindustrialisation et les consŽquences sur les emplois qui sont prŽoccupants (taux de ch™mage de 13,7 % en Languedoc-Roussillon in "Le Monde" du 12/9/2003.